La La Land : analyse et explication de la fin du film

Les explications du réalisateur

A travers diverses interviews, Damien Chazelle a donné de nombreuses informations sur ses intentions en faisant ce film.

« Je suis ému par l’idée que l’on peut rencontrer quelqu’un au cours de notre vie qui nous transforme, nous guide vers un chemin qui nous permettre de devenir la personne que l’on a toujours voulu devenir, même si au final, on a besoin d’emprunter ce chemin seul. On peut avoir une relation qui va changer le reste de notre vie mais pas durer le reste de notre vie. J’ai trouvé ça à la fois beau, déchirant et merveilleux. Je voulais que le film soit à propos de ça »

La solitude de l’artiste, hollywood, la musique, la modernité du genre… ne sont bien que des aspects secondaire du film, qui viennent l’enrichir et l’embellir. Le coeur du film, ce sont bien les rêves et les relations, leurs rapport l’un à l’autre.

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La réalisateur cite également le film 7th Heaven (L’heure suprême en VF), comme une source d’influence majeure pour la fin de son film. Il s’agit d’une histoire d’amour tragique dans laquelle une femme refuse d’accepter la mort à la guerre de l’homme qu’elle aime. A la fin du film, quelque chose d’irréel se produit. L’action revient sur le champs de bataille, l’homme revient à la vie et retrouve sa bien aimée. Cette fin peut être interprétée de plusieurs manières, comme celle de La La Land, mais selon Damien Chazelle, l’homme est à la fois mort et vivant. « La raison pour laquelle ces deux choses coexistent est due à l’amour de la femme pour l’homme. L’émotion est tellement profonde que les lois du du temps et de la physique arrêtent d’exister ».

Il continue « C’est une  idée qui exprime ce que les films peuvent faire, comment un sentiment peut éffacer tout le reste. Nous pouvons laisser les films agir comme des rêves » Si le propos du réalisateur, et du coup certain enjeux du film et de sa fin semblent aussi confus, ce n’est pas du tout parce que c’est brouillon, mais avant tout car c’est une réflexion, celle d’un artiste qui cherche avec nous, tout au long du récit, une réponse à ses doutes et ses inquiétudes.

Le final du film, si on se refuse à rêver, est une vision presque cruelle de la vie, pessimiste. On ne peut pas tout avoir. Certains rêves doivent le rester. Certaines passions si elles ne s’éteignent jamais, doivent se finir. Certains,aussi, doivent être seuls pour exprimer leur passion…

Les chansons du film

Les deux chansons titres sont toutes deux nommées aux oscars de la meilleure chanson (l’ensemble de la BO étant aussi nommé par ailleurs bien sur) et jouent chacun un rôle important dans le propos du film.

City of stars : C’est la chanson « romantique » du film, le thème récurrent que l’on retrouve à plusieurs le film et qui change en même temps que les personnages. Elle est d’abord la chanson de Sebastian, une vision mélancolique et triste du monde qui l’entoure. Lorsqu’il vit une histoire d’amour avec Mia, ils partagent certains sentiments sur ce monde, tout en ayant de l’espoir, et la chantent en duo. A la fin, ce n’est plus qu’un murmure, un histoire ancienne, comme leur amour, même s’il a été important.

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Audition (The Fools Who Dream) : Chantée uniquement par Emma Stone, elle relance le film musical, celui des rêves, après le détour plus réaliste. Pour les amateurs du genre, cela sonne presque comme une libération. L’impact émotionnel est fort, et pas uniquement à cause de la performance de l’actrice et de la mise en scène. Les paroles, elles aussi, ont un en sens profond, qui parle en chacun de nous, avec cet encouragement à être un peu fou pour réussir à se réaliser. Le compositeur Justin Hurwitz, cite Fred Astaire et Ginger Rogers comme influences pour le reste de la B.O., mais pour cette chanson, plus émotionnel, il s’est déconnecté de toute influence pour que cela vienne uniquement de ses émotions. Ce qu’on entend dans cette séquence est du chant live, ce n’est pas de l’enregistrement studio, retravaillé et arrangé pour embellir la voix de l’actrice. C’est elle, dans l’instant, avec tout son courage, son caractère et ses faiblesses. « Celui qui n’échoue jamais ne peut savoir comment le succès est délicieux ».

Les autres chansons

Another day in the sun : C’est la chanson d’introduction, dans le pur style du film « Les demoiselles de Rochefort », mais avec une mise en scène démente, la caméra étant quasiment tout le temps en mouvement, dans un plan séquence très impressionnant. Surtout, elle ne pose pas que le décor du fil, mais aussi clairement, même si subtilement, les enjeux de celui-ci : Elle parle de rêves, d’espoirs de centaines de personnes voulant réussir à Hollywood et victimes d’un l’embouteillage par le fait qu’ils soient trop nombreux.

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Someone in the crowd :  Lorsque Mia sort avec ses amies, pour s’amuser et « réseauter ». Rester seul lorsque l’on est déprimés, ce n’est pas une solution. Il faut sortir, se changer les idées. En revanche, ces soirées hollywoodiennes ne sont pas forcément la voix du succès qui, on le verra plus tard, nécessite persévérance et travail.

