L’homme qui voulait vivre sa vie est un roman écrit par Douglas Kennedy en 1997. En isolant ses récits de voyage et Cul de Sac (réédité sous le titre Piège Nuptial) que l’on pourrait plutôt qualifier de nouvelle, on peut estimer que l’homme qui voulait vivre sa vie est le premier roman de Douglas Kennedy… et certainement le plus réussit de tous.
Synopsis
Ben Bradford est un modèle de réussite sociale. De la pression parentale cherchant à le détourner de ses ambitions artistiques, il a fait le moteur de son ascension vers les hautes sphères de Wall Street. Ben Bradford lutte, et pourtant, il est bien obligé de se rendre à l’évidence : “réussir”, “le plus américain des verbes”, le fait vomir. Ce n’est pas avec fierté qu’il pose son regard sur la somme de ses possessions, mais en détaillant chaque objet par le menu, connaissant son prix au dollar près, contraint d’admettre que sa frénésie de consommation dissimule mal un terrible besoin de se sentir exister. Sa luxueuse banlieue l’oppresse et croule sous l’épaisse couche de vernis de l’american way of life qui ternit pourtant un jour à la faveur d’une sordide histoire d’adultère. Et là, Ben Bradford commet l’irréparable. S’ensuit une fuite éperdue, l’adoption forcée d’une nouvelle identité, et la révélation d’un destin qui s’épanouit malgré lui.
On peut reprocher à Douglas Kennedy de rédiger des romans « facile ». Douglas Kennedy est un auteur publiant en effet régulièrement des ouvrages plutôt facile d’accès avec un style très simple à lire. Ce style est donc agréable, au détriment d’une réelle volonté de « bien faire ». Cela n’empêche pas le roman de se lire facilement (cela aide même), et de faire passer un message fort, message qui est au cœur du livre.
Parce que c’est le message de ce roman qui est important, et très bien amené. Comme on peut le retrouver dans de nombreux films de Woody Allen, ce roman incite à mener la vie que l’on souhaite, au-delà de la vie qui nous est imposée. La puissance de la pression sociale est sensible dans tout l’ouvrage, au même titre que la puissance de Big Brother dans 1984. Et la bataille que mène le héros de Douglas Kennedy est justement de lutter contre cette pression, non seulement pour sauver sa vie, mais aussi pour « vivre sa vie ». La poursuite des rêves, de ses passions au-delà d’une vie « rangée » est le cœur de ce livre. Le message que passe Douglas Kennedy (et il le passe particulièrement bien) dans l’homme qui voulait vivre sa vie est une incitation à vivre une vie sans regrets, selon ses envies, sa façon de voir les choses. En somme, pour reprendre des terminologies philosophiques, l’ouvrage incite à mener une vie bonne et non une vie réussie. Pouvoir se permettre de faire ce que l’on aime et non ce que la société nous pousse à faire est le message de ce livre (comme on peut le retrouver avec succès dans Whatever Works, mais avec échec dans Vicky Christina Barcelona, deux films de Woody Allen qui tient décidément ce sujet aussi très à cœur).
En somme, vivez chaque jour comme si il devait être le dernier et ne regrettez rien, tentez vos rêves, sans attendre qu’un drame vous y pousse, c’est le message de l’Homme qui voulait vivre sa vie. Ce message qui peut paraître hédoniste est en fait très humain, incitant les lecteurs à mener leurs vies comme ils l’entendent, et non pas comme la société veut vous la faire vivre. L’homme qui voulait vivre sa vie de Douglas Kennedy est donc un livre qui ne passe pas inaperçu, qui fait réfléchir malgré un style perfectionnable, et c’est ce qui fait sa force.
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L’un des meilleurs roman du monde pour caler une table,servir de planche à découper,assommer un cambrioleur,taper sur un chien,taper sur un inspecteur des impôts, pour faire un cadeau à sa belle-mère, pour dépouiller une vieille en la menaçant de lire un passage, pour allumer un feu,pour allumer un deuxième feu, pour allumer une 3ème feu, pour illustrer la collection Arlequin, pour s’en servir quand malheureusement il n’y plus de papier, pour mettre fin à la littérature.
Mais malgré tout ce que je viens d’énoncer plus haut, je suis absolument ravi que des gens se soient échappés un peu grâce à ce livre, parce que très objectivement, ce n’est pas parce que je le considère comme un des plus mauvais livre jamais écrit, avec une intrigue de roman Arlequin et la psychologie de la Petite Sirène de Disney (“Aaaaah, comme ce doit être bien de pouvoir vivre sa vie !”), que ce livre ne doit pas exister. En effet, il doit, parce que chacun doit pouvoir trouver son compte sur les étals des libraires, et que si on interdit ce livre pour crime de nullité, pourquoi ne pas interdire Bret Easton Ellis pour subversion , c’est tout aussi recevable.
Et je n’ai eu que de bons avis sur le film d’Eric Lartigeau.