Synopsis
L’itinéraire de Linda Lovelace, devenue une star mondiale du cinéma X dans les années 1970, grâce au succès de “Gorge Profonde”, et qui s’est ensuite muée en une militante farouchement opposée à l’industrie du porno.
Critique
Difficile de réaliser un film sur la vie de Linda Lovelace sans tomber dans les multiples pièges que cette dernière nous tend. Présentée par beaucoup comme la reine du porno chic naissant avec son film Deep Throat, elle est aussi devenue un symbole de la lutte anti-pornographie par la suite, avant de finir dans l’anonymat le plus total. Les controverses sont multiples sur le tournage de Deep Throat : certains disent que Linda Lovelace était ravie de tourner le film, y voyant le début de la gloire, d’autres citent son livre écrit après coup où elle raconte que “chaque personne voyant le film la voit se faire violer devant la caméra”. Bref, sujet casse-gueule en perspective.
Afin de s’assurer déjà au niveau des acteurs, Rob Epstein et Jeffrey Friedman ont constitué un casting de luxe : Amanda Seyfried (Time Out, Mamma Mia, Jennyfer’s Body…) dans le rôle titre, Peter Sarsgaard (Garden State, Night Moves…) dans celui de Chuck Traynor, le mari tyrannique de Linda Lovelace, une Sharon Stone méconnaissable dans le rôle de la mère de Lovelace… Bref, de très bons choix, chaque personnage jouant très justement (mention spéciale à Peter Sarsgaard, toujours irréprochable dans ses rôles).
Une fois les acteurs sélectionnés, restait la question du scénario… sous quel angle attaquer la vie de Linda Lovelace ? Le choix a été fait d’aborder le tournage – et le succès – de Deep Throat des deux points de vue : celui où Linda s’éclate et celui où elle se fait exploiter. Pas de parti pris ici, les réalisateurs nous font comprendre que tout n’est pas tout blanc ni tout noir, à nous de voir où est le juste milieu.
Seul point noir du film, ces deux séquences sont séparées par une sorte de “flash forward” quand Lovelace a rédigé son livre contre l’industrie du porno. Le flash, relativement mal maîtrisé, peut perdre le spectateur, là où un Social Network a su jouer brillamment de ces différents flashs pour enrichir son histoire et nous raconter la vie de Mark Zuckerberg.
Vraie bonne surprise donc que ce Lovelace, qui cherche à nous montrer du point de vue le plus objectif, finalement presque documentaire (spécialité des deux réalisateurs), cette partie de la vie de Linda Lovelace, son ascension plus que sa chute, inéluctable pendant tout le film. A classer dans les meilleurs biopics, sans aucun doute !