Critique du livre L’étrange vie de Nobody Owens de Neil Gaiman

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Neil Gaiman est un auteur à part dans l’univers de la SF/Fantasy actuel. Non content d’accumuler à la pelle les récompenses pour ses œuvres (prix Hugo, Bram Stocker et on en passe…) , c’est aussi un auteur complet, qui a touché à de nombreux domaines. Il a su s’illustrer aussi bien dans la littérature SF/Fantasy avec des œuvres telles qu’American Gods, Neverwhere ou De Bons Présages (en duo avec Terry Pratchett, excusez du peu), dans l’univers des comics (est-ce la peine de citer The Sandman ?), mais aussi au cinéma. Présence au cinéma double, d’un part comme scénariste (Beowulf), mais aussi comme auteur adapté (Coraline, Stardust…).

nobody_owens_neil_gaimanC’est donc toujours avec grand intérêt que l’on attend le dernier ouvrage d’un tel grand monsieur.

L’étrange vie de Nobody Owens (The GraveYard Book en V.O) est l’histoire d’un jeune garçon prénommé Nobody Owens, rescapé du massacre de sa famille par un personnage mystérieux, « le Jack ». Recueillit par les fantômes du cimetière voisin, le jeune Nobody sera élevé par ces derniers. Le roman va donc nous raconter l’initiation de ce jeune homme, ses aventures dans la découverte de la vie et sa lutte avec le « Jack ».

Rien que dans la rapide présentation du pitch, l’imagerie que l’on pourrait qualifier de « Burtonienne » est bien présente et ancrée. Des morts qui vivent, élèvent un enfant dans un cimetière et qui sont finalement plus accueillants que les vivants, tout cela n’est pas sans rappeler des Noces Funèbres ou bien un Etrange Noël… Bien que cette imagerie disparaisse progressivement des œuvres de Tim Burton (est-ce un bien ? Un mal, là n’est pas la question), autant dire que Neil Gaiman la prolonge, sait en jouer admirablement avec des touches nouvelles et humoristiques (on pensera à chaque personnage décédé présenté par son épitaphe par exemple). Cette touche que l’on pourrait qualifier de macabre déjà présente dans un Neverwhere, un Coraline, un Sandman et surtout dans certaines nouvelles de Miroirs & Fumées est ici remarquablement effectuée, de telle sorte que l’on se sent présent avec les héros dans ce monde.

L’ambiance ne fait cependant pas tout, et malgré cette dernière décrite avec brio par Gaiman, l’histoire quand a elle est assez simple et n’est pas sans rappeler Coraline. Cette critique quelque peu simpliste peut aussi être interprétée dans le sens où ce sont les ouvrages à destination des plus jeunes de Gaiman. De fait, on retrouve donc des clés similaires entre les deux (notamment la liberté d’esprit du héros, l’aide qu’il reçoit de personnages extraordinaires…). Ces caractéristiques sont aussi dans un sens des canons de toute œuvre tendant vers le conte, donc rien n’est dramatique (l’âge de votre serviteur doit jouer dans cette vision un peu négative de l’œuvre).
L’étrange vie de Nobody Owens n’est cependant pas dénué d’originalité, originalité résidant dans les différents univers abordés durant l’histoire. En effet, notre ami Nobody va être confronté à de nombreux dangers qui l’emmèneront dans des lieux aussi étranges que variés. Ces pérégrinations rappellent les voyages vécus par des Harry Potter, personnages du monde de Narnia & co… Ce clin d’œil, cette utilisation de ces univers au sein de l’univers « burtonien » pourrait expliquer la réussite de cette œuvre et ses succès aussi bien commerciaux que critiques. En quelques pages (un cinquième d’un maigre Harry Potter), Neil Gaiman sait nous transmettre son univers, ses codes, tout en jouant avec les canons des contes de fées et des œuvres « à grand succès » de la littérature enfantine. Nobody Owens est donc une œuvre complète et riche.
En conclusion, l’étrange vie de Nobody Owens est une pierre importante dans la vie littéraire de Neil Gaiman avec Sandman, American Gods et Stardust. L’étrange vie de Nobody Owens marque la consécration de Neil Gaiman comme grand maître de la littérature enfantine, maître ne perdant pas en chemin ses codes plutôt adultes appréciés des aficionados. Cependant, on peut reprocher à l’œuvre d’être peut-être trop ancré dans le rêve et pas assez dans la réalité. Une grande majorité des nouvelles et romans de Gaiman incluaient le fantastique au sein du quotidien de chacun (son chef d’œuvre à ce niveau est Neverwhere). Avec ce dernier roman, on a plutôt l’impression que c’est plus le quotidien qui tente d’entrer dans le fantastique, la balance s’inverse et l’on y perd un peu d’immersion, de rêve que Gaiman sait pourtant si bien nous offrir…

 

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2 commentaires
  1. ce sont les ouvrages à destination des plus jeunes de Gaiman. De fait, on retrouve donc des clés similaires entre les deux

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