Le réalisateur canadien de Crazy et de Victoria : les jeunes années d’une reine a été choisi pour porter à l’écran l’histoire vraie de Ron Woodroof. Dallas Buyers Club est l’un des favoris des Oscars avec 12 Years a Slave et American Bluff. Nominé 6 fois et déjà victorieux de 2 Golden Globes, quel est le verdict?
Synopsis
1985, Dallas, Texas, une histoire vraie. Ron Woodroof a 35 ans, des bottes, un Stetson, c’est un cow-boy, un vrai. Sa vie : sexe, drogue et rodéo. Tout bascule quand, diagnostiqué séropositif, il lui reste 30 jours à vivre. Révolté par l’impuissance du corps médical, il recourt à des traitements alternatifs non officiels. Au fil du temps, il rassemble d’autres malades en quête de guérison : le Dallas Buyers Club est né. Mais son succès gêne, Ron doit s’engager dans une bataille contre les laboratoires et les autorités fédérales. C’est son combat pour une nouvelle cause… et pour sa propre vie.
Critique
Oui ! Dallas Buyers Club mérite assurément tous les Oscars qu’on lui promet ! Évidemment on ne peut pas parler du film sans parler des performances épatantes des deux acteurs principaux, Matthew McConaughey et Jared Leto. Chacun a perdu entre 20 et 25 kg. Alors bien sûr, les Oscars sont souvent dues à une transformation physique plus ou moins radicale (ou pas, les plus mesquins diront que Nicole Kidman a eu l’oscar pour The Hours seulement avec un faux nez…). Mais ici, les acteurs sont métamorphosés. Matthew McConaughey fait peur à voir, tant il est cadavérique. La métamorphose de Jared Leto en transexuel est très réaliste, à en devenir littéralement méconnaissable.
Mais la transformation physique n’est pas tout. Leur jeu est juste, juste ce qu’il faut d’émotion pour ne pas tomber dans le pathos et le larmoyant. McConaughey incarne parfaitement le redneck qui se découvre un cœur, et une volonté de survie à toute épreuve. On s’attache à son personnage autant qu’on le déteste au début du film. Son évolution est palpable, et notre émotion à le suivre, s’ouvrir aux autres aussi.
L’histoire est évidemment bouleversante, traitant de la violence de la découverte du SIDA et de l’impact qu’il a pu avoir sur une large frange de la population… Sans compter les batailles sans fin avec la FDA quant à l’autorisation ou non de certains médicaments. Et malgré le sujet, le film arrive à ne pas tomber dans le lourd ou lacrymal. Quelques touches d’humour apportent même un peu de légèreté et nous font sourire pour relâcher la pression.
L’évolution du personnage est extrêmement bien traitée. Ron Woodroof est au départ un bouseux, raciste, homophobe et misogyne. Tout pour qu’on le déteste ! On lui annonce sa maladie et se découvre finalement un instinct de survie qui l’amènera à rencontrer de nouvelles personnes et à voyager. Finalement, on finit par l’apprécier et à croire en son combat contre les laboratoires pharmaceutiques. Cette évolution du personnage face à l’adversité est en plus totalement parfaitement incarnée par Matthew McConaughey, ce qui ne gâche rien mais bien loin de son image de jeune premier des comédies romantiques.
Et s’il fallait encore des raisons pour vous convaincre de voir ce film, en voici une, et pas des moindre : les fans de Breaking Bad retrouveront en Ron Woodroof un petit côté Walter White. Tout comme Walter, l’homme de tous les jours, devient le génie du mal Heisenberg, Ron du redneck sans culture ni finesse devient à sa manière un dealer plutôt bien organisé, avec son avocat, son système « légal » de vente de médoc, le tout doté d’un acolyte tout à fait improbable, qu’il n’aurait jamais pu supporter au début du film… Saupoudrez d’une part de « Attrape moi si tu peux » où Ron se déguise en prêtre, pilote ou businessman, et vous comprendrez pourquoi le Dallas Buyers Club sait vous accrocher avec tant d’énergie.
Alors, pour les Oscars, ça sera donc American Bluff, 12 Years a Slave, mais aussi Dallas Buyers Club, tout comme Matthew McConaughey vient tacler le Leonardo diCaprio du Loup de Wall Street et Chiwetel Ejiofor de 12 Years a Slave, ainsi que la confrontation Jared Leto contre Michael Fassbender. Le combat sera rude, mais vraiment beau.