Avec Happy End, Michael Haneke avait le défi de sa troisième palme consécutive.
Au final, sa sélection en compétition officielle ressemble plus à un passage obligé sur le listing pour fêter le 70ème année du Festival de Cannes.
Notre avis.
Synopsis
“Tout autour le Monde et nous au milieu, aveugles.” Instantané d’une famille bourgeoise européenne.
Un cure de jouvence pour Haneke ?
Le réalisateur fait une cure de jeunesse usant des réseaux sociaux, facebook, snapchat et autres, pour raconter son histoire. La scène de pré-ouverture, caractéristique du cinéaste, est issue du portable de sa jeune protagoniste. On sent tout de suite le sadisme de celle-ci qui n’hésite pas à insulter sa famille et à droguer son gentil hamster avec du Lexomil. On retrouve également au cours de Happy End une scène de karaoké sur le titre phare “Chandelier” de la chanteuse Sia ou encore un fond sonore tiré du groupe Les Frérots de la Véga. A 75 ans, Michael Haneke souhaite montrer qu’il reste in, après avoir traité de la vieillesse dans Amour.
Malheureusement, cette cure de jouvence est au détriment du talent d’écriture. Le réalisateur déclarait en effet au quotidien 20 minutes qu’il avait peur “que le public ne trouve pas “Happy End” assez choquant”. C’est le moins qu’on l’on puisse dire. On se demande où est passé l’impertinence de l’autrichien à qui l’on doit notamment le sordide Funny Game. Rien de percutant dans ce Happy End qui se perd dans une pluralité de sujets, caricatures de son cinéma.
“pluralité de sujets, caricatures de lui-même”
La fin de vie de grand-père campée par Jean-Louis Trintignant se mélange avec la problématique des migrants, dont l’un est retrouvé mort dans un éboulement de chantier. Le rôle d’Isabelle Huppert est encastré dans une bourgeoise aux attaches familiales compliquées, accompagnée de son frère, joué par Mathieu Kassovitz. Le buzz cannois de l’année passée autour de son interprétation dans Elle de Paul Verhoeven ne sera pas réitéré. Enfin, on retrouvera également une part d’enfance sadique, déjà évoquée dans le film Le Ruban Blanc. Ce melting pot thématique ne fonctionne pas. Il y a au final trop du cinéma d’Haneke dans ce Happy End.
Les mouvements de caméra empruntent des techniques trop vues chez le cinéaste. Le long plan fixe de chantier fait qu’on ne voit finalement pas l’effondrement de terrain qui lance l’histoire. Les ellipses temporelles sont trop nombreuses, évinçant certains pans de vie des personnages qu’on aurait bien aimés connaitre.
Il manque donc du corrosif à ce Happy End qui restera un film mineur de la filmographie du réalisateur.