Il y a une fraction de décennie, Facebook n’existait pas. Aujourd’hui, l’humanité interconnectée y passe plus de 700 milliards de minutes par mois. Comment est né le géant aux 500 millions d’utilisateurs et aux 10 milliards de dollars de valorisation ? Quelle est l’histoire de sa création avec son chaos nécessaire d’amitiés et de trahisons ? Basé sur le livre de Ben Mezrich « The Accidental Billionaires » (déjà auteur de Bustin Vegas sur les étudiants du MIT qui se sont amusés à jailbreaker les codes du black jack pour mieux ruiner les casinos), la dernière réalisation de David Fincher regarde cette épopée au rétroviseur en alternant la genèse de Facebook et le procès entre les auto-proclamés fondateurs qui aura lieu quelques années plus tard. Si la technique cinématographique est bien connue (petite pensée à Coppola et son Parrain II), elle demeure efficace. Se succèdent sans coup férir la familiarité des chambres des sophomores d’Harvard avec la cauteleuse salle d’avocats.
A l’image de la première scène qui ouvre le film, le scénario est ciselé. Signé Aaron Sorkin, fin screenwriter de The West Wing, il dévoile dans les tirades de Mark Zuckerberg la personnalité complexe et complexée du futur créateur de Facebook, sorte de génie inhibé, Claude Frollo style. Porté sur grand écran, on aurait pu craindre la caricature à l’emporte-pièce, caprice typiquement hollywodien. A l’inverse, le film brosse des portraits contrastés dont ne se sauvent ni méchants, ni bons, mais des personnages injustement vrais. Assurément les événements sont romancés, mélangeant drogue, sexe et geek’n roll. Toutefois le scénario avance une mécanique éclairante, cruelle dans ce qu’elle a d’humain, où triomphe sans reste la confusion des sentiments entre Mark Zuckerberg, son bestie Eduardo Saverin, son mentor Sean Parker ou son ex Erica. Il pointe aussi du doigt cette face de Janus qu’à la succès éclair, euphorique et brisant, brusque et implacable, faisant du jour au lendemain des marmots de la Harvard des milliardaires en puissance.
On attendait de David Fincher (Seven, Fight Club, Zodiac, Benjamin Button tout de même) de transcender cette success story, et c’est réussi.
Je ne vois le film que lundi, mais félicitations pour cette critique très bien écrite et très professionnelle.
Merci Alexandra:)
c’est vrai qu’on aurait pu tomber dans la caricature.. finalement ça a été évité 🙂
http://critique-ouverte.blogspot.com/2010/10/social-network-la-verite-sur-zuckerberg.html