Deux ans après que Thierry Frémaux ne l’ait pas sélectionné avec Trois souvenirs de ma jeunesse, Arnaud Desplechin a cette année l’honneur de l’ouverture du 70ème festival de Cannes avec Les Fantômes d’Ismaël. Le film est porté par un casting français fascinant : Marion Cotillard, Mathieu Amalric et Charlotte Gainsbourg.
Synopsis
À la veille du tournage de son nouveau film, la vie d’un cinéaste (Mathieu Amalric) est chamboulée par la réapparition d’un amour disparu (Marion Cotillard)…
Une légère déception
Arnaud Desplechin est un cinéaste particulier, qui aime jouer avec sa caméra. Il réussit à avoir une filmographie de caractère grâce à une pâte singulière. Attaché à ses acteurs, il arrive très souvent à les sublimer comme Mathieu Amalric qu’il a souvent dirigé comme dans Jimmy P. (Psychothérapie d’un indien des plaines).
Pourtant, avec Les Fantômes d’Ismaël, le cinéaste déçoit légèrement. Le génie technique est certes toujours présent avec des scènes extrêmement douces, laissant une place prépondérante à de longs dialogues sans musique. Cependant, on attendait beaucoup plus de risques de la part du cinéaste. Il livre en effet des moments beaucoup trop bavards alors que son intrigue se prêtait à plus de mystère. Le retour de l’amour perdu est trop explicatif.
Le réalisateur choisit également de déconstruire complètement son récit. Pour cela, il use de flashbacks. Il mélange également plusieurs univers dans son histoire : celui de la réalité et celui imaginé par son personnage principal. En cela, on est plutôt dérouté même si les lignes directrices des retrouvailles sont plutôt claires.
Marion Cotillard qui irradie
Niveau casting, la prestance de Marion Cotillard réussit incontestablement à mettre au second plan la proposition de Charlotte Gainsbourg. L’ex Môme a quelque chose de mystique, là où le tendre museau de sa collègue n’arrive pas à nous faire véritablement rêver.
Il reste à concéder que Les Fantômes d’Ismaël est un mélange de genres. Arnaud Desplechin s’amuse en flirtant avec le style policier sur certaines scènes très identifiées. On oscille alors entre le style passé d’un Hercule Poirot et un esthétique plus moderne d’un Bureau des Légendes. Cette réforme artistique est accompagnée de touches d’humour, montrant le second degré d’un réalisateur qui ne se prend pas toujours au sérieux.