Annecy 2020: courts-métrages de la sélection officielle

Moi, Barnabé de Jean-François LÉVESQUE (Canada)

Homme d’Eglise quelque peu dévoyé, Barnabé est surpris par l’esprit divin au moment où il boit le vin des offices. Un orage éclate alors foudroyant son église et le coq qui y trônait en girouette s’abat sur le sol. Ce dernier semble alors prendre vie et il poursuit Barnabé, lui interdisant tous les excès. Néanmoins, il prend de plus en plus de place, jusqu’à devenir terrifiant. Qu’adviendra-t-il alors de Barnabé et de sa petite église de campagne?
Court-métrage intéressant par le sens qu’il dégage, ses graphismes 3Ds attrayant rappellent ceux de film comme Là-Haut (de Pete Docter).

De Passant de Pieter COUDYZER (Belgique)

Emblématique du titre, ce court-métrage se fait sur la route. Suivant d’abord un premier adolescent sur un vélo, on en découvre ensuite un autre qui passe à côté d’un accident. Quand le premier jeune homme a perdu la vie pour aller voir son aimée, le second multiplie les aller-retour entre son domicile et le point de rendez-vous avec un homme étrange en vélo. Il ne cesse de passer devant la petite amie du jeune homme décédé. Elle ne sait pas et lui ne fait pas le rapprochement. Seul le dessin qu’il a fait de son visage angélique court sur les pavés, traîné par les roues des voiture.

Original de par sa forme, ce court-métrage trace un itinéraire triste d’un jeune homme mort et d’une information qui ne se transmet pas. Néanmoins, sa fin n’est pas forcément celle escomptée.

Något att minnas de Niki Lindroth Von Bahr (Suède)

Sorte de comédie musicale zoomorphe, Något att minnas est un court-métrage où 6 tableaux quotidiens se font suite. Dans chacun, deux animaux sont présents et l’un d’eux chante toujours. A chaque nouvelle scène, c’est l’animal qui n’avait pas chanté dans la précédente qui prend la parole. D’une petite fille pigeon dans un zoo à un tamanoir président, en passant par un pigeon, un escargot et une souris, on finit sur le tableau de trois larves qui chantent. Ces chansons, sans doute inspirées du folklore suédois, parlent de différents sujets mais tous touchent à la finitude et au non-sens de la vie. L’argent, le pouvoir, la santé et la mort, que des problèmes qui, une fois accumulés, appesantissent l’existence de chaque être. Néanmoins, le sens des chansons devient de plus en plus léger avec l’avancée du court-métrage: on part du Diable pour aller vers Dieu. 

Court-métrage intéressant par sa structure rythmée, le choix des animaux et des décors, Något att minnas interroge sur le sens de la vie en chanson: avec douceur et poésie. L’esthétique inhabituelle n’en reste pas moins perturbante.

Kosmonaut de Kaspar Jancis (Estonie)

Histoire silencieuse d’un ancien cosmonaute, ce court-métrage illustre de façon triste la théorie de “l’éternel retour”. En effet, le début du film s’ouvre sur une jeune femme qui remet en ordre l’appartement d’un vieil homme couché sur son lit. Ses gestes semblent mesurés et faits dans un ordre précis. Une fois le ménage terminé, elle vérifie si le vieil homme respire en plaçant une glace devant sa bouche. Lorsqu’elle voit qu’il respire, elle s’en va avec son enfant et son mari qui l’attend à la voiture cherchant une maison de retraite sur son téléphone. Après leur départ, le vieux cosmonaute se réveille et se lance dans la reconstruction de sa vie dans l’espace. Les scènes passées et présentes se chevauchent et on le voit reconstruire ses souvenirs en re-déplaçant tout ce que sa fille avait re-rangé dans son appartement. Le spectateur comprend alors que chaque jour le vieil homme doit refaire les mêmes gestes et que sa fille vient nettoyer après lui. L’éternel retour se termine par l’homme qui saute dans le vide. Sera-t-il encore vivant au prochain tour? 

Avec ses graphismes dignes des années 90, Kosmonaut est un court-métrage sur la question de la vieillesse mais aussi des souvenirs. L’absence de son est parfois un peu difficile à apprécier mais les réflexions qui émergent de ce court-métrage sont profondes.

Beyond Noah de (Belgique, France, Portugal)

Beyond Noah expose, durant plus de 3 minutes, l’équivalent de 3 475 masques du monde entier. En effet, sur un fond noir, chaque masque, quelque soit sa civilisation, se découpe et laisse place au suivant. Ne restant pas plus d’une milliseconde à l’écran il donne un panorama des différentes cultures et des différentes façons de figurer un visage. Les masques japonais et chinois cohabitent alors avec les masques africains et mexicains. Il y a aussi des masques plus contemporains dont le design choque un peu, comme les masques de Pikachu ou de différentes présidents des USA. Intéressant d’un point de vue anthropologique, l’histoire vient des masques en eux-mêmes et non d’une quelconque trame écrite.

Schast’e de Andrey ZHIDKOV (Russie)

Schast’e expose un univers chaotique où plein de formes et plein de sons s’entrechoquent. Au sein de ce lieu, un homme marche et cherche le bonheur. Essayant différentes choses (avoir un gramophone, un porc etc), il fait tout pour rendre son bonheur palpable. Néanmoins, chaque objet le déçoit et il n’en est que plus seul et plus malheureux. Ce court-métrage expose la condition existentielle de tout homme au sein de la société. Pouvant rappeler la Nausée de Sartre (1938) par l’univers chaotique qu’il expose, il montre que quoi qui nous entoure, nous sommes condamnés à être seul.

Goroskaya Koza de Svetlana Razguliaeva (Russie)

Dans une campagne de Sibérie où seuls un aérodrome et une discothèque sont capables de divertir la population, une chèvre arrive pour travailler en tant qu’infirmière. Si elle retient l’attention de nombreux protagonistes (le loup et le chien), elle est seulement attirée par le loup malgré les mises en garde de son amie. 

Goroskaya Koza est un court-métrage intéressant tant par le choix des techniques que du fond de dessins. Pour autant, il reste complexe à saisir et l’absence totale de parole peut-être un frein à sa compréhension. Néanmoins, dans les scènes où la chèvre rêve de sa relation avec le loup, des changements de couleurs sont apportés au film (passage de couleurs ternes au rose) ce qui est intéressant esthétiquement. 

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