Take Shelter : Explications de la fin du film

Explication rapide et signification des rêves

Plusieurs détails dans les rêves/hallucinations de Curtis suscitent l’attention.

La thématique du silence

Tout est lié au silence dans le film, ce qui créer une tension latente : la fille sourde, l’attente de l’orage.Commençons par les personnes qui remplissent constamment ses rêves. Sa fille, Hannah, semble y être présente de manière récurrente et ceci alors que, bien sûr, elle ne parle pas. En quoi la représentation de Hannah dans les rêves de Curtis suscite-t-elle une inquiétude grandissante ? Pourquoi le fait que Hannah soit sourde participe à cette tension évidente ? Jeff Nichols (à qui l’on doit aussi l’excellent Midnight Special) joue de manière évidente, dans le film, avec les non-dits et la représentation d’un silence qui, lui, signifie en réalité beaucoup. Il nous montre, par la même occasion, que les silences sont plus forts que toute autre représentation visuelle.

Au même titre que nous ne voyons jamais véritablement la menace qui pèse dans l’esprit de Curtis, nous nous l’imaginons. Et nous suivons Curtis dans cette soi-disant démence. Peu importe, finalement, qu’il soit fou ou non. Ce qui compte c’est l’intensité de son inquiétude et la répercussion qu’ a celle-ci dans son quotidien et auprès de ses proches.

La famille, thème posé en filigrane et pourtant précurseur du film

Bien que s’accaparant des allures de film de fin du monde à certains moments, Take Shelter met en avant une thématique pourtant évidente : l’importance du soutien familial et le jugement extérieur. La vulnérabilité de Curtis, c’est qu’il ignore s’il est sain d’esprit ou non. Cependant, il est assez sain pour se rendre lui-même compte de ce décalage et donc de se poser les bonnes questions à ce propos. Il va ainsi voir sa mère en placée en hôpital psychiatrique depuis ses 30 ans (Curtis a également la trentaine dans le film) pour lui demander comment ses hallucinations ont commencé. Il se trouve que sa mère est schizophrène et la manière dont elle raconte sa maladie ne ressemble en rien à ce que nous pensons que ressent Curtis.
Dès lors, nous savons qu’une différence majeure sépare leur degré de santé mentale : c’est que Curtis n’est pas réellement fou, et cela, finalement nous le sentons aussi.

Sa force mentale réside aussi, et surtout par le biais du soutien de sa femme, Samantha, incarnée par une Jessica Chastain bouleversante. Ce soutien nous fait d’ailleurs nous poser la question : jusqu’à quel point décidons-nous d’accepter le déséquilibre mental d’un proche ? Et comment pouvons-nous décider d’y faire face ? C’est à travers le thème de la famille que Jeff Nichols décide de faire surmonter à Curtis ce qu’il endure. Sa fille, sourde, semble davantage communiquer avec sa mère qu’avec lui, qui est beaucoup moins à l’aise dans la pratique de la langue des signes que sa femme. C’est ce manque de communication également qui lui prévaudra les interrogations et inquiétudes de sa femme. Enfin, c’est également ce manque de communication qui le poussera à un enfermement de lui-même. Malgré tous ces agissements étranges, et au même moment où nous pourrions penser que Curtis aurait pu susciter l’incompréhension de sa femme, c’est en réalité elle la première qui a été là pour le défendre, sans même trop poser de questions.
Take shelter qui veut ainsi dire « se réfugier » ne préconiserait donc pas un refuge physique mais un refuge psychologique qu’une entité telle que la famille est capable de tout faire surmonter finalement.

Malgré toutes les fautes commises par Curtis (il s’est endetté et a demandé un prêt à sa banque pour construire un abris qui n’est utile qu’une fois dans sa vie, peut être même jamais), sa femme; Samantha a  fait preuve de la plus grande complaisance à son égard et différents niveaux. A un moment du film, peu après qu’elle ait appris que Curtis souffrait de rêves étranges et se comportait de manière inexplicable, une tempête arrive enfin. Celle-ci survient au moment précis où l’abris est presque totalement construit, avec tout le matériel nécessaire à portée de main (des masques gaz respiratoire notamment).

Aussi, nous nous disons “enfin, le danger est arrivé et ils sont prêts à le recevoir”. Curtis se rue ainsi dans l’abri et y emmène sa femme et sa fille. Il propose de manière très insistante les masques à gaz à Samantha et Hannah. Samantha, n’y voyant pas du tout la nécessité, s’exécute tout de même, car elle comprend enfin les troubles de son époux, et les respecte. Après être restés, ce qui a paru comme quelques heures, à l’intérieur de l’abri, la tempête prend fin. Samantha est prête à remonter à la surface mais Curtis ne pense pas que le danger soit complètement hors de portée. C’est à ce moment que se passe une des scènes (si ce n’est pas la plus) fortes du film: elle lui demande d’ouvrir la porte. Chose qu’il se refuse radicalement à faire et dans la peur, confie les clefs à sa femme en lui proposant d’ouvrir à sa place. Ce qui aurait pu être réglé en quelques secondes, prend en fait plusieurs minutes car Samantha réplique à Curtis que c’est à lui, et lui seul d’ouvrir cette porte. Ceci étant s’il souhaite guérir, mais surtout s’il veut garder sa famille. Même si elle ne lui dit pas directement, c’est ce choix que Samantha lui donne.

C’est à ce moment que Curtis comprend que sa famille représente sa santé mentale, et que s’il veut effectivement “guérir”, il se doit d’ouvrir la porte seul.

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