The house that Jack Built : explications du film et de la fin

Le dernier passage au Festival de Cannes pour Lars Von Trier ne s’était pas terminé de la meilleure des manières, c’est le moins que l’on puisse dire (voir ci-dessous pour plus de détails). Il est de retour en 2018 pour présenter son dernier film The House that Jack built, présenté en Hors Compétition. Au casting de ce thriller, on retrouve Matt Dillon, que l’on prend plaisir à revoir dans un premier rôle, même si celui-ci n’a rien de sympathique, mais aussi Bruno Ganz, Uma Thurman et Riley Keouch. Et il n’a pas laissé les festivaliers indifférents puisque de nombreux spectateurs ont fait le choix de quitter la salle en pleine projection, dérangés par le sadisme du personnage principal et les images choquantes.

Dans cet article, nous allons essayer de comprendre les intentions du cinéaste avec cette oeuvre, perdue entre la confession et le troll. Forcément, il s’agit d’un dossier 100% spoilers, puisque nous allons consacrer une bonne partie de ce texte à l’analyse de la fin du film.

Durée du film : 2h35

Synopsis

États-Unis, années 70.
Nous suivons le très brillant Jack à travers cinq incidents et découvrons les meurtres qui vont marquer son parcours de tueur en série. L’histoire est vécue du point de vue de Jack. Il considère chaque meurtre comme une œuvre d’art en soi. Alors que l’ultime et inévitable intervention de la police ne cesse de se rapprocher (ce qui exaspère Jack et lui met la pression) il décide – contrairement à toute logique – de prendre de plus en plus de risques. Tout au long du film, nous découvrons les descriptions de Jack sur sa situation personnelle, ses problèmes et ses pensées à travers sa conversation avec un inconnu, Verge. Un mélange grotesque de sophismes, d’apitoiement presque enfantin sur soi et d’explications détaillées sur les manœuvres dangereuses et difficiles de Jack.

Uma Thurman et Matt Dillon dans The House That Jack Built

Analyse critique du film

Lars Von Trier, pour son retour à Cannes a réussi à renouer avec la polémique en choquant bon nombre de spectateurs qui ont donc quitté la salle au fur et à mesure que l’horreur s’accumulait sous leurs yeux. Mais peut-on vraiment parler de choc ? Honnêtement, non ! Que les âmes sensibles, pas habituées au gore soient dérangées, je le conçois, mais la violence du film n’a rien de nouveau au cinéma. On a même déjà vu bien pire, que ce soit dans la saga des Saw, Cannibal Holocaust ou dans un autre genre, plus psychologique, Martyrs.

The House That Jack Built est par certains aspects, un thriller et un film d’horreur, mais c’est avant tout une farce, une satire, une comédie noire. On a déjà vu bien plus gore et dérangeant. La séquence qui m’a d’ailleurs mis le plus mal à l’aise n’est pas la plus explicite. Il s’agit avant tout de torture psychologique, lorsque Jack est avec sa compagne, incarnée par l’actrice Riley Keough (révélation du Festival, également au casting du film Under The Silver Lake et accessoirement petite fille du King Elvis Presley).

Même si le discours part dans tous les sens, il reste relativement cohérent. Lars Von trier, tout en se moquant profondément de lui-même et de sa démarche, nous propose une comparaison entre l’acte de tuer et l’acte artistique. Il n’hésite pas à appuyer sa dissertation à l’aide d’images d’archives de dictateurs du XXe siècle (Hitler en tête) et d’extrait de ses propres films. Les journalistes et le public Cannois n’ont pas compris les propos de Lars Von Trier il y a 11 ans. Et si les, dictateurs, eux-aussi, étaient des artistes incompris ?

Lars Von Trier provoque plus qu’il n’affirme. il joue avec le spectateur, il provoque et se moque de tout. Si Jack est une transposition à l’écran du cinéaste et de ses pulsions, on peut affirmer sans aucun doute qu’il ne se prend pas au sérieux.

Monsieur Verge lui-même se met parfois à se moquer de Jack, comme si Lars Von Trier, avant de troller le public, se moquait surtout de lui-même, et de sa volonté de tout expliquer et de tout raccorder. Au début du film, Lars Von Trier, par la voix de Jack et alors que l’écran est encore noir, va même demander l’autorisation de parler. Une fois qu’il l’obtient, une fois que le spectateur accepte d’écouter ce qu’il a à dire, il ne peut s’en prendre qu’à lui-même si cela ne lui convient pas.

Sur la page suivante, je vous propose de découvrir les explications du réalisateur lui-même sur sa démarche d’artiste et son rapport au personnage de Jack.

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