*ATTENTION SPOILERS*
Une histoire de Cow-boys et d’Indiens ? Non, c’est bien plus que ça, car l’histoire s’est réellement déroulée.
Synopsis
À la fin du XIXème siècle, au cœur des contrés les plus sauvages de l’Amérique du Nord, Hugh Glass, un légendaire trappeur de fourrures, est sauvagement attaqué par un ours. C’est après une décision collective que deux éclaireurs sont choisis pour veiller sur lui et l’amener au campement le plus proche.
Tandis que le cas de Glass semble désespéré et que l’hiver se fait de plus en plus rude, Fitzgerald décide de l’abandonner dans la forêt, en plein cœur d’une guerre sans merci contre les Indiens. Glass se donne alors la mission inhumaine de survivre à tout prix pour retrouver l’homme qui l’a trahit.
Un récit inspiré d’une histoire vraie
Hugh Glass était un « fur-trapper », qui partit en expédition en 1823, dans l’état du Dakota du Sud. Blessé et laissé pour mort, il mit 6 semaines à atteindre le campement le plus proche. Ce qui est d’autant plus surprenant, c’est que dans la version réelle, Glass pardonne à Fitzgerald (Hardy) et Bridger (Poulter) de l’avoir abandonné. Tandis que dans le film, c’est son désir de vengeance qui le maintient en vie.
L’histoire est devenue ce folklore américain qui a prit une tournure de Légende, finalement. La préparation du film a été rude, et a duré 9 mois, au cœur des régions inhabitées de l’Alberta, au Canada, dirigée par un Iñarritú (21 Grams, Birdman) plus que perfectionniste. Iñarritú a cherché à rendre l’histoire plus poétique malgré une dureté du sujet indéniable. Même si le motif principal de la survie de Glass semble se glisser sous les traits de la vengeance, il a souhaité montrer une force allant au-delà du conflit humain : la force la nature.
De la bestialité à la mélancolie poétique
Dès le début du film, la caméra virevolte avec les personnages et nous immerge dans un véritable plan séquence d’action. Nous suivons, non plus un personnage principal dans une foule, mais chaque combattant, qu’il soit vainqueur ou vaincu. Il n’y a pas de parti pris sur un clan en particulier. Iñarritú donne à chacun de ses personnages une importance inhabituelle. Ceci, au travers d’un début de séquence qui nous transporte dans un univers presque comparable à la première personne d’un jeu vidéo. Nous devenons, non plus spectateurs, mais acteurs du film et la caméra nous lance avec les personnages, jusqu’à ce que nous en ressentions de véritables haut-le-cœur.
La particularité de The Revenant réside dans sa dualité : Iñarritú oppose à la perfection l’immensité et le calme de la nature à la bestialité humaine à son état le plus brut. Hugh vit clairement un enfer, et c’est pourtant fascinant de voir que le film prend son temps. C’est à dire, qu’il s’arrête, alors même que le personnage vit un moment difficile, sur cette tranquillité envahissante et inquiétante finalement. Iñarritú démontre que la force de l’esprit humain passe par son côté le plus primitif. Car, c’est lorsque l’homme est confronté aux épreuves les plus rudes qu’il se réfère à une forme de bestialité.
Les dialogues des personnages sont crus et DiCaprio ne parle presque pas. Alors même qu’il est capable de s’octroyer les dialogues les plus explosifs, je pense au Loup de Wall street, où il tenait des propos extrêmes, jusqu’à n’en plus pouvoir respirer parfois. Et pourtant, cette légèreté apprivoisée dans les dialogues n’en est pas moins décuplée par les regards perçants de DiCaprio qui confirment encore une fois son jeu d’acteur. Son regard glacial, où l’on y découvre la bête qui prend le dessus sur l’homme, est pourtant sublimé par la nature qui lui fait fasse.
Un débat centré sur le rejet de l’autre
Dès le début du film, nous sentons que Glass n’appartient pas vraiment à ce monde «civilisé ». Il connaît la culture indienne puisque son fils est mixe. Il apparaît dès le départ comme un personnage singulier, dont la vie diffère de celle de ses compagnons. Iñarritú aborde souvent dans ses films la question de la filiation. La vengeance est d’abord enclenchée par les liens du sang. Elle doit venir des entrailles. Il fallait que nous ressentions cette douleur perpétuelle de Hugh Glass, imagée par les rêves et les souvenirs mystiques de son ancienne vie. La mixité de son fils est importante car elle permet de rendre une situation déjà peu pratique en un véritable conflit de cultures. Fitzgerald (Tom Hardy) représente parfaitement le racisme de l’époque, où la question indienne est au cœur des conflits territoriaux de cette fin du XIXème siècle. Iñarritú souhaite nous rappeler que cette guerre à laquelle nous assistons dans le film résulte du massacre de millions d’Indiens afin de s’emparer de leurs ressources naturelles.
Tom Hardy (Madmax, Legend) interprète avec brillo le « salopard », le personnage que l’on veut voir mourir coûte que coûte. L’acteur britannique prend ce « southern accent » incompréhensible de cowboy américain, et le met au service d’un être ignoble et cupide.
À travers ce film, Iñarritú pose un véritable questionnement sur l’homme et nous invite à ressentir de l’empathie pour le personnage de Glass qui subit toutes ces épreuves extraordinaires. Un décor à couper le souffle, une guerre, une histoire de vengeance, un casting formidable (où, pour une fois, la présence féminine n’est pas nécessairement requise), une bande originale enivrante. A voir absolument.
Le film a déjà reçu 12 nominations pour les prochains Oscars et DiCaprio a même gagné les derniers Golden Globes. On ne peut que croire qu’il obtiendra enfin cet Oscar tant mérité !
Voici la bande-annonce :
Parait-il que le film débute bien mais qu’il devient vite soporifique
Un grand film de survie et un grand film de vengeance (un peu à la Jeremiah Johnson).