Mia Hansen-Love, compagne à la ville d’Olivier Assayas, est devenue la coqueluche du cinéma d’auteur français et son dernier film a été, comme les autres, encensé par une bonne partie de la presse et a même récolté un prix non négligeable au dernier festival de Berlin. Force est pourtant de constater qu’il donne envie de se pendre.
Synopsis
Nathalie est professeur de philosophie dans un lycée parisien. Passionnée par son travail, elle aime par-dessus tout transmettre son goût de la pensée. Mariée, deux enfants, elle partage sa vie entre sa famille, ses anciens élèves et sa mère, très possessive. Un jour, son mari lui annonce qu’il part vivre avec une autre femme. Confrontée à une liberté nouvelle, elle va réinventer sa vie.
Critique
Au début on s’ennuie. Au milieu aussi, et à la fin ce n’est pas mieux. Les dialogues sont extrêmement explicatifs, trop écrits, mal écrits, sur-écrits. C’est long. Et ça dure. Et ça parle. Et ça philosophie. Et c’est parisien. Et c’est avec Isabelle Huppert. Et on s’en fout. La comédienne a bien pu nous montrer, par le passé, qu’elle avait du talent, sa filmographie est impressionnante, mais ici elle n’arrive pas du tout à sauver les meubles ou à éveiller notre intérêt pour le personnage de professeur qu’elle incarne. Ce n’est pas à elle qu’on va jeter la pierre.
Mais bon apparemment le cinéma de la jeune auteure a, comme dirait Michel Ciment de la revue “Positif”, la carte. Il fait bien, dans un dîner germanopratin, de dire que l’on a vu, et naturellement apprécié, le dernier opus de Mia Hansen-Love. En ce qui nous concerne, on le trouve pourtant terriblement soporifique et désincarné. De manière assez hallucinante, il ne nous procure pas la moindre émotion. Le départ du mari, la mort d’Edith Scob, tout cela nous laisse complètement de marbre. C’était peut-être voulu. Enfin on tout cas on voit bien le temps passer, chaque minute se laisse bien remarquer. Les avocats du film pourront toujours arguer que ça faisait partie des intentions de la réalisatrice de nous parler d’ennui. Cependant était-ce vraiment la peine de nous pondre des dialogues aussi lourdement explicatifs et maladroits, récités par des jeunes acteurs qui se croient probablement dans un “chef-d’oeuvre” de Robert Bresson ? Et filmer de beaux paysages, désolé, mais ça ne nous suffit pas.
Peut-être ne s’acharnerait-on pas tellement à détruire le film s’il avait moins mis tout le monde d’accord, ou presque, mais là, l’Ours d’argent à Berlin et une bonne partie de la presse qui éjacule devant, extatique, franchement, c’est trop. L’idée d’appeler le film “L’avenir”, alors que la protagoniste n’a aucune perspective était séduisante, mais ça n’est qu’une idée, c’est de la pure théorie. On ne nous propose qu’un bavardage intellectuel soporifique, les mésaventures d’une femme qui s’est perdue et qui se cherche. Cela pourrait être passionnant, mais on est dans le non-jeu, la non-proposition, en fait le (presque) rien. Ca manque de chair, de mordant, de tension, d’un arc dramatique proprement dit, ça manque enfin d’émotion, ça commence, nous semble-t-il, à faire, tout de même, une sacrée addition. La retenue et la sobriété peuvent, bien sûr, s’avérer être des partis-pris appréciables, mais pas, nous semble-t-il, à ce prix-là, au prix, donc, d’un ennui mortel, de ce désintérêt total qu’on a en tant que spectateur envers tout ce qui se déroule à l’écran.
On a même envie de dire que c’est un film qui n’a pas, veuillez pardonner la vulgarité mais il nous semble que le mot est approprié, de couilles ni, pour reprendre l’expression d’un autre film primé lors d’un autre festival important cette année – le Divines d’Uda Benyamina, récompensé à Cannes – de “clito”. Pas de parti-pris fort, on est dans la demi-mesure, la moitié, le vague. C’est un film d’une mollesse incroyable, qui n’ose rien, et semble avoir déjà été plié, quasiment, au scénario ; d’avoir été fait, en somme, avant d’avoir été tourné. C’est à notre avis un film léthargique, consternant, affligeant, désolant, attristant, ennuyeux, vide et creux. En un mot comme en mille, c’est de la merde.
Bref, si vous ne voulez pas qu’on vous donne une raison (de plus) de mettre prématurément fin à vos jours, on ne vous conseille (vraiment) pas d’acheter le dvd et, si on vous l’offre, échangez-le discrètement. A bon entendeur, bonsoir.