L’œuvre de René Barjavel est unique dans le paysage littéraire français. Il est ainsi l’un des tout premiers auteurs de science fiction français, dans les années 40, même s’il doit attendre la fin des années 60 et la parution de La nuit des temps pour devenir un auteur populaire.
Sur l’étendue des terres glacées, une équipe de chercheurs français sonde les profondeurs du pôle Sud. Un phénomène incroyable se produit : un signal est détecté. Sous plusieurs mètres de glace, deux corps en hibernation vieux de plus de 900 000 ans sont retrouvés. Alors que les regards du monde entier sont tournés vers cette découverte, les scientifiques essaient de ranimer les deux êtres endormis. La légende d’Eléa et Païkan, amants de l’eternel, peut commencer…
L’histoire de La nuit des temps repose sur une idée de science fiction. Cependant, comme dans beaucoup de livres de Barjavel, c’est avant tout à une grande histoire d’Amour, pleine de poésie, que nous allons avoir à faire en dévorant les pages de La nuit des temps.
L’action du livre prend place dans les années 60, durant lesquelles le livre a été écrit, et malgré un ancrage très prononcé dans son époque (bombe atomique, rivalité entre deux grandes puissances, révolte étudiante, communisme…), son propos reste universel, moderne. On peut même dire qu’il était visionnaire puisque La nuit des temps, qui relate une révolte étudiante violente contre un gouvernement, a été écrit plusieurs mois avant Mai 68.
Sans trop entrer dans les détails du récit, La nuit des temps ne nous raconte pas que la découverte faite par les scientifiques dans les profondeurs du pôle sud. Très vite, une deuxième intrigue vient se greffer à celle-ci : Celle du monde d’Eléa et Paikan, vieux de plusieurs millénaires. On lorgne alors très clairement dans une ambiance de récit d’anticipation, Barjavel utilisant des menaces et idéologies de l’époque pour décrire la chute d’un monde apparemment utopique.
Pourtant, au fil des chapitres, cela devient évident, même si tout cela est très bien traité et vraiment passionnant, ce qui l’intéresse vraiment, c’est de raconter une grande histoire d’amour, celle d’Eléa et Paikan. Les moments qu’ils partagent dans le livre sont tous plus beaux les uns que les autres et nous transportent autre part.
Cette réussite est due à la poésie de René Barjavel, qui sait très bien utiliser la langue française et qui arrive du coup très facilement à faire vivre des émotions fortes. Cette poésie se retrouve aussi en Simon, le personnage auquel le lecteur s’identifie tout de suite, celui-ci tombant amoureux d’Eléa dès qu’il la voit. Un exemple qui illustre le talent de Barjavel est la beauté d’Eléa. Celle-ci est parfaite retranscrite dès le début du livre, et ce malgré l’absence de véritable description. Au contraire, grâce à la subtilité de Barjavel, on se fait notre propre image de cette beauté parfaite, et je fus notamment particulièrement surpris lorsque la couleur de cheveux d’Eléa est révélée, moi qui l’avais imaginée très différente. Les « seconds rôles » ne sont pas en reste, la relation entre l’américain Hoover et la Russe Léonova étant source de nombreux passages très rafraichissants.
Créativité, humour, amour, érotisme, discours idéologique, poésie… René Barjavel, avec cette œuvre fondamentalement pacifiste, nous offre tous les ingrédients pour passer un moment inoubliable.
A quand une adaptation au cinéma !!!???
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