Critique de Nos Batailles de Guillaume Senez

nos batailles

Présentée au Festival de Cannes dans la catégorie “Critique de la semaine”, Nos Batailles est sorti sur les grands écrans français le 3 Octobre dernier. Réalisé et écrit en partie par Guillaume Senez (et Raphaëlle Desplechin), le film parle d’un sujet familial, la monoparentalité. Mais non pas d’un père qui abandonne ses enfants comme on a déjà pu le voir, mais l’inverse, une mère abandonnant sa famille et son mari. C’est donc lui-même, le père, Olivier (Romain Duris), qui est au cœur de l’histoire, accompagné de ses deux enfants Elliot et Rose (Basile Grunberger et Lena Girard Vose).  Vivant dans une situation précaire, la famille essayera de survivre et ce soudé, avec l’aide de leurs entourages, notamment la sœur d’Olivier, Betty (Laetitia Dosch).

Assez parlé de l’histoire, le film est une réussite. Je tiens absolument à féliciter les deux jeunes acteurs qui jouent Rose et Eliott, leurs naturels sont déconcertants. À vrai dire, le naturel des dialogues est de loin le point fort du film. Comme évoqué plus tôt, la famille vit dans une situation précaire, faisant partie de la classe populaire, Olivier travaillant comme contremaître dans une usine. Guillaume Senez essaye de dépeindre la vie d’un homme et de ses enfants abattus par la disparition de leur mère, symbole de protection, d’amour et de réconfort. Cependant, la mère va peu à peu se faire oublier, pour laisser l’entière place aux situations des personnages principaux. Ces situations sont retranscrites par les dialogues, essentiels au film. C’est par eux que l’auteur lance son message aux spectateurs. Ces dialogues, réalistes et naturels,dépeignent la vie d’une classe sociale pauvre, au bord du gouffre. La volonté d’un réalisme est donc à mon avis voulue, pour montrer comment vivent les“vrais” gens, ou du moins la classe populaire. Pas de sur-jeu, pas d’acte théâtral, simplement des dialogues de la vie de tous les jours.

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La réalisation suit la même logique, postée toujours à la même hauteur que les personnages, ressemblant à un documentaire. Aucune plongée ou contre-plongée, les personnages ne sont pas supérieurs ou inférieurs, ils sont comme nous, au même niveau. Cette approche au film est louable, mais la singularité de cette réalisation n’a pas besoin de plus d’élaboration. J’aimerais m’attarder au scénario, point fort certes, mais en dessous du reste du film. Bien que les dialogues sont superbes, l’histoire ne l’est pas autant. Les justifications de la mère me posent problème, elle a tous les droits de quitter sa famille, certes, mais aucune explication n’est donnée. De plus, elle est dépeinte comme une victime, cela me rappelle le syndrome de Munchausen, notamment la brûlure d’Eliott au début du film (provoqué par un “accident”), mais je m’emporte. Une mère mais surtout une femme à tous les droits, et ce n’est pas la thème du film. La justification n’est  donc pas obligée, et l’auteur reste très évasif sur les motivations de la mère (joué par Lucie Delay) . Mon argument est retiré, mais je me devais d’en parler.

Pour finir, ce film est politiquement assumé, l’auteur exprime clairement son point de vue au travers de l’histoire racontée. La difficulté de survie de la classe populaire, les conditions de travail en usine, les rapports de pouvoir entre patron et employé, mais aussi le capitalisme. Il y a donc une opposition entre le père, figure réfléchie et politique du film, et les enfants, figure d’innocence et d’incompréhension. Les rapports humains sont d’une réussite totale au sein de la famille. Mais j’ai une question, est-ce que coucher avec une autre fille que sa femme, bien que partie, c’est tromper ?

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