Evolution est un film difficile à « catégoriser ». L’inconvénient de ce genre de film est sa classification, mais c’est aussi à son avantage car montre la capacité à produire des films multi-genres ! Lucile Hadzihalilovic nous entraîne entre fantastique, horreur et science-fonction.
Synopsis
Nicolas, onze ans, vit avec sa mère dans un village isolé au bord de l’océan, peuplé uniquement de femmes et de garçons de son âge. Dans un hôpital qui surplombe la mer, tous les enfants reçoivent un mystérieux traitement. Nicolas est le seul à se questionner. Il a l’impression que sa mère lui ment et il voudrait savoir ce que les femmes font la nuit sur la plage…
Plongée dans un univers dérangeant
Perturbé est le mot-clé de la sortie de la séance de cinéma. Evolution de Lucile Hadzihalilovic est très loin d’être grand public et exceptionnel mais laisse une trace indéniable en mémoire. Les thématiques abordées sont tour à tour dérangeantes, universelles, angoissantes, intrigantes… Nous restons perturbés car très partagés sur la note à donner à ce genre de film : malgré un certain ennui occasionné par la lenteur dans le déroulement du scénario, nombreuses sont les images qui restent gravées dans la rétine.
C’est en partie grâce au superbe travail des images et des couleurs qui permettent une entrée rapide dans un univers étrange et qui semble irréel. Sommes-nous revenus dans un passé proche ? Est-ce tout simplement un village isolé ? Est-ce un parti pris de création d’un univers à part ? Vous découvrirez des éléments de réponse en regardant le film. Tout ce que l’on peut dire c’est que l’ambiance du film est pensante, angoissante et que tout fonctionne merveilleusement bien. La présence de la mer est particulièrement anxiogène et offre de superbes plans sous-marins.
Science Fiction / Fantastique / Horreur ?
Sans vouloir étiqueter le film, Lucile Hadzihalilovic parvient à jouer sur un grand nombre de peurs universelles qu’elle développe au travers des yeux d’un enfant. Malgré de nombreuses longueurs, le scénario joue la carte de la cohérence et nous entraîne de la liberté d’un enfant sur une plage jusqu’au huit-clos clinique. C’est aussi en cela que le film est une réussite : on suit l’évolution des personnages avec intérêt en se demandant si le contexte va virer à l’horreur ou rester dans le fantastique.
Pour accentuer l’intemporalité du récit, la mise en scène est minimaliste ce qui force le spectateur à se focaliser sur les détails. Autrement plus dérangeant que l’univers lui-même, c’est le silence des enfants qui est le plus perturbant. Il y a très peu de dialogues entre les adultes et entre les enfants. L’environnement direct (la mer, le sable, le vent) est mis en valeur par une omniprésence de sons en tout genres, dominé par l’eau (la mer, les gouttes d’eau…).
Dire que l’on a adoré Evolution serait un mensonge. Dire que c’est mauvais, un plus gros encore ! C’est clairement un étrange film que délivre Lucile Hadzihalilovic, dont nous devons saluer en particulier le travail esthétique et ce maintien dans le « bizarre » jusqu’à la fin…
La réalisatrice, qui a aussi imaginé l’histoire et devient en cela scénariste, dit avoir du couper un tiers du scénario d’origine. A la vue de la longueur de certaines séquences qui sont à la limite de l’ennui profond, on se dit que c’était peut-être une bonne chose que de rester sur le format présenté.