Critique Beaucoup de bruit pour rien de Joss Whedon

Clark Gregg

En 1993, Kenneth Branagh avait déjà adapté Beaucoup de bruit pour rien avec un film très réussi. Joss Whedon, juste après le tournage d’Avengers, a voulu se détendre en tournant sa version de la pièce de Shakespeare, en 15 jours, dans sa maison, avec ses amis et comédiens Amy Acker, Alexis Denisof, Clark Gregg ou encore Nathan Fillion. De quoi faire un bon film ?

Synopsis

De retour de la guerre, Don Pédro et ses fidèles compagnons d’armes, Bénédict et Claudio, rendent visite au seigneur Léonato, gouverneur de Messine. Dans sa demeure, les hommes vont se livrer à une autre guerre. Celle de l’amour. Et notamment celle qui fait rage entre Béatrice et Bénédict, que leur entourage tente de réconcilier tout en essayant de déjouer les agissements malfaisants de Don Juan.

Critique du film

J’aime beaucoup ce que fait Joss Whedon. Comme beaucoup de personnes de ma génération, je suis passé à l’âge adulte en même temps que Buffy et sa bande. Pas très fan des films Marvel, j’ai même beaucoup aimé The Avengers, grâce à la patte Joss Whedon. Pourtant, j’étais très sceptique vis à vis de ce Beaucoup de bruit pour rien. Il faut dire suis un fan de longue date de la version de Keneth Branagh. Dans un premier temps, je vais essayer de me concentrer sur le film de Whedon, puis, dans un second temps, j’en viendrais forcément à la comparaison entre les deux adaptations.

Avec un film tourné en quinze jours seulement, on pouvait craindre sur la qualité du film, et notamment de la mise en scène. C’est pourtant l’un des points forts du film. La choix du noir et blanc, déjà, est très judicieux. Il ne nuit pas du tout aux scènes de comédie et contribue à la noirceur des moments plus dramatiques. Ensuite, comme Joss Whedon a tourné chez lui, il a du très vite savoir ou poser sa caméra, comment obtenir un beau plan… Plusieurs séquences, sont, du coup, très bien filmées, avec de très beaux cadres et de beaux mouvements de caméra. Elles sont d’ailleurs nombreuses à être en plans séquences ou, au moins, à avoir très peu de coupures.

Amy AckerCette mise en scène permet aussi de mettre en valeur le jeu des acteurs. Amy Acker est absolument géniale dans le rôle de Béatrice, tout comme Alexis Denisof en Benedict. Ils récitent leur dialogue avec beaucoup d’aisance, mais surtout, ils jouent avec leurs corps. Et Joss Whedon doit y être pour quelques chose. Il n’a pas pu écrire un seule dialogue, lui pourtant si bon à ce jeu. Du coup, il compense avec une écriture visuelle très intelligente et très drôle. Le reste du casting est correct sans être particulièrement inoubliable.

Passons maintenant à l’inévitable comparaison entre les deux œuvres. Même pour moi qui suis un grand fan de la version de Kenneth Branagh, il est très difficile de les départager. Au niveau de la mise en scène pure, Whedon a surement plus de génie et plus d’audace, mais Branagh ne démérite pas non plus. La version du réalisateur d’Avengers est peut être un peu mieux rythmée. Si ce sont les séquences de comédie les grands moments de l’œuvre de Shakespeare, le cinéaste a quand même accordé beaucoup de soin aux passages dramatiques. Du coup, le film ne souffre pas de temps morts. Dans la version de Branagh, on sent clairement que c’est la comédie qui l’intéresse et les moments plus tragiques manquent de vigueur.

Au niveau de l’interprétation, c’est par contre l’œuvre de Kenneth Branagh qui l’emporte et de loin. Si Amy Acker offre une prestation vraiment très convaincante et réussie de Béatrice, Alexis Denisof, malgré de très bonnes choses, n’a pas le talent et les mimiques Kenneth Branagh (le réalisateur jouait lui-même le rôle de Benedict dans son film). C’est encore plus flagrant avec le reste du casting. Denzel Washington interprétait un Don Pedro hyper charismatique dans la version de 1993, Keanu Reeves était surprenant en Bad guy plein de noirceur et de mélancolie tandis que Robert Sean Leonard et Kate Beckinsale incarnaient la perfection dans leurs rôles naïfs d’amoureux que sont Claudio et Hero. Enfin, malgré toute l’affection qu’on peut lui porter, Nathan Fillion se fait surclasser dans le rôle déjanté de Dogberry.

Très similaires et très différentes en même temps, les deux adaptations se complètent et méritent d’être vues. Merci au distributeur Jour2Fête d’avoir parié sur ce film très réussi. Pendant ce temps-là, Kenneth Branagh s’est perdu à Hollywood avec The Ryan Initiative, qui sort aussi le 29 janvier dans les salles françaises. Si on ne devait en choisir qu’un, on hésiterait pas une seule seconde !

Bande annonce Beaucoup de bruit pour rien VOST

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2 commentaires
  1. Les acteurs sont certes pas ouf par rapport à la version de Branagh, mais quel plaisir de revoir ces acteurs vus dans Buffy, Firefly, Dollhouse…c’est un peu comme notre famille aussi, et on prends vraiment beaucoup de plaisir à les voir jouer une fois de plus ensemble 🙂

  2. Oui c’est clair. Par contre, autant j’ai pas ressenti ça pour les autres, autant, à chaque fois que je voyais Clark Gregg, je voyais Coulson c’était horrible… Surtout que les rôles de “père bienveillant” sont assez proches !

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