#Deauville2016 : Miles Ahead de Don Cheadle

Il y a deux ans, Don Cheadle, plus connu pour son rôle de War Machine dans le Marvel Cinematic Universe, a surprit tout le monde en lançant une campagne de financement participatif afin de réaliser un film sur son idole : Miles Davis. Explosant les objectifs initiaux, il était donc évident que ce film allait se faire, avec Don Cheadle devant, et derrière la caméra pour la première fois. Tentative réussie ?

Synopsis

Fin des années 1970. À l’apogée de sa carrière, Miles Davis, précurseur du jazz moderne, disparaît du devant de la scène pendant cinq ans. Seul et reclus, il souffre d’une douleur chronique à la hanche, son talent est mis à mal par les drogues et les analgésiques, et les fantômes du passé ne tardent pas à venir le hanter. Lorsque Dave Braden, un journaliste musical particulièrement rusé, réussit à faire le forcing pour entrer chez l’artiste, une complicité s’installe entre les deux hommes : ils vont tenter ensemble de récupérer un enregistrement volé des dernières compositions du musicien. Le comportement imprévisible de Miles Davis est aggravé par les souvenirs de son mariage raté avec la belle et talentueuse danseuse Frances Taylor qui fut aussi sa muse…

Critique

miles_ahead_stageDifficile d’être original aujourd’hui dans la proposition d’un biopic musical. Sur ce point, le choix de Cheadle a été bon de ne pas raconter la vie entière de Miles (comme on peut le voir dans Ray, Amadeus ou encore Get On Up). Miles Ahead va donc uniquement se concentrer une période bien spécifique, usant au besoin de flash back pour expliquer les raisons qui ont amené le héros à sa situation actuelle. Choix plutôt courageux donc, et ce d’autant plus pour un premier film.

La période retenue n’est pas celle où Miles a le plus brillé, au contraire, Cheadle nous raconte le moment « off », entre 1976 et 1981, quand le jazzman est totalement sorti des radars, afin de 1/ régler ses problèmes avec la drogue et 2/ revenir à la musique. De part ce choix narratif, on ne peut que saluer Don Cheadle qui s’expose à de nombreux risques pour une première expérience.

Malheureusement, peut-être parfois vaut-il mieux ne pas prendre de risques pour démarrer. Rappelons-nous que Picasso a démarré par les chevaux avant le cubisme et Van Gogh par des natures mortes et des scènes de la vie paysanne avant les tournesols et la nuit étoilée. Il suffit de voir le In Dubious Battle pour voir que James Franco a parfaitement intégré cette règle, et si aujourd’hui sa patte manque de folie, c’est en maîtrisant les règles qu’il pourra mieux les casser à l’avenir. Pourquoi cette digression ? Tout simplement car Don Cheadle a cherché à casser les règles avant même de les avoir maîtrisées. Le choix évident de casser le rythme et la temporalité du film est un choix tranché, et terriblement dangereux quand on ne maîtrise pas les bases, ce qui semble être le cas de Cheadle.

miles_ahead_shootCe choix, cette construction peut certes s’apparenter à la musique jazz de Davis, obtenant ainsi une certaine résonance entre la réalisation et les compositions de l’auteur de Kind of Blue. Si c’est le cas, la  proposition est tout à l’honneur de Cheadle, mais ne corrige pas pour autant les erreurs suscitées.

Devant la caméra, si l’on apprécie toujours autant le jeu d’Ewan McGregor et l’on admire celui d’Emayatzy Corinealdi, difficile dans le rôle de Frances Taylor, on ne peut en dire autant de l’interprète de James Rhodes aka. War Machine dans le MCU. Prenant le rôle très (trop ?) à coeur, il surjoue quasiment en permanence, ne devenant donc pas Miles, mais Don Cheadle jouant Miles.

En conclusion, le film part d’une vraie bonne intention et on ne peut que féliciter le choix de narration retenu pour le film. Malheureusement, la temporalité et narration déconstruite, la réalisation parfois hasardeuse ainsi que le jeu de Don Cheadle ne peuvent élever le film aux sommets. A réserver donc aux fans de jazz ou ceux qui souhaitent découvrir le personnage de Miles Davis.

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