Cannes 2015 : Youth, ou l’âge de raison selon Paolo Sorrentino

SET DEL FILM “LA GIOVINEZZA” DI PAOLO SORRENTINO. NELLA FOTO MICHAEL CAINE E HARVEY KEITEL. FOTO DI GIANNI FIORITO

Paolo Sorrentino est de retour en compétition officielle au Festival de Cannes pour la 6e fois consécutive. Avec Youth, il porte un regard amusé mais pas dénoué de réflexion sur l’âge, la vie et la mort. De quoi faire une Palme d’Or ?

Synopsis

Fred et Mick, deux vieux amis approchant les quatre-vingts ans, profitent de leurs vacances dans un bel hôtel au pied des Alpes. Fred, compositeur et chef d’orchestre désormais à la retraite, n’a aucune intention de revenir à la carrière musicale qu’il a abandonnée depuis longtemps, tandis que Mick, réalisateur, travaille toujours, s’empressant de terminer le scénario de son dernier film. Les deux amis savent que le temps leur est compté et décident de faire face à leur avenir ensemble. Mais contrairement à eux, personne ne semble se soucier du temps qui passe… 

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Critique du film

Paolo Sarrentino et moi, c’est une très longue histoire ! Cela fait 8 ans que je l’ai découvert à travers l’extrait d’un de ses films sur Youtube, montré par l’un de mes colocataires italiens de l’époque.

Depuis, j’ai toujours eu envie de rentrer son univers, voir l’un de ses films. Mais sans trop savoir pourquoi, je ne me suis jamais vraiment motivé lorsque l’opportunité s’est présentée. Jusqu’à ce Festival de Cannes où Paolo sorrentino présente justement Youth en compétition officielle, avec un casting vraiment impressionnant composé de Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz, Paul Dano ou encore Jane Fonda.

Youth suit donc particulièrement le séjour de deux hommes âgés dans un hôtel spa de luxe en suisse, le temps de vacances communes. Les deux hommes sont amis. Le premier (Michael Caine) est un grand musicien retraité, le deuxième (Harvey Keitel)  un réalisateur de films en quête d’inspiration. Le premier ne voit pas quel sens donner à sa vie, le deuxième ne voit pas quel sens donner à son film. Le premier s’interroge sur son passé et ses souvenirs, le deuxième se pense plutôt sur son futur.

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Si ces deux hommes sont jeunes, malgré leurs problèmes physiques et leurs souvenirs vacillants, c’est tout simplement parce qu’ils se questionnent encore sur le sens de la vie et pleins d’autres choses. Ils ont aussi toujours des désirs, des caprices et des sentiments qui viennent s’ajouter à ces doutes et qui en fait des enfants.

Les seconds rôles, entre deux âges, ne sont pas épargnés par ces “enfantillages”. Le personnage incarné par Paul Dano, un acteur intelligent mais rongé par ses frustrations, est beaucoup trop cynique et blasé pour son âge. La fille du personnage de Michael Caine (incarné par la toujours aussi belle Rachel Weisz) n’est pas capable de prendre ne main sa vie d’adulte (alors qu’elle gère celle de son père) et se focalise sur des choses un peu superficielles lorsque son couple tombe à l’eau et qu’elle doit se reconstruire.

Après Plus fort que les bombes de Joaquim Trier, Vice-Versa de Pete Docter, Mon Roi de Maïwenn, ou encore Le fils de Saul (que je n’ai pas encore vu) , ce 68e Festival de Cannes semble s’attacher à la notion de mémoire, aux souvenirs ou à la nostalgie, thèmes que l’on retrouve tous dans Youth. On comprend pourquoi Ingrid Bergman est le visage de cette édition.

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Youth est donc un film aux multiples thématique, mais il reste très léger. La plupart des spectateurs devraient passer un très bon moment devant le film et seul le dernier acte en déconcerta probablement une partie. Les personnages principaux sont charismatiques, notamment le musicien magnifiquement incarné par Michael Caine, qui pourrait concurrencer Vincent Lindon pour le prix d’interprétation masculine. Les seconds rôles ne sont pas en reste puisqu’ils sont également drôles ou énigmatiques, c’est selon.

Enfin, il est difficile de parler de Youth sans aborder la très belle mise en scène de Paolo Sorrentino. Les travellings et autres mouvements de caméra sont juste splendides, et son travail sur les lignes offre des plans absolument somptueux, qui magnifient ces paysages alpins et cet hôtel de luxe qui servent de décor au film.

Au final, Youth n’est pas un très grand film, mais il se regarde avec beaucoup de plaisir et est très réussi. La Palme d’Or ? Probablement pas, mais un prix d’interprétation masculine ou un prix de la mise en scène, pourquoi pas !

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