Documentaire : Paco de Lucia, la légende du flamenco

Paco de Lucia est l’icône absolue du flamenco. Le documentaire au titre homonyme, retrace la vie de cet homme mystérieux dont on ne sait pas grand chose, si ce n’est qu’il révolutionna le flamenco traditionnel.

Cela lui aura valu quelques tôlées des anciens, pas mal de courage,  et beaucoup de talent.

Synopsis

Dernier hommage rendu au génie andalou disparu en 2014, ce documentaire réalisé par son fils retrace l’incroyable destin d’un guitariste et compositeur hors-norme, qui a fait du flamenco une musique universelle. Paco de Lucía a croisé sur son chemin les plus grands, de Sabicas à Carlos Santana en passant par le ‘cantaor’ Camarón de la Isla. Avec les témoignages exceptionnels de Chick Corea, John McLaughin, Jorge Pardo ou encore Rubén Blades.

Critique

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Dès les premières minutes du film, Paco de Lucia est représenté et filmé comme le seraient Madonna ou Michael Jackson. Une tonne d’album à son actif, des tournées partout dans le monde, un public en transe, une grosse villa de rappeur… La totale. Sauf que quand on ne connaît pas du tout le type, ça fait un peu bizarre… Surtout que le réalisateur, Curro Sanchez Varela, n’est autre que son fils.  On se demande alors si tout ceci est bien objectif… En fait ça l’est, j’ai demandé à ma mère et « Evidemment que je le connais ! C’est le Mike Brant du flamenco ! » M’a-t-elle dit… Si vous ne connaissez pas Mike Brant, c’est normal. Mais du coup on s’attend à un documentaire un peu cool où il se passe plein de rebondissements parce que c’est un artiste et tout. Qui était-il ? Quelles sont ses névroses ? Ses folies de jeunesses ? Son tableau de chasse ? Elles sont où les photos compromettantes de tournées, où on le voit sniffer de la coke sur les seins d’une groupie ?  Et ben y en a pas ! Je ne sais pas si cela est dû au puritanisme espagnol où à la pudeur qui peut exister entre un père et un fils, mais ca parait un peu plan-plan pour une vie d’artiste en tout cas.

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Passé cette remarque, on se laisse porter par le film. On découvre l’enfance de Lucia, on regarde défiler sa vie de A à Z, bercé par sa façon, assez remarquable il faut le dire, de jouer de la guitare. Pour autant, nous ne sommes pas plus avancés quant à la personne même. On a sa carrière, ses rencontres professionnelles, en fait on a le CV du mec. Je ne suis pas forcément fan des « Feux de l’Amour » mais un documentaire reste un film. Il lui faut donc un début, un milieu, une fin, et quelques rebondissements dans le tout. Hors ici, nous allons de l’enfance à la mort de manière linéaire. Pas de conflit externe ou interne, aucune remise en question sur le personnage  dont la musique est certes très jolie, mais le personnage n’est pas parfait pour autant. Aucune nuance n’est apportée sur la psychologie, les failles possibles de cet homme.

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C’est triste à dire, mais où est l’intérêt de raconter une histoire si elle n’a rien de spécial, de hors du commun ? Ou alors il faut très bien la raconter, et justement, mise à part un travail intéressant sur les photos (effet de découpage 3D entre les différents plans, les rendant ainsi mobiles), pas grand chose à relever. Le film n’ayant pas de structure à proprement parler, on sent qu’il peine à finir, qu’il ne sait comment dire au revoir à l’homme, à l’artiste et au père, qui, comme indiqué à la fin du film, décédait d’une crise cardiaque deux jours avant la fin du tournage.

En bref, il est plus intéressant de regarder ce film en pensant aux possibles rapports qui existaient entre le réalisateur et son père Paco de Lucia, que de le prendre comme un simple documentaire. Le regard d’un fils sur son père en dit long sur l’homme finalement. Dépeint avec une certaine distance, une froideur, peut-être avec une certaine incompréhension mais toujours avec beaucoup de respect et d’égard, Paco de Lucia devient petit à petit drôle et attachant en fin de parcours comme si Curro Sanchez Varela avait voulu laisser une trace magnifiée de son père.

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