Critique de l’épisode final de Breaking Bad – Saison 5 Episode 16

Série Breaking Bad

SPOILERS à venir

Ca y est. Breaking Bad c’est terminé. Pour ceux qui ne regardent pas la série et n’ont pas l’intention de corriger cette erreur, cela signifie que dans quelques jours, on devrait enfin vous foutre la paix et arrêter avec nos “C’est une tuerie, tu dois absolument regarder” assez répétitifs à la longue. 🙂

Pour les autres, c’est la conclusion d’une série quasi-parfaite, l’une des meilleures de tous les temps. Mais pourquoi au juste ? Pas pour les intrigues à mon avis. Si le pitch de départ est assez intéressant, le déroulement des évènements est on ne peut plus classique. Un homme pavé de bonnes intentions qui va progressivement gagner en noirceur et détruire tout ce qu’il a jamais eu ainsi que la vie de beaucoup de ses proches. C’est vu et revu. Certaines situations semblent même un peu trop faciles voir grotesques : On peut penser à la mort de Gus, à la chance incroyable de Walter ou encore aux révélations d’Hank (dans les toilettes) et Jesse (à-propos de la ricine) dans la saison 5. Autant de situations assez banales. Et pourtant, à chaque fois, on se dit “Whaaaaatttt !!!!!”.

Ou donc est la force de cette série, ce qui la rend si différente ? Il y a la qualité de l’interprétation bien sur. Bryan Cranston m’a fait rire pendant des années dans Malcolm. Mais jamais je ne l’aurais pensé capable de ce genre de performances. Le reste du Cast est génial aussi. Aaron Paul (Jesse) est la révélation de la série et on espère tous le voir confirmer. Bob Odenkirk est à mourir de rire dans son personnage culte de Saul. Dean Norris est génial avec son Hank, sorte de parodie de Vic McKay… Mais non, ce n’est pas ça qui fait la force de cette série.

Est-ce son rendu visuel ? C’est ce que j’ai pensé depuis des années. Breaking Bad est une véritable œuvre d’art. Les différents réalisateurs de la série nous ont offert des images incroyables, parfois uniquement pour nous en mettre plein la vue. Parfois pour accompagner magistralement une séquence essentielle… ou pas ! Si une série comme Games Of Thrones a des budgets dignes du cinéma, elle n’en a jamais la mise en scène. En revanche, Breaking Bad, avec des budget relativement faibles, est, de loin, la série la plus ambitieuse formellement. Elle est d’ailleurs bien supérieure à bon nombres de films.

Mais en fait, ce n’est même pas ce travail visuel qui fait de Breaking Bad une grande série, si ce n’est la meilleure. En tout cas ce n’en est pas la principale raison. Son point fort, c’est la narration. Vince Gilligan a fait ses gammes chez Chris Carter, plus précisément sur la série culte X-files. Il y a pire pour apprendre. Mais l’élève a bien surclassé le maître ! Et ses scénaristes doivent être bourrés de talent. Si Breaking Bad nous captive tant, c’est pour son ambiance, pour son rythme et pour sa narration alambiquée. Dès l’introduction du premier épisode, on se demande si les scénariste ne nous présentent pas la fin de la série… alors qu’il s’agit simplement de la fin de l’épisode. Les flash-forward seront nombreux et intrigueront constamment les spectateurs. Quand-ils ne révèlent pas des choses importantes en avance, les scénariste s’amusent à nous balancer quelques surprises complètement “inutiles” et indispensables, comme la karaoké de Gale Boetticher durant la saison 4. Le reste du temps, ce sont des longs moments de silence puis des dialogues, souvent conflictuels, parfaitement maitrisés.

Ce sont donc cette narration extrêmement ambitieuse et, à un degré moindre, la virtuosité de la mise en scène qui font de Breaking Bad une série unique, un OVNI. Espérons que cela ne le reste pas longtemps et que d’autres producteurs et diffuseurs en fassent de même. De plus en plus de cinéastes se tournent vers la télévision pour pouvoir continuer à raconter des histoires. S’ils pouvaient tous le faire avec autant de talent !

Et la fin dans tout ça ?

“I did it for me. I liked it. I was good at it. And… I was… really… I was alive.”

C’est bien beau de parler de la série, mais le final, dans tout ça, qu’est ce qu’il vaut ? Quand on regarde les critiques sur le Web, on retrouve 99% de personnes extrêmement satisfaites. Un tel engouement est plutôt rare pour un épisode final, il n’y qu’a voir les critiques qui ont fusé pour les fins de Lost et Les soprano, ou plus récemment pour le dernier épisode de Dexter. Et les rares mécontents reprochent une intrigue et un dénouement trop convenus… Mais comme évoqué plus haut, cela n’est pas surprenant et inhabituel de la part de Breaking Bad. Il n’empêche qu’il est impossible de décrocher ne serait-ce que 30 secondes pour aller aux toilettes. Une fois que l’épisode est lancé, c’est parti pour 55 minutes scotchés sur son siège.

Si l’introduction n’est pas la plus mémorable de la série, malgré un plan d’ouverture très sympa, la séquence chez les Schwartz est absolument géniale. Alors qu’il reste plein de choses à boucler, les scénaristes prennent le temps de donner une fin à ces personnages présentés en début de série et “oubliés” depuis. Et ils le font très lentement. Mais on ne s’ennuie pas. on est captivés par le moindre geste et le moindre mot que Walter White / Heisenberg peut faire.

C’est globalement le cas à chaque séquence, et notamment lors des dernières confrontations entre Walter et Skyler puis Walter et Jesse. Car Todd et l’oncle Jack, ils sont avant tout la pour jouer à Scarface une dernière fois, mais ce n’est pas ce qui nous intéresse réellement. En revanche, les deux face à face tant attendus sont magnifiques. Lents, pas forcément si bavards que ça, mais terriblement prenants.

Enfin, la séquence finale nous conduit lentement et surement vers ce que beaucoup attendaient, la mort de Walter, une dernière dans un labo de fabrication de Meth. Comme l’ont dit les teasers de ce dernier épisode “All bad things comme to an end”. Les bonnes choses aussi hélas…

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1 commentaire
  1. Je vois pas la ressemblance (à part physique) entre Hank Schrader et Vic McKay. C’est même plutôt deux opposés, Hank ne prend jamais de raccourcis alors que Vic est un ripou qui ne se privera d’aucun moyen pour arriver à ses fins.

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