Analyse et critique du film Les 7 mercenaires

Analyse de ce remake du film culte

Le changement par l’action

Les Sept Samouraïs (1954) racontait la fin d’une époque, où les nobles samouraïs s’effaçaient au profit des paysans et des gens simples. Les Sept mercenaires (1960) décrivait une lutte pour la liberté des bons justiciers contre les méchants bandits pour laisser émerger une communauté de paysans libres. Dans tous les cas, les personnages qui ont une réelle évolution sont les villageois, puisqu’ils passent de victimes faibles et soumises à rebelles tenant les rennes de leur destin. C’est leur histoire que l’on raconte, l’histoire d’un peuple qui décide d’agir contre le despotisme. Les mercenaires interviennent en tant que catalyseurs du soulèvement contre les bandits. Et si dans les versions précédentes du film, on parlait de parcelles de terrain et de récoltes, ici, on parle d’or et d’exploitation minière, puisque le chef des bandits, Bogue, n’est mû que par la richesse et le pouvoir. On peut en déduire que cette adaptation ambitionne de remettre au goût du jour la lutte des opprimés en faisant un parallèle avec la réalité actuelle, où les abus de pouvoir sont plus souvent liés à l’argent qu’à l’agriculture.

Une mise en scène cinéphile

sept-mercenaires-coreenAntoine Fuqua a réalisé un film hautement cinématographique, d’abord par le simple fait qu’il s’agisse du remake d’un remake, ce qui fournit d’office deux exemples d’utilisation du langage filmique pour raconter une même histoire. Mais on sent surtout dans ce film de nombreuses autres influences dans l’imagerie et la mise en scène. Ces influences sont principalement issues du genre western, bien sûr, mais pas seulement (l’amérindien stoïque qui fait croire qu’il ne parle pas anglais, clin d’œil à Vol au dessus d’un nid de coucou ?). On y trouve du Sergio Leone, du Sam Peckinpah, des références aux westerns classiques, … et du Quentin Tarantino, ce qui constitue un cas spécial, puisque le cinéma de Tarantino est déjà très référencé, si bien qu’on ne sait plus si Fuqua s’inspire de la source ou de son contemporain cinéphile. Il n’empêche qu’on ne peut que penser à Django Unchained lorsque Sam Chisolm (joué par Denzel Washington) sort d’un saloon après avoir descendu un malfrat en brandissant un avis de recherche devant le shérif de la ville. Les spectateurs font d’ailleurs parfois le lien entre Les Huit Salopards et Les Sept Mercenaires. La cocasserie se situe dans le fait que Fugua s’inspire de Tarantino dans son film qui lui-même s’inspire (entre autres) du premier Sept Mercenaires, notamment en prenant, dans son titre, le contrepied total des « Sept Magnifiques » (traduction du titre original : « The Magnificent Seven »). Sacré méli-mélo, n’est-ce pas ? D’où l’idée que Les Sept Mercenaires d’Antoine Fuqua est bien un pur produit de cinéma !

Les personnages

Chris Pratt en CowboyLa relecture des personnages est assez intéressante ; les scènes de caractérisation des héros est en général d’une grande efficacité ; malgré leur nombre conséquent, le spectateur est en mesure de comprendre et reconnaître chaque personnage en un clin d’œil. Et pour cause, chacun d’eux a sa scène d’introduction, qui présente clairement ses talents et son caractère. C’était déjà le principe mis en place dans les films dont celui-ci est issu, mais dans cette version, pour être sûr qu’on ne s’y trompe pas, tous les héros sont issus de communautés, voire d’ethnies très différentes et conséquemment, on associe très rapidement les physiques des personnages et leurs caractéristiques.

Aux États-Unis comme dans d’autres pays, le débat sur les origines et les communautés font rage de nos jours, et ce film encourage à dépasser nos querelles ancestrales pour s’unir dans un combat commun. Et les grands vainqueurs de ce combat doivent être les exploités, qui ont su dire stop et se battre pour leur liberté. Ils sont représentés de manière évidente par les villageois, mais dans une deuxième lecture, on peut s’apercevoir que les trois mercenaires encore debout après la grande fusillade correspondent aux représentants des peuples qui ont le plus souffert d’abus de pouvoir au cours de l’histoire des États-Unis (un afro-américain, un amérindien et un mexicain). Eux aussi symbolisent ainsi la victoire des opprimés.

À l’heure des débats politiques dans lesquels il est question de « filtrer » l’immigration, Antoine Fuqua rappelle donc subtilement la diversité de peuplement des État-Unis en montrant à travers ses héros la magnificence de ce « melting potes ». Au vu de l’actualité américaine, il n’est pas exclu qu’un message politique se cache derrière tout ça.…

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