A lovely night : Le chanson romantique entre Mia et Sebastian lorsqu’ils marchent jusqu’à la voiture de cette dernière. même si dans le jeu entre les acteurs, dans la chorégraphie et la mise en scène, on est dan le pur style de la comédie romantique, les paroles sont plus modérées : ce n’est pas « l’amour au premier regard ». Entre les deux, on ne peut pas vraiment parler d’amour au premier regard, ils prennent le temps de se découvrir et de discuter avant de véritablement tomber sous le charme l’un de l’autres et de tomber amoureux. Et même en faisant comme cela, la suite du film nous rappelle qu’une relation n’est pas éternelle.

Epilogue : Il n’y a pas de vie idéale, surtout pas celle que beaucoup trop de film nous laissent imaginer lorsque l’on est enfants. Beaucoup d’adultes sont malheureux car ils n’ont pas cette vie mais elle n’est pas possible. En vrai, il faut faire des sacrifices, des compromis, prendre des décisions incertaines, parfois même être malheureux, connaître l’échec pour avoir aussi des moments de bonheur et être épanoui, même si rien n’est parfait !

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  1. Jai regardé le film au cinema hier soir et cette fin ma frustré mais vos explications sont bien et effectivement ça casse la routine des fin ils vecurent heureux…

  2. Les meilleures fins sont effectivement celles qui ouvrent la porte à un (re)commencement, et d’aucuns pourraient imaginer quelques retrouvailles à venir en catimini, même platoniques. La vie est au fond une valse aléatoire à quatre temps (saisons), où les individus sont des fétus baladés qui se battent, composent et improvisent indéfiniment telles des notes de jazz universelles.

  3. Excellent article Christophe, mais à la fin, c’est elle qui rêve (et pas du tout lui), car il y a des scènes que seule elle a vu (quand elle quitte son bébé pour aller diner, quand elle est dans sa voiture avec son mari,…). C’est elle qui a des regrets je pense. ou je me trompe ? Encore bravo. Stan.

  4. Pour moi la scène finale de ce film est une catharsis. C’est une manière de vivre une histoire, voire toute une vie, le temps d’une chanson. Il devient alors possible de supporter la réalité, dure et pleine de choix, qui ne ressemble pas à une comédie musicale.

  5. Cet article est juste sublime ! Je suis on ne peut plus enchantée d’être tombée dessus… vos mots ont bien su mettre la lumiere sur les maux dont il est question dans ce film. Vous avez fait un excellent travail en résumant autant sur cette page. Magique.
    Un vrai régal, je vous en remercie !

  6. Merci pour votre analyse du film. Vraiment intéressante et très fine. Mais je trouve qu’il manque quelque chose. A la fin du film, leurs regards qui se croisent expriment plusieurs choses : leurs regrets quant à leur amour qui n’a pas survécu, leur bonheur de voir que l’autre est heureux et a réalisé ses rêves et un peu autre chose concernant Sébastian. Dans le film, on voit surtout Sebastian aidant Mia. Mais n’oublions pas que le succès du club de Sebastian vient du fait qu’il ait suivi les conseils de Mia : pas de poulet, et un nom court avec une note à la place de l’apostrophe. Je trouve que le film est un peu injuste envers Mia : on voit surtout combien Sebastian l’a aidée, on ne réalise pas à la première lecture combien elle l’a aidé. Et on oublie la raison pour laquelle il l’a aidée. Je pense que la fin idéale du film se passe dans la tête de Sebastian. Un indice : alors que leur histoire était dans une belle phase de construction, il avait reconnu qu’il avait été vraiment rude avec elle lorsqu’elle l’avait entendu jouer dans le bar où il avait été licencié. Cette culpabilité l’a envahi durant toute leur relation et lorsqu’il n’a pu être là lors de sa première au théâtre, il a voulu se racheter en l’aidant. Cette fin idyllique exprime ce qu’il sait qu’il n’aurait pas réussi à faire : il aurait voulu aimé vivre cette vie de famille avec elle, mais il ne se sent pas capable, comme vous l’avez écrit, de vivre parallèlement sa passion pour la musique et une vie familiale heureuse. Il préfère se réfugier dans ses rêves de vie idyllique, comme le font tant de gens. C’est pour cette raison qu’il avait cette longue hésitation avant de relever la tête et de la regarder en face et de la laisser partir avec un autre.

  7. « Ils sont plus individualistes, sceptiques vis à vis du mariage et de L’AMOUR ETERNEL, en quête de repères et d’un idéal qui, encore une fois, N’EXISTE PAS. »
    Ça vous n’en savez rien alors vous n’avez pas à l’affirmer comme ça

  8. Brrr je déteste la fin. Et oui, je suis conventionnelle, et oui j’ai besoin de fin heureuse. Et je n’en ai pas honte. Cette fin me déprime plus qu’autre chose après deux heures aussi belles et ce n’est pas ce sentiment que je recherche lorsque je veux me détendre. Pour moi, la vie est assez difficile comme ça, et ce genre de final gâche encore plus ma journée. Mon opinion est toute personnelle évidemment

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