Très attendu, X-Men Apocalypse est le 5e X-Men avec Bryan Singer à l’écriture, 4e avec ce même Bryan à la réalisation. Sauf que contrairement à l’année 2000 et le premier film de la saga, nos X-Men ne sont plus les seuls héros portés à l’écran et la concurrence fait maintenant rage avec DC Comics/Warner et sa Justice League d’un côté, et le monstre Marvel Studios/Disney de l’autre côté. L’équipe du Professeur Xavier peut-elle donc lutter ?
Synopsis
Apocalypse, le premier de tous les mutants, vénéré comme un dieu il y a des millénaires, se réveille dans les années 1980 dans un monde qui a bien changé. Il fait de Magnéto, Psylocke, Tornade et Archangel ses quatre cavaliers de l’Apocalypse, afin de fonder un monde tel qu’il le conçoit et sur lequel il régnerait en maître. Face à lui vont se dresser Mystique et Charles Xavier qui dirige une nouvelle équipe de mutants composée entre autres du Fauve, et de Diablo, Jean Grey et Cyclope.
Critique
Conscient de l’épreuve qui l’attend (et mettant un petit tacle au passage à Brett Ratner) en faisant dire à ses personnages sortant de la projection du Retour du Jedi que « l’on est d’accord que le troisième film est toujours le pire« , Brian Singer s’attelle donc avec une certaine ironie à ce nouvel opus : Apocalypse. Singer et les X-Men, c’est maintenant une vraie histoire d’amour qui dure depuis plus de 15 ans. On se rappelle tous de X2 qui reste un des meilleurs films de comics à ce jour (lire notre top) et on est donc forcément plus exigeant avec lui qu’avec Zack Snyder ou les frères Russo. D’autant plus que la licence est connue du public (aussi bien les vieux que les jeunes X-Men), on attend donc beaucoup d’Apocalypse. Au moins autant d’ambition que le très réussi Days of Future Past et surtout une vraie prise de risque, d’autant que les préoccupations des mutants n’a finalement jamais été tant d’actualité des deux côtés de l’Atlantique.
Malheureusement, le cinéma, c’est avant tout un business, et X-Men Apocalypse l’a trop bien compris. La Fox sait qu’elle a raté le reboot des 4 Fantastiques (notre critique) et a vu Sony perdre les droits de Spider-Man malgré de bons résultats en salle. La peur est donc palpable pour le studio de perdre sa meilleure licence (qui pèse près de 4 milliards de dollars dans le monde). Le choix fait sur Apocalypse est donc clair : limiter les ambitions de l’auteur/réalisateur et les questions existentielles, poser les bases d’une suite de la saga et en mettre plein les mirettes des spectateurs.
Comme symbole de cette absence d’ambition, le personnage d’Apocalypse manque clairement de carrure pour un méchant sensé mettre le monde à ses pieds, pendant que le personnage de Magneto (certainement personnage le plus intéressant de cette nouvelle trilogie) n’a finalement pas grand rôle à jouer. Nos deux méchants fourmillent de bonnes idées pour les rendre irrésistibles (le concept de Dieu aux yeux d’Apocalypse et la famille de Magneto), mais aucun des deux n’est vraiment creusé. Dommage car Oscar Isaac comme Michael Fassbender sont capables de bien mieux !
En face d’eux, James McAvoy déroule tranquillement, tout comme Nicholas Hoult, habitués de la saga. Jennifer Lawrence est toujours au top, Evan Peters confirme qu’il est un excellent Vif-Argent, Hugh Jackman fait son caméo (réussi) présentant une troisième origin story à Wolverine. Dans les jeunes, Alexandra Shipp reprend avec fierté le flambeau de Tornade laissé par Halle Berry et Olivia Munn est irrésistible en Psylocke. Deux personnages amenés à être clés nous laissent cependant plus songeurs. Tye Sheridan est un cyclope déjà plus charismatique que James Marsden bien que son côté « puceau terrifié » ne demande qu’à être changé en leader naturel des X-Men.
En conclusion donc, ce X-Men : Apocalypse est un très bon divertissement, malheureusement pas du tout au niveau du Days of Future Past, étranglé par un manque d’ambition de Bryan Singer et/ou la frilosité de la Fox de perdre sa saga culte au dépend de Marvel Studios. Pas le pire des trois (on reste au-dessus de First Class), mais on n’est pas passé loin donc.