#Venise2017 Journal de bord – Jours 5 et 6

Aujourd’hui, je vais vous présenter les 5 films que j’ai découvert lors des journées 5 et 6 de mon aventure vénitienne. Et au programme, il n’y a que du bon…

La journée de dimanche était chargée avec trois films. le premier, Foxtrot, film Israélien signé Samuel Maoz, était, avant même la projection, annoncé comme l’un des gros favori pour un prix en fin de festival. Pour quelles raisons ? Tout simplement parce que pour son tout premier long métrage, Lebanon, réalisé en 2009, le cinéaste avait obtenu… le Lion d’Or, la récompense suprême ici même.

Le film commence lorsque Michael et sa femme Dafna apprennent la mort de leur fils Jonathan par l’armée. Chacun à leur manière, ils seront bouleversés par l’évènement. Le film montre également diverses séquences de la vie des soldats. Je n’en dirais pas plus afin de ne pas révéler les éléments de l’intrigue, mais on peut découper la narration du film en trois parties.

Foxtrot est une réflexion sur le destin, les coïncidences, le contrôle que l’on peut avoir sur la vie des autres et sur la notre. Surtout, à travers Michael et Dafna, le réalisateur s’intéresse à l’impact psychologique que cela peut avoir, à nos réactions.

La partie du film dédiée aux soldats est formellement assez incroyable, par moments drôles, mais aussi moins forte émotionnellement. Bref, le film est intéressant, il a le profil pour remporter des prix, notamment la mise en scène, mais ce n’est pas forcément non plus un coup de coeur de mon côté.

J’ai enchainé tout de suite avec une deuxième projection, de The Leisure Seeker, de Paolo Virzi. Le film, porté par le magnifique duo Donald Sutherland / Helen Mirren, raconte l’histoire d’un couple “en fuite”, qui part pour un dernier roadtrip à bord de sa caravane plutôt que d’etre confrontés à la vie de soins à laquelle les promettent leurs enfants.

Leur voyage nous transportera dans de nombreux moments de rigolade, tant le duo fonctionne à merveille, et le ton est toujours juste. Le film nous montre deux personnes âgées, malades, mais avec un regard particulièrement empathique et humaniste. Même la maladie d’Alzheimer est traitée avec beaucoup d’humour, mais sans jamais manquer de respect. Paolo Virzi n’hésite pas à nous offrir des moment plus dramatiques, notamment sur liés à cette maladie, et nous offre un très beau film, léger, divertissement, mais jamais creux.

Pour terminer la journée, j’ai été voir Ex Libris. The New York Library, un documentaire de Frederick Wiseman d’une durée de plus de trois heures et sélectionné en compétition officielle. Outre sa présence en compétition avec des oeuvres de fiction, ce qui m’a intrigué, ce sont les notes données par les internautes pour ses précédents films. La réalisateur, que je ne connaissais pas, semble être une légende et ses oeuvres à chaque fois acclamées par la critique.

Je me suis don laissé tenter par ce film qui explorer les coulisses et le fonctionnement d’une institution bien plus complexe et moderne que l’on peut l’imaginer : La bibliothèque de New York. On découvre, grâce au film, que cette bibliothèque est par exemple composée de 92 branches différentes éparpillées un peu partout dans New York, et que sa mission va bien au-delà de la simple offre de livres. Des conférences, des débats, des évènements divers et variés se déroulent chaque année dans les lieux. L’administration n’est pas statique, et au travers de discussions filmées et de reportages, nous découvrons les nombreux projets de modernisation, de numérisation, et les réflexions qui vont avec, que ce soit des aspects culturels, politiques et budgétaires.

Le film est passionnant, bien qu’un peu long, et nous fait vraiment découvrir le rôle que peut jouer aujourd’hui une institution qui a évolué avec le temps et qui n’est plus du tout comme la bibliothèque de notre enfance. Pour le moment, j’ai trouvé l’ensemble des films en compétition de qualité, mis à part Suburbicon de George Clooney, mais aucun ne m’a paru être un “Game Changer”. Ex Libris étant très différent, il pourrait venir bouleverser la donne des récompenses et récompenser un artiste d’expérience.

Jour 6 – Deux coups de coeur

Seulement deux films au programme de ce jour, mais je dois bien avouer que j’ai passé deux belles séances. Le premier est, je vous mets au défi de  retenir le titre, Three billboards outside Ebbing, Missouri de Martin McDonagh. Il s’agit du réalisateur de Bons baisers de Bruges et Seven Psychopats. Rien de bien exceptionnel, j’étais donc assez surpris de voir le film sélectionné par ici. Je dois avouer que j’ai été surpris, et le film, même s’il n’est pas particulièrement original, est très réussi. La mise en scène est très propre, mais c’est ailleurs que le film trouve sa richesse. Il y a d’abord les performances de Frances McDormand et Sam Rockwell. La première pourrait bien se retrouvée sélectionnée aux Oscars pour son rôle de mère en colère, prête à tout pour trouver les meurtriers / violeurs de sa fille. Le second, un acteur que j’aime beaucoup, joue un flic violent, un peu raciste (Comme pas mal de monde à Ebbing il semblerait), qui n’accorde que peu de réflexions à ses actions et aux enquêtes.

L’autre point fort du film, c’est son scénario. Comme Suburbicon, il traite de crimes, de haine raciale, des troubles de l’Amérique d’aujourd’hui et de la colère qui en découle. Mais là où Clooney semblait légitimiser cette colère, presque l’embrasser, Martin McDonagh nous montre progressivement que ce n’est pas la solution. Non, la colère ne résout pas les problèmes, même lorsque l’on pense être dans son bon droit, comme le viol de sa fille. Laisser la colère dominer, c’est envenimer les choses, créer des conflits inutiles, une violence inutile, répéter encore et encore les mêmes erreurs dans une escalade qui peut être sans fin. Tout cela est abordé de façon très juste, dans une film très sobre, bien écrit, et qui se paye même le luxe d’être par moments très drôle, grâce à des répliques et des situations très bien pensées, mais jamais ridicules ou too much. Un très beau film.

Le soir, j’ai été voir The Third Murder, du réalisateur japonais Kore-eda Hirokazu. J’aime beaucoup le travail de ce cinéaste, notamment le film Tel père tel fils, qui avait remporté le grand prix au Festival de Cannes il y a quelques années. J’attendais le film avec une certaine impatience, surtout que le sujet semblait assez différent de ce à quoi le réalisateur nous a habitué.

Alors que la famille, et le rapport parent-enfant, est l’un de ses thèmes de prédilection, The Third Murder est comme, son nom l’indique, une histoire de meurtre. Le film commence d’ailleurs avec le meurtre commis par Misumi sur son patron. L’avocat Shigemori va prendre la défense de l’homme, qui plaide coupable. Il va mener enquête pour tenter d’amoindrir la peine de l’homme qui a déjà fait de la prison pour un double homicide commis plusieurs années plus tôt.

Au final, même si le film propose une intrigue un peu différente de ce que le cinéaste nous a proposé habituellement, on retrouve quand même la thématique du rapport parent-enfant via de multiples personnages. La réalisateur propose une réflexion complexe sur la justice. Un meurtre peut-il être juste ? La peine de mort est-elle un meurtre ? Qu’est ce qui défini le bien du mal ? Qu’est-ce qui rend une action juste ? Et surtout, peut-on vraiment répondre à ces questions, que ce soit sur le moment, ou 20 ans plus tard ? Kore-eda nous présente également un regard assez sombre sur la justice du système, celle des procès, des avocats, des juges, des témoignages, des grandes déclarations, mais pas forcément celle de la vérité.

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