L’Etrange Festival est une superbe occasion pour découvrir des films totalement WTF, des pépites de cinéma fantastique, des délires de science fiction. Voici une critique de LOWLIFE, présenté en Compétition Internationale 2017.
LOWLIFE est particulier car c’est un film d’action, en même temps une comédie, et surtout un drame. Quelque soit l’étiquette qu’on souhaite lui coller, le premier long métrage de Ryan Prows est une franche réussite !
J’ai adoré. Explications.
Le pitch
El Monstruo est un catcheur qui incarne pour beaucoup le défenseur des opprimés. Pourtant, accompagné d’un ancien taulard et de sa femme héroïnomane et enceinte, il se lance dans un trafic d’organes qui dégénère.
Un super premier long métrage
Le synopsis du film reste finalement très vague. Le catcheur pourtant en “tête de pitch” n’est pas le personnage le plus important du film, du moins c’est ce que l’on pense. Il est le fil rouge, celui sans qui l’histoire ne serait qu’un simple drame trop sérieux. Car ce qui fait la richesse du film de Ryan Prows ce sont les personnages tous aussi excentriques que réservés, qui crèvent l’écran.
Sur la forme, le boulot de l’équipe du film est excellent ! La réalisation est top et ponctuée de nombreuses bonnes idées, les acteurs sont supers bons, et l’histoire mérite d’être suivie. Quand le réalisateur annonce que le film a été porté à bout de bras par une bande de six potes, on comprend vite que toute leur énergie a été transmise dans les images, dans les situations, dans l’écriture des dialogues, dans les effets spéciaux.
Si tout n’est pas parfait, l’ensemble a de la gueule grâce aux talents et à l’envie de faire un truc spécial. La comparaison avec la filmographie de Tarantino se fait sentir : un montage à la PULP FICTION, une équipe de looser à la RESERVOIR DOGS, des personnages caricaturaux appréciant les monologues… Il serait toutefois dommage de réduire le boulot de l’équipe du film à cette simple comparaison, car il est bien plus que cela.
De bonnes tranches de rigolades sur un fond malgré tout sérieux
L’introduction du film nous plonge dans une soirée très sombre où l’on découvre un flic corrompu qui enlève des immigrants mexicains pour les balancer dans un horrible trafic d’organe et sexuel. Pas très sympathique comme univers… Assez rapidement, les protagonistes se diversifient et sont tous plus bizarres les uns que les autres : le catcheur ayant raté sa vocation et particulièrement stupide ; le mafieux trafiquant d’humain que tout le monde redoute ; la taulière de motel acceptant des immigrés ; la femme enceinte héroïnomane ; le comptable soit-disant rangé qui détourne de l’argent ; l’ex-taulard “multi-culturel”…
Avouez que le potentiel comique du film est énorme et repose beaucoup sur ces personnages. Sont-ils réussis ?
Une sacré brochette de looser me direz-vous. Et vous avez raison ! Car ce qui ravage le quotidien de tous ces personnages, c’est les ratés. Le mafieux à la tête d’un empire est en faillite, le catcheur n’a plus de ring, et j’en passe. Le point commun que montre le réalisateur reste la misère et la difficulté de s’en sortir, sans pour autant être juge ou partie. Ryan Prows nous montre la vie des criminels d’en bas, ceux qui vivent une vie de chien. Des low life… ?
C’est en cela que le fond du film est sérieux : les thématiques sont graves, il y a un vrai sens du drame. Et malgré tout, le ton général est souvent léger, que se soit dans les dialogues ou en particulier dans les situations comiques.
A plusieurs reprises, les situations sont hilarantes ! Le montage y est pour beaucoup. Les situations cocasses voire carrément absurdes apportent une légèreté bienvenue à un film qui aurait pu tomber dans la pure horreur trash. Au-delà du comique de situation, les dialogues sont biens sentis et collent parfaitement aux différents personnages.
THE LEGACY IS ALL!
La vedette du film est certainement El Monstruo (Ricardo Adam Zarate). Il est l’incarnation de la comédie dans cette tragi-comédie. Mais force est de constater qu’il partage l’écran avec Randy (Jon Oswald). Je ne peux pas vous en parler d’avantage, car il s’agirait d’un énorme spoiler 🙂
Pour les autres acteurs, les deux meilleurs sont Mark Burnham (vu dans Wrong Cops) qui incarne le risible mais pourtant terrifiant Teddy Bear Haynes, ainsi que Nicki Micheaux en Crystal qui porte la tragédie sur ses épaules.
LOWLIFE est un film dont je vais me souvenir longtemps. Son ambiance, son caractère, ses acteurs, ses situations délirantes. Tout est fait (et en bien) pour captiver. Un futur classique qui mérite de l’attention !