The Tale of tales est le premier film en langue anglaise du réalisateur italien Matteo Garrone. Avec ce film, il décroche une troisième sélection en compétition officielle dans le cadre du 68e Festival de Cannes.
Synopsis
Il était une fois trois royaumes voisins où dans de merveilleux châteaux régnaient rois et reines, princes et princesses : un roi fornicateur et libertin, un autre captivé par un étrange animal, une reine obsédée par son désir d’enfant… Sorciers et fées, monstres redoutables, ogre et vieilles lavandières, saltimbanques et courtisans sont les héros de cette libre interprétation des célèbres contes de Giambattista Basile.
Critique du fim
Matteo Garrone, en deux participations à Cannes, a réussi la performance d’être primé à chaque fois, dans les deux cas en remportant le Grand Prix du jury. Si Gomorra, présenté en 2008, a plutôt convaincu l’ensemble de la presse et des spectateurs, Reality, présenté en 2012, a beaucoup plus divisé. A titre personnel, j’avais eu beaucoup de mal à accrocher à cet univers.
Cette année, le réalisateur italien est de retour avec The Tale of Tales (Il Racconto dei Racconti en V.O.), une oeuvre ambitieuse, tournée en langue anglaise et dotée d’un casting international : Salma Hayek, Vincent Cassel, Toby Jones ou encore John C. Reilly. Le résultat est pour le moins détonnant !
Visuellement, le film est très abouti. les images sont splendides, que ce soit en pleine nature ou dans les palais des différents rois et reines qui parcourent le film. La caméra est mobile et de très beaux mouvements parcourent le film, notamment un plan séquence d’introduction assez classique mais parfait pour introduire l’univers du film. Plusieurs séquences marquent par leur créativité et leur ambiance, notamment l’attaque du monstre marin en début de film.
Avec The Tale of Tales, on sort des sentiers battus du conte traditionnel. Les rois et les reines sont, à une exception prêt, privilégiés aux princesses, la nudité parcours le film et quelques séquences sont un peu gores. Ce qui marque le plus, et contribue grandement à la réussite du film, c’est son univers absurde. Se les princes et princesses présents dans le film semblent plutôt matures et surtout capables de s’en sortir par eux même, les rois et reines sont tour à tour lâches, ridicules, obscènes, machiavéliques et j’en passe…
A travers ces différents portraits burlesques et ces aventures fantastiques, Matteo Garrone offre au final un visage très réaliste des être humains et de leurs faiblesses. Le résultat est franchement plaisant, même si on peut trouver l’intrigue avec la princesse et l’ogre et un peu trop facile, et finalement nettement moins originale que les autres. C’est bien dommage car l’intrigue développée avec son père le roi dans la première partie du film était particulièrement savoureuse avec ses loufoqueries et son absurdité poussée à l’extrême. L’arc centré sur le roi incarné par Vincent Cassel et la « sorcière » est plaisant, mais peut être aussi assez vain.
Au final, le plus abouti est peut être celui dédié à la reine et aux jumeaux. Il y a plus de beauté, plus de mystères, plus de sensibilité et surtout, c’est peut être la seule intrigue que l’on aimerais continuer à explorer au delà du film. Dernière petite chose avant de conclure cette critique : La bande originale, très onirique, est peut être l’une des plus belles du compositeur Alexandre Desplat, ce qui n’est pas un mince exploit !
Matteo Garrone signe avec The Tale Of Tales un film à l’univers assez particulier, qui ne plaira pas à tout le monde. Mais c’est un bel univers, paradoxalement assez riche et à la fois un peu vain. Malgré ses qualités, et même si je lui le souhaite, il y a peu de chances que le film reparte avec une récompense majeure du 68e Festival de Cannes. A moins que Guillermo Del Toro, qui devrait adorer le film, ait une grande influence sur le jury, lui qui avait vu son Labyrinthe de Pan injustement repartir bredouille en 2006.