Critique de 12 Years a Slave de Steve McQueen

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3 ans après un Shame très réussi, McQueen revient avec un film dopé aux hormones, une bête à Oscars qui semble être sur la bonne voie pour en rafler une certaine quantité. Alors, 12 Years a Slave est-il la réussite annoncé ?

Synopsis

Les États-Unis, quelques années avant la guerre de Sécession.  Solomon Northup, jeune homme noir originaire de l’État de New York, est enlevé et vendu comme esclave. Face à la cruauté d’un propriétaire de plantation de coton, Solomon se bat pour rester en vie et garder sa dignité. Douze ans plus tard, il va croiser un abolitionniste canadien et cette rencontre va changer sa vie…

Critique

Poignant, violent, dur. Ce sont peut-être les premiers mots qui nous viennent en sortant de la projection de 12 Years a Slave. Adaptation du livre du même nom et donc autobiographie de Solomon Northup, le film nous présente certainement une des plus grande injustice humaine, construite autour de l’esclavage. L’esclavage, la ségrégation est un peu le thème à la mode du moment, de Lincoln au Majordome en passant par le décalé Django Unchained, on la retrouve un peu partout à Hollywood. Et sur ce point, on peut clairement mettre 12 Years a Slave en avant pour le choc émotionnel et le côté « documentaire » du film. Pas de folie scénaristique donc, mais un côté assez implacable, qui évite de tomber dans un pathos gras et dégoulinant, évitant les pièges.

12-years-a-slave_1Eviter les pièges, c’est d’ailleurs un assez bon résumé de 12 Years a Slave. Très académique sans tomber dans la leçon de cinéma qu’était Lincoln, il s’offre aussi des passages contemplatifs réussis sans chuter dans le Malik. L’histoire est poignante, quelques scènes sont cruelles et semblent durer des heures. Mais elles ont toujours un but, celui de nous montrer la vérité de l’histoire, histoire qui a été endurée par des milliers d’esclaves durant cette période noire des Etats-Unis.

Les acteurs offrent quasiment tous une prestation réussie, avec une vraie mention spéciale pour Michael Fassbender. Très juste dans son rôle d’esclavagiste convaincu, il est à la fois cruel, implacable, et totalement soumis au désidérata de sa femme. D’une puissance colérique qui semble ne jamais faiblir, il a aussi ses propres faiblesses, ses failles, qui font qu’on ne peux pas totalement le haïr. Lui faisant face, Chiwetel Ejiofor réalise une excellente prestation, pas forcément oscarisable car malheureusement, Matthew McConaughey est là dans Dallas Buyers Club (quoique, seul le jury aux statuettes nous le dira). En tout cas, à défaut d’être étincellant, Chiwetel est juste, offrant de la puissance au rôle de Solomon Norththup.

Si l’on devait reconnaitre un défaut au film, il s’agirait de sa musique. Composée par le célèbre, mais inquiétant depuis quelques années, Hans Zimmer. Le thème de 12 Years a Slave est dans la juste lignée des derniers Inception ou Batman, lourde, pesante, gavée de violons sans fin. Et le vrai soucis de cette musique est qu’elle semble ne pas savoir quand se taire, apparaissant de manière récurrente pendant tout le film, annonçant presque toujours à l’avance l’arrivée d’une scène marquante. Un peu comme si Steve McQueen avait peur que l’on rate quelque chose, donc nous envoi un grand coup de Hans dans les oreilles à chaque fois.

12-years-a-slave-2C’est vraiment dommage, car bien dosée, la musique peut justement faire la différence. A ce titre, La Liste de Schindler est une réussite absolue. John Williams a su trouver le juste milieu entre son style, mais aussi le côté émotionnel fort qui convient à ce style de film. Hans Zimmer rate ce coche, offrant une nouvelle fois ce qu’il sait faire, et ce qui commence à lasser son auditoire au bout d’un moment.

En parlant de la Liste de Schindler, on peut d’ailleurs trouver un certain parallèle entre ces deux films. Les deux traitent d’un grand moment de l’histoire, rempli de souffrance et de culpabilité. Tous deux avec une forte charge émotionnelle et une réalisation brillante. Sauf que Steve McQueen, bien qu’offrant un grand film, n’arrive pas au génie de Spielberg, tout comme Hans Zimmer ne réalise pas un thème poignant comme a su le faire John Williams.

Finalement, en un sens, 12 Years a Slave est un peu la Liste de Schindler du film d’esclavage : une réussite incontestable, oscarisable de part une réalisation sans faille, des acteurs brillant et un fort côté émotionnel qui ne nous laisse pas indifférent. Très bon film donc, mais qui cependant n’a pas le virtuose et la puissance de l’oeuvre de Spielberg.

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