Des héros à la personnalité complexe
Si la reconstitution est admirable et les enquêtes secondaires pas inintéressantes, ce qui fait la force de cette saison 1 selon moi, ce sont ses personnages troublés. Je ne parle pas ici des tueurs, portés par le terrifiant Ed Kemper (pour les amateurs, voici une interview passionnante du tueur, sous-titrée en français).
Ce sont bien les “héros” qui montrent progressivement leurs failles. Avec subtilité la plupart du temps, surtout pour le personnage de Bill, mais jamais de façon superficielle.
Le personnage le plus sain du trio serait peut être celui de Wendy. Le seul élément vraiment obscur lié au personnage concerne les nombreux passages dans la laverie avec la chat. Que signifient-ils pour la psychologie du personnage ? J’ai longtemps cherché et réfléchi sans trouver de réponse, et en fait cela n’a rien à voir. David Fincher, producteur et réalisateur de quatre épisodes, a donné des explications dans une interview : l’idée, selon lui, est de suggérer qu’“il y avait un enfant dans cet immeuble qui rôde et tue des chats. Et c’est la naissance d’un nouveau sociopathe dont on ne sait rien. Parce que c’est comme ça que ça commence, par infliger du mal aux animaux.”
Le personnage de Wendy est donc pour le moment le plus lisse, mais cela pourrait évoluer au fil des saisons. Pour Bill, les choses sont très subtiles. On le voit tout au long de la saison. Bill est ouvert d’esprit et intelligent. C’est lui qui permet à Holden de développer ses idées et d’avancer. Il a aussi plus d’expérience, de sagesse et de capacité au compromis que le jeune agent. Mais dès qu’il rentre chez lui, les choses se gâtent. Il ne semble pas communiquer au sujet de son travail avec sa femme alors que celui-ci, notamment les entretiens avec les tueurs le ronge. Pire, il a une relation très difficile avec son fils. Son fils est différent. Et cela semble le terroriser. Il le voit bien avec les profilages, le plus souvent, les tueurs ont des soucis avec leurs parents, notamment l’abandon du père, et son souvent des enfants renfermés, différents. Les “troubles” de son gosse le perturbent et il n’arrive pas à créer de connexion, de relation avec celui-ci.
Pire, le gamin trouve les photos des victimes dans le bureau de Bill et cela pourrait le perturber. Je suis convaincu que le rapport entre Bill et son fils, et la façon dont Bill pourrait être effrayé que celui-ci évolue, va être exploré dans la saison 2. Car malgré toute sa bonne volonté et son ouverture d’esprit, Bill montre a plusieurs reprises qu’il colle quand même aux stéréotypes et attentes sur les hommes de l’époque.
Le personnage dont la personnalité est la plus explorée est bien sur celui d’Holden, jusqu’à ce face à face final avec Ed Kemper. En apparence, Holden est très propre sur lui. Il ressemble vraiment au gendre idéal, à un petit ange parfait et bien lisse. Pourtant, on le découvre au fur et à mesure, sa personnalité est très complexe et se rapproche même par certains aspects de celle des tueurs : Il est plutôt renfermé et introverti, il a peu d’expérience avec les femmes et n’arrive pas vraiment à s’intégrer sur son lieu de travail, que ce soit à Quantico ou lorsqu’il discute avec les autres policiers. Surtout, il va vite développer une fascination chez les tueurs qu’il interviewe. Comme si en explorant leurs actes et leur façon de penser, il cherchait à se comprendre lui-même.
Holden, comme ces tueurs, n’arrive pas pleinement à s’intégrer. Sa relation amoureuse avec Emma est une intrigue plus réussie qu’il n’y parait au premier abord car elle contribue fortement à développer la personnalité du personnage et à montrer ses failles : d’abord, malgré son statut d’agent du FBI, dans une société encore très rigide, il va fumer de l’herbe avec elle, et explorer sa sexualité sans vraiment de tabous. Il est curieux de ce qui sort de l’ordinaire. La normalité l’ennuie et c’est pour cela qu’il est fasciné par ces tueurs. Et qu’il développe aussi une forme de fascination pour Wendy, très différente des gens qu’il côtoie au FBI.
Cette relation avec Debbie nous montre aussi ses difficultés sociales. Il va très souvent entrer en conflit avec elle sans véritable raison, ou simplement parce qu’il cherche trop à analyser les choses. C’est ce qui va peu à peu détruire leur relation.
Et c’est aussi ce qui va mettre en péril sa carrière et le projet mené avec Bill et Debby. Il ne va pas respecter le cadre, notamment dans les interviews, ce qui va aboutir à une enquête internet au FBI. Lors de son interview dans le cadre de cette enquête, Holden a développé une telle arrogance et une telle certitude sur ses actions et leur légitimité qu’il ne va pas chercher à mentir, à arranger les choses. Non, comme Ed Kemper, il va être dans “l’étalage” de ses actes. Il assume ce qu’il fait et se croit supérieur aux hommes qu’il a en face. Il joue avec eux de leurs paradoxes. Il agît en fait précisément comme les sociopathes qu’il a interviewés ces dernières semaines.
Et la confrontation avec Ed Kemper sera l’évènement qui fera tout s’écrouler. En peu de temps, il va être largué par sa copine, remis en cause au FBI, y-compris par ses collègues Bill et Wendy, et enfin, il va se retrouver seul, dans une pièce, face à un homme très dangereux et manipulateur. Il va avoir peur, être terrifié, et lorsqu’il réussi à s’échapper, c’est toute sa frustration accumulée, toute sa peine, toute sa fragilité qu’il laisse aller, qu’il laisse sortir, et qui amène à cette crise de panique. Il n’a le contrôle sur rien du tout, et il s’en rend compte seulement à ce moment-là.
Il réalise peut être aussi que comme Ed, comme ces sociopathes, au final, tout ce qu’il a cherché à faire, au FBI comme dans sa relation avec Debbie, c’est avoir le contrôle sur des choses et des environnements dans lesquels il avait du mal à se sentir bien.
Bonjour, j’ai adoré cette série, votre article retranscrit plutôt bien ce que j’ai pensé de la série mais il y a un point qui revient à chaque épisode que je n’ai pas vraiment compris. À quoi / qui correspond le personnage qu’on voit dans quasiment toutes les introductions d’épisode et la scène finale dans laquelle il brule ses dessins pervers ?
Hum….Aucune explication de la fin…..
le personnage a la fin c’est BTK ( bind, torture and kill ) ligoter, torturer et tuer
Nom d’article trompeur
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