L’Homme qui tua Don Quichotte, analyse et explication du film maudit

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La folie, principale explication de l’Homme qui tua Don Quichotte

Une grande question que l’on se pose devant l’Homme qui tua Don Quichotte est de savoir identifier ce qui est vrai de ce qui relève de la fantaisie, voire de la folie.

Javier est Don Quichotte de la Mancha

l_homme_qui_tua_don_quichotte_flashbackAu début du film, Toby est le sain d’esprit et Javier le fou. On voit d’ailleurs le moment où Javier sombre au profit de Don Quichotte à la terrasse du bar Raul’s dans le flashback de Toby. A partir de ce moment, Javier ne sera plus le petit cordonnier du village, mais plutôt « l’idiot du village », isolé, se prenant pour le héros romanesque de Cervantes.

Les allers/retours avec le flashback de Toby et les séquences de son film de fin d’étude permettent de comprendre la chute de la santé mentale de Javier qui, étant trop dans son rôle, s’est perdu dans ce dernier.
Cependant, on voit bien durant cette première moitié du film que les choses sont telles que l’on les imagine. Quand Javier voit des géants, on voit avec notre regard de spectateur un moulin à vent. De la même manière, la simple paysanne n’est pas une demoiselle en détresse.

La bascule dans l’esprit de Toby

l_homme_qui_tua_don_quichotte_adam_driverSi l’axiome de départ est simple, la suite l’est moins. Petit à petit, la folie semble s’emparer de Toby qui va progressivement devenir fou, reprenant le fardeau de Don Quichotte. Ainsi, nous découvrons à la fin du film que ce qu’il a pris pour des pièces d’or ne sont que des rondelles de metal sans valeur. A ce moment, le film bascule et nous comprenons qu’en tant que spectateurs, nous voyons au travers des yeux de Toby. Nous avons vu les pièces d’or, nous avons vu la séquence de la naïade (Angelica) sous la cascade, mais aussi l’attaque de l’Inquisition…

Toby a beau retrouvé sa lucidité (voir les rondelles de métal, les terroristes qui les ont recueillis…), nous ne savons plus où est le vrai du faux. Ainsi, la séquence de l’Inquisition ne nous sera jamais réellement expliquée, et difficile de savoir ce qui s’est passé dans le village.

Le Festival d’Alexei, l’oligarque russe

Le grand moment de la bascule dans l’esprit de Toby est clairement le Festival organisé par l’oligarque russe Alexei. A ce moment, si Toby est conscient de l’humiliation que l’on fera subir à Javier, il ne verra en rien qu’Alexei joue au moins autant avec lui. En organisant l’autodafé final, Toby voit Angelica mourir sous les flammes, alors que ces dernières ne sont qu’un effet de lumière et de tissus.

En se voyant devenir un chevalier devant sauver sa Dulcinée en la personne d’Angelica, Toby succombe définitivement à la folie qui n’était que temporaire. Il est autant « victime » d’Alexei que Javier, à la différence que nous voyons par ses yeux, et donc sommes incapables de voir l’envers du décors.

L’Homme qui tua Don Quichotte ?

l_homme_qui_tua_don_quichotte_jonathan_pryceLa chute accidentelle de Javier qui entraînera sa mort lui rendra également sa lucidité. Redevenu lui-même, Javier reconnait n’être qu’un cordonnier qui a été sélectionné il y a une décennie pour jouer dans le film de fin d’étude de Toby. En un sens, Don Quichotte a quitté son corps, et Toby est l’Homme qui tua Don Quichotte, donnant alors un sens au titre du film.

Cependant, la fin du film confirme que nous voyons désormais des yeux d’un Toby dans lequel s’est réincarné la folie de Don Quichotte. Les moulins à vents, vu comme tels quand Javier était Don Quichotte, sont désormais des géants que doit combattre Toby. Devenu Don Quichotte, la boucle est bouclée et Toby sombre définitivement dans le personnage qu’il a tenté d’éloigner de Javier.

l_homme_qui_tua_don_quichotte_pryce_livreIl n’est donc pas possible de tuer Don Quichotte, car Don Quichotte est une idée, un rêve, une fantaisie, une folie dans un sens, qui après avoir occupé Javier occupera Toby.
On retrouve cette vision chez l’auteur et Nobel José Saramago qui nous dit que « Don Quichotte ne meurt pas, parce que celui qui va mourir, c’est un gentilhomme, un pauvre hidalgo du nom d’Alonso Quichano [NDLR : Nom originel du vieil homme dans l’oeuvre de Cervantes]. […] Ce n’est pas Don Quichotte qui meurt, mais Alonso Quichano. Don Quichotte est cet autre que nous ne pouvons être, et c’est pour ça que nous l’aimons. »

Si le film nous raconte l’avancement vers la folie de Toby, et la survie de Don Quichotte par son intermédiaire, il est intéressant de voir la folie qu’a été la production du film !

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