Réinterpréter la légende de Peter Pan n’est pas la chose la plus facile du cinéma. Si l’ombre du chef-d’œuvre de Disney (1953) rôde toujours quelque part, on ne peut s’empêcher non plus de penser au grandiose Hook de Steven Spielberg quant il s’agit de voir le conte d’un œil nouveau. Avec ce Pan de Joe Wright, nous envolons-nous vers le Pays Imaginaire ?
Synopsis
Proposant un nouveau regard sur l’origine des personnages légendaires créés par J.M. Barrie, le film s’attache à l’histoire d’un orphelin enlevé au Pays Imaginaire. Là-bas, il vivra une aventure palpitante et bravera maints dangers, tout en découvrant son destin : devenir le héros connu dans le monde entier sous le nom de Peter Pan.
Critique
La première question que l’on se pose en sortant de ce Pan est pourquoi ? Pourquoi penser désormais tous les films comme une trilogie ? Pourquoi écrire quelque chose laissant en plan le spectateur ? Car oui, ce Pan est construit non pas comme un film, mais comme une saga (une trilogie ?). Et donc, toutes ses potentielles bonnes idées viennent se ramasser lamentablement devant une intrigue banale.
Des acteurs qui souffrent
L’intrigue ? Pour faire simple, c’est Hook avec un Peter Pan enfant. Peter doit sauver le Pays Imaginaire, ne sait pas (encore) voler, et cherche à fuir un dangereux pirate. Ah si, une différence, le pirate est Barbe Noire, incarné par un Hugh Jackman qui tente de sauver les meubles sans grande réussite. Rooney Mara est toujours aussi mignonne mais transparente, et notre petit Pan (Levi Miller) s’en sort comme il peut, rappelant un peu le Asa Butterfield de la stratégie Ender. Quant au compagnon désigné de Peter Pan, il n’est autre qu’un certain James Crochet…qui possède ses deux mains !
Une bonne idée de départ sous-exploitée
Le personnage de James Crochet est le symbole même de l’erreur du film de vouloir se transformer en saga. Déjà, le choix de Garrett Hedlund semble avoir été fait car Chris Pratt n’était pas disponible. Le personnage cabotine dans un style roublard pseudo Indiana Jones que seul Chris Pratt aujourd’hui est capable de rendre brillamment à l’écran. Un James Crochet qui cabotine, c’est tout à fait logique (souvenez-vous du grand Dustin Hoffman). Sauf que là, c’est un Indiana Jones raté. L’idée de voir sa jeunesse, et d’en faire un ami de Peter est-elle assez ambitieuse et aurait pu déboucher sur quelque chose de sympathique.
A trop regarder devant…
Peter et Crochet, d’abord amis, devenant ensuite chacun la Némésis de l’autre…c’est la base d’un certain nombre de couples d’ennemis réussis. Sauf qu’ici, ils restent bons amis (le clash était prévu pour un autre film), et les raisons de leur future discorde est cousue de fil blanc…pour ne pas dire d’épais cordages ! Crochet répète environ 12 fois qu’il ment, et que c’est ce que les adultes font…bref, le scénariste a pensé que Crochet dans Pan 2 ou 3 allait mentir à Peter, qu’ils allaient devenir ennemis, et que donc Peter allait refuser de vieillir. Trilogie pliée, merci d’être venu.
Et ce problème est récurrent dans le film : Apparition des sirènes, des indiens, de Clochette, du crocodile…tout cela est distillé sans aucune finesse afin de préparer une suite. Sauf que pour avoir suite, il faut réussir le 1er. Or, à trop se projeter dans le futur, on en oublie le présent, rendant un film plat, avec un méchant sans substance et un scénario qui arrive à être trop creux sur une durée trop longue (car oui, le film a ses longueurs).
Une réalisation pourtant honnête
Dommage donc , surtout que la réalisation se tient, et les scène d’actions sont réussies, notamment grâce à des effets spéciaux réussis et une 3D (post-produire) intelligente. On vous épargnera les reprises des tubes pop (dont Smells Like Teen Spirit de Nirvana qui n’avait pas été autant chahuté depuis…Moulin Rouge) pas toujours fameux… et un thème qui se grave bien dans votre tête.
En conclusion, ce Pan est dispensable, et symptomatique d’Hollywood d’aujourd’hui, qui cherche à produire des suites à foison, et en oublie de réussir l’écriture des films sensés lancer ladite saga. Bon, sur ce, je m’en vais revoir Hook…