Critique du film Dear White People de Justin Simien

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Dans son premier long métrage, Justin Simien a voulu montrer du doigt quelques aberrations, faire passer un ou deux messages, et a bien réfléchi à la chose…

 

Synopsis

La vie de quatre étudiants noirs dans l‘une des plus prestigieuses facultés américaines, où une soirée à la fois populaire et scandaleuse organisée par des étudiants blancs va créer la polémique. Dear White People est une comédie satirique sur comment être noir dans un monde de blancs.

Critique

Pour Dear White People, Simien s’est inspiré de sa propre expérience en tant qu’étudiant sur un campus américain, mais également d’un curieux fait réel : Depuis quelques temps on peut voir circuler sur internet des clichés gênants de soirées étudiantes prenant pour thème la « black culture » et où des blancs grimés en noirs prennent la pose, singeant avec banalité et vulgarité la culture africaine et/ou afro-américaine, certainement sans même en saisir le coté dérangeant ou raciste. Et là est peut-être tout le problème : Un racisme ambiant, ordinaire et intolérable persiste aujourd’hui. De plus, la médiocre blague rappelle la trop longue période du blackface, procédé théâtral, où comédiens et acteurs blancs se maquillaient le visage en noir afin de caricaturer les personnes de couleur, et de divertir la foule…

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On aurait donc pu avoir droit à un énième film défendeur de la cause noire, incisif, dénonciateur, voire moralisateur (Django Unchained, The Butler, La couleur des Sentiments, La Couleur Pourpre…) mais il n’en est rien ici puisque Simien a décidé d’utiliser l’humour et la satire pour dénoncer le racisme ordinaire. Le cinéaste nous propose d’ailleurs un exemple très clair pour expliquer ce choix: «La même année, en 1964, deux films abordant le sujet de la guerre froide sortent en salle : Dr Strangelove de Stanley Kubrick, et Fail Safe de Sidney Lumet, et si aujourd’hui on se rappelle surtout de Dr Strangelove, c’est parce qu’il est le seul à avoir utiliser l’humour pour aborder le thème de la guerre froide ».

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Le réalisateur joue donc la carte de l’humour pour faire passer la pilule. C’est vrai qu’on s’en prend plein la gueule pendant deux heures, noirs comme blancs, et qu’on en redemanderait presque (bruit de coups de fouet sur mon dos). On prend pas mal de recul, on révise nos a priori, et on entraperçoit surtout ce que c’est que d’être black aujourd’hui. Les blagues vaseuses, les clichés sur les cheveux, la peau, les goûts musicaux, l’amour inconditionnel du poulet… Bref, l’autodérision détend les meurs et permet de démonter bon nombre de préjugés, avec légèreté.

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En bref un très bon premier film dont le visuel n’est pas en reste non plus. Les plans de Simien sont étudiés comme des tableaux. Les présentations des personnages s’apparentent à celles des films de Wes Anderson, mais  sont justifiés ici, puisque le propos vise justement à critiquer la stigmatisation et la caractérisation efficace et simpliste. Car passé les apparences, on se rend compte que les personnages principaux sont complexes et très bien dessinés malgré leur multitude, et que Simien nous aura livré un film choral rafraîchissant, dont la série de sous-intrigues parallèles se croisent et se rejoignent autour de la « cause black ».

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