Découvrant ce film quelques semaines après sa sortie et quelques jours après le décès de son metteur en scène, on sait qu’il marque donc la fin de la carrière d’Alain Corneau, un cinéaste dont on a aimé et même adoré certains films ( Série Noire , Police Python 357 ) qui laisse derrière lui une filmographie imposante mais inégale, et à mon sens termine sur une note positive avec ce film qui est à mes yeux une œuvre intéressante.
Corneau a eu à la base deux idées intéressantes à l’écriture qui confèrent au film une partie de son charme et originalité , d’abord il ancre une intrigue de thriller dans un cadre peu utilisé au cinéma : l’entreprise, et propose un affrontement davantage psychologique que physique ou les coups qui font mal passent par les mots, ensuite l’affrontement se fait entre deux personnages féminins.
Il est ici question d’harcèlement moral, du moins pendant la première heure ( la meilleure partie du film ), et entre une écriture assez rigoureuse, une mise en scène glacée et précise, un duo d’actrices qui fonctionne très bien ( le face-à-face inédit Ludivine Sagnier-Kristin Scott-Thomas porte ses fruits : la rigueur et la sobriété qui caractérisent le jeu des comédiennes fait mouche)…
On est dans un premier temps face à une œuvre très tendue et oppressante, Corneau sait nous captiver lentement mais surement pour son récit.
La deuxième partie du film est plus conventionnelle et de ce fait un peu moins intéressante ( en gros quand on a quitté l’entreprise comme décor principal ), pour autant l’intérêt général du film n’est pas écorché.
Dans cette deuxième partie on note quelques facilités formelles ou d’écriture, mais en même temps on reste intéressé jusqu’au bout par ce film qui se termine sur une pirouette somme toute assez habile.
Ce que réussit pas mal Corneau, ce sont les 4 personnages principaux tous ambigus et aucun véritablement propre sur lui, si bien qu’on ne sait jamais ou l’on doit se placer en tant que spectateur, sans pour autant se sentir extérieur au film.
Crime d’Amour n’est pas une réussite majeure mais un exercice de style tout à fait recommandable et qui sort un peu des sentiers battus.