Généralement, les films les plus attendus au sein de la selection sont ceux des realisateurs habitués à fouler les marches du festival de Cannes. Pourtant, cette année, l’un des films qui a le plus intrigué et fait parler de lui avant sa projection s’appelle The Lobster, réalisé par le méconnu Yorgos Lanthimos.
Synopsis
Dans un futur proche… Toute personne célibataire est arrêtée, transférée à l’Hôtel et a 45 jours pour trouver l’âme soeur. Passé ce délai, il sera transformé en l’animal de son choix. Pour échapper à ce destin, un homme s’enfuit et rejoint dans les bois un groupe de résistants ; les Solitaires.
Critique du film
Avec un tel scénario, il est difficile d’imaginer une sélection à Cannes, et surtout en compétition officielle… et pourtant, The lobster se retrouve en compétition officielle ET est l’un des films de la sélection qui a fait le plus parler de lui avec son pitch improbable et son casting 3 étoiles (Colin Farrel, Rachel Weisz, Lea Seidoux). Alors, pétard mouillé ou vrai film événement ?
The Lobster, dès le début, prend un rythme lent, au risque de laisser d’entrée de jeu une partie des spectateurs sur le côté. La premiere partie fourmille d’idées absurdes et on enchaine les fous rires. Cela ne suffit pas hélas, et entre chaque fou rire, on entre jamais réellement dans l’univers et dans les personnages, toujours maintenus à distance. Avec cet hôtel organisé “pour trouver l’amour”, le réalisateur se moque de la société qui nous force à nous mettre en couple, et quelques passages sont assez croustillants. Mais on avait compris l’idée dès la lecture pitch et on nous le rappelle sans cesse de manière hélas trop peu subtile. Et alors que nous n’avons pas encore eu le temps de voir le sujet traité en profondeur ou avec finesse, le réalisateur, déjà à bout de gags et à défaut d’inspiration, part dans une autre direction. Une prise de position qui aurait pu payer si elle permettait d’enfin rentrer dans le coeur des choses…
La deuxième partie du film s’intéresse à ceux qui sont en décalage avec la société et ses règles, mais qui, au final ont leur propre règles absurdes et empêchent l’individu d’être lui même de la même manière que leurs adversaires. Certains moments entre Colin Farrell et Rachel weisz offrent une belle poésie loufoque, mais encore une fois, l’ensemble ne prend pas et on s’ennuie un peu. Les choses trainent en longuer et on a un peu le sentiment que tout ce qui est raconté dans cette deuxième partie du film aurait pu tenir dans un dernier acte beaucoup plus court. Il y avait donc vraiment matière à rester dans l’hôtel et ses absurdité un peu plus longtemps.
Coté interprétation, aucun acteur n’est vraiment mauvais, mais on est éblouis par personne non plus. Le boulot est fait, et chacun peut passer au film suivant. Même le réalisateur ne semble parfois pas très imliqué. Sa caméra est paresseuse, sa mise en scène sans génie, et ni la photographie ni le montage ne viennent compenser ces lacunes.
Yorgos Lanthimos tenait une idée et un sujet en or, mais il ne sais pas quoi en faire et nous sert un Lobster sans saveurs et sans couleurs. A n’en pas douter, le film devrait repartir bredouille de son séjour à Cannes.