Cannes 2015 : Maïwenn nous fait chavirer avec Mon roi

Quatre ans après Polisse, qui avait décroché un joli prix du jury, Maïwenn est de retour sur la croisette pour son nouveau film, Mon Roi, toujours en compétition officielle. Au casting : Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot. Au programme : Amour, passion et souffrance. A l’arrivée, des chances pour une nouvelle récompense ?

Synopsis

Tony est admise dans un centre de rééducation après une grave chute de ski. Dépendante du personnel médical et des antidouleurs, elle prend le temps de se remémorer l’histoire tumultueuse qu’elle a vécue avec Georgio. Pourquoi se sont-ils aimés ? Qui est réellement l’homme qu’elle a adoré? Comment  a-t-elle pu se soumettre à cette passion étouffante et destructrice ? Pour Tony c’est une difficile reconstruction qui commence désormais, un travail corporel qui lui permettra peut-être de définitivement se libérer …

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Critique du film

Le film commence de façon plutôt dramatique. Le personnage principal, Tony, incarné par Emmanuelle Bercot, est victime d’un accident de ski. La scène suivante, est, elle aussi, dramatique, mais d’un autre point de vue. Tony est questionnée lors de son arrivée au centre par ce qui semble être une psychologue. Le dialogue sonne assez faux, tout est trop appuyé, la ou des non-dits auraient pu suffire. Heureusement, ce début chaotique n’est pas vraiment représentatif de la qualité du métrage.

La suite, enfin surtout la première partie du film, a plus un ton de comédie. Ce n’est d’ailleurs pas la suite puisqu’il s’agit du passé du personnage, la période avant l’accident. Tony rencontre Georgio et tombe folle amoureuse de lui. Il est charismatique et ne perd pas une opportunité pour faire l’idiot, faire de l’humour.

mon-roiLe film développe une narration parallèle en s’intéressant a ces deux périodes  de la vie de Tony : Sa descente et sa remontée. Le fait de traiter les deux en même temps (même si l’histoire avec Tony prend le dessus sur la reconstruction au centre) pourrait créer de la confusion, ou des coupures malvenues, mais c’est au contraire plutôt fluide, sans temps mort. C’est même, au contraire, un beau tour de force que de renouveler ce genre de parcours vu et revu avec cette construction narrative.

Ce montage n’empêche pas, sauf dans de rares occasions, le drame de prendre l’ascendant sur la comédie. Le film part là ou on ne l’attendait pas forcement. Il aborde certains moments sombres, que peut vivre une personne, un couple, sans surenchérir, ni trop appuyer. On ne peut pas vraiment parler de subtilité, mais d’équilibre, de justesse. Malgré les sujets abordes, Maiwenn conserve une certaine pudeur vis a vis de ses personnages, et si elle montre que les choses ne vont pas, elle ne rentre pas dans les détails, n’alourdit pas l’histoire de séquences superflues, ni de morale déplacées. Mon Roi, c’est juste une histoire de passion et d’amour, qui comme beaucoup d’entre elles, derape, se casse la gueule.

La mise en scène de Maiwenn est très discrète la plupart du temps mais loin d’être sans âme. Sa façon de filmer les acteurs, leurs visages, leurs émotions, leurs corps est très belle, comme instinctive. Les interprètes, eux, sont excellents. Emmanuelle Bercot passe par toutes les émotions sans en faire trois tonnes, sans se rater dans un registre ou dans l’autre. Vincent Cassel est excellent aussi. On l’a souvent vu surjouer ou cabotiner, parfois à bon escient comme dans The Tale of Tales, également en compétition. Son rôle a tous “les défauts” pour l’amener à en faire trois tonnes. Et pourtant, il n’a jamais été aussi juste, aussi sobre. C’est très certainement la meilleure performance de sa carrière et si la concurrence n’était pas aussi relevée (Vincent Lindon et Michael Caine ont quand même une longueur d’avance), il pourrait prétendre au prix d’interprétation, comme sa partenaire au demeurant.

En conclusion, Mon roi, malgré quelques défauts, réussit ce que peu de films de la sélection ont su faire : il est puissant, il nous dévore de l’intérieur, il nous marque et est encore dans nos esprits plusieurs heures après la projection, au point qu’on aimerait presque y retourner.

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2 commentaires
  1. Je n’en avais pas encore entendu parler, merci de le faire. Il est noté. En plus je ne connais Emmanuelle Bercot qu’en tant que réalisatrice ( on parle bien de la même ?)

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