le Caméléon de Jean-Paul Salomé

Piètre cinéaste, Jean-Paul Salomé après son médiocre Les Femmes de l’Ombre, s’est offert le luxe d’une aventure internationale en réalisant Le Caméléon une co-production Franco-Américaine, inspiré d’un fait divers passionnant celui de l’imposteur Frédéric Bourdin, interprété par l’excellent Marc-André Grondin ( C.R.A.Z.Y , Le 1er Jour du Reste de ta Vie…), malgré tout les aprioris négatifs que je pouvais avoir la curiosité et l’intérêt que je pouvait porter à ce récit ont eu raison de ma bonne conscience cinéphile et j’ai voulu juger par moi-même . Et c’est sans regrets, puisque je doit m’avouer très agréablement surpris dans le sens ou il me semble que Salomé livre sa meilleure copie mais surtout je trouve que l’on a affaire à un bon film .

De ce fait divers troublant et complexe , Salomé livre un film triste, désespéré et somme toute touchant…Il y a une réelle compassion pour les personnages de ce récit tous ou presque brisés à un moment donné de leurs existences, et les choses sont pour chacun plus complexes qu’elles en ont l’air : c’est la à mon avis la meilleure surprise de ce Caméléon .

Le personnage principal est à la fois un imposteur, menteur et manipulateur mais aussi une victime de son passé, en perpétuelle recherche d’affection, qui a défaut d’avoir reçu l’amour dont il aurait eu besoin pendant son enfance va le chercher dans une autre famille en prenant la place du fils disparu 4 ans plus tôt et quand les choses ont dérapées et lorsqu’il est démasqué c’est en tentant d’aider l’agent du FBI qui a mis fin à son imposture qu’il va rechercher une once d’affection de sa part . Au final il devient davantage un personnage en quête d’amour et d’affection plus qu’un manipulateur mythomane .

Le désespoir est encore plus marqué chez les personnages de la mère et la sœur qui pour la première essaye de s’enlever la culpabilité avec laquelle elle vit et rattraper son échec en tant que mère avec son vrai fils et son ainé à travers ce « revenant » dont on sent vite qu’elle sait que ce n’est pas son fils tandis que sa sœur se refuse à voir la vérité et l’imposture qui se trame et veut croire en une famille à nouveau unie .

La force qui émane de ces personnages doit aussi à la qualités des interprètes globalement tous au point, Marc-André Grondin dans le rôle titre parvient habilement à jongler entre le statut de victime et manipulateur, en mélangeant force et fragilité réelle . Ellen Barkin dans un rôle pas évident de mère accros aux penchants autodestructeurs livre une composition saisissante à partir d’un personnage irritant mais touchant dans son pathétisme .

Après la mise en scène de Jean-Paul Salomé assure le boulot on va dire, il y a des tics dispensables par moments notamment au niveau des effets de transition et le montage qui a partir d’un certain moment alterne deux périodes aurait à mon avis gagné en efficacité sur une structure plus classique mais bon peu importe il me semble que le cinéaste fait ici son meilleur travail .

J’ai apprécié aussi la bande-originale du film qui colle assez à la complexité et au trouble instigué par le personnage principal .

Certes le film aurait pu être encore supérieur entre les mains d’un meilleur cinéaste possédant un style propre et une vision des choses, mais qu’on se le dise des films que j’ai vu au cinéma ces derniers temps celui-ci est peut-être celui que je m’attendais le moins à défendre : une vraie bonne surprise et un film solide en ce qui me concerne .

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