Critique Contagion de Steven Soderbergh

Steven Soderbergh, réalisateur palmé à Cannes pour Sexe, mensonges et vidéos, est extrêmement prolifique. En dix ans, et sans compter les 30 films qu’il a produits, Soderbergh a tourné une quinzaine de films, alternant entre le génial (traffic), le pire (Solaris, The good german) et beaucoup de pas mal (Oceans, Che…). Ou doit-on situer Contagion, film choral qui joue avec nos peurs ?

synopsis

Une pandémie dévastatrice explose à l’échelle du globe… Au Centre de Prévention et de Contrôle des Maladies, des équipes se mobilisent pour tenter de décrypter le génome du mystérieux virus, qui ne cesse de muter. Les cas mortels se multiplient, jusqu’à mettre en péril les fondements de la société, et un blogueur militant suscite une panique aussi dangereuse que le virus en déclarant qu’on “cache la vérité” à la population…

Lorsqu’il n’expérimente pas (Solaris en a fait s’endormir plus d’un), l’un des points forts de Steven Sodergerg est bien son sens du rythme. Les films choral, passant d’un personnage à un autre, peuvent facilement trainer en longueur. Soderbergh contourne la difficulté en se concentrant principalement sur l’action. Son film est plein de tension et de nervosité, ce qui le rend passionnant de bout en bout. Cette approche rend le film un peu froid, clinique, dans sa première partie, mais le réalisateur sait quand ajouter un peu d’émotion, de sentiments, pour apaiser le spectateur. Aucun personnage ne retient notre attention plus que les autres, mais chacun a le droit à un moment dans le film ou il émerge, justifie sa présence dans ce puzzle. Tous les acteurs, que leur rôle soit important ou non, livrent une prestation de qualité. Jude Law est excellent en blogueur adepte de la théorie du complot, Matt Damon touchant comme jamais en Monsieur tout le monde et Gwineth Paltrow, rayonnante, malgré un rôle extrêmement difficile.

Comme sur tous ses films, Steven Soderbergh est également directeur de la photographie. Faisant partie des réalisateur qui aiment jouer eux-mêmes avec leur caméra durant le tournage, il adapte sa mise en scène à chaque environnement et à chaque situation. On passe des couleurs chaudes aux teintes froides sans être choqué, bien au contraire. Sa séquence finale, sobre et abrupte, illustre parfaitement ses intentions pour le film : le refus du sensationnalisme et la quête d’authenticité à travers un regard de cinéaste, qui, comme tout le monde, donne sa “vérité”, parsemée de manipulations, subjectivité et parti pris discutables.

Derrière le blockbuster qu’il est supposé être, Contagion est surtout un film remarquable pour son réalisme proche du documentaire et son ambition cinématographique. L’un des meilleurs films de Steven Soderbergh depuis un bon moment.

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