Critique Ciné – Incassable

Là ou beaucoup ne verront qu’un thriller beaucoup trop lent, il y a en fait un véritable hommage au mythe du super héros.

M. Night Shyamalan n’a plus vraiment l’aura qu’il avait il y a 10 ans au moment de la sortie d’Incassable, thriller atypique avec Bruce Willis et Samuel L. Jackson dans les rôles principaux. Considérant ce film comme un véritable chef d’œuvre, bien supérieur au Sixième sens du même réalisateur, j’ai eu envie de partager mon point de vue à son sujet.

Le synopsis
David Dunn (Bruce Willis), un banal gardien de sécurité de Philadelphie, est le seul survivant d’une catastrophe ferroviaire. à la grande surprise des autorités et des médias, l’homme s’en sort indemne, sans la moindre blessure ou traumatisme. Troublé par cet événement, Dunn entre dans une crise d’identité. Qui est-il ? Pourquoi a-t-il survécu ? C’est en quête de réponses qu’il rencontre Elijah Price (Samuel L. Jackson), un handicapé misanthrope frappé d’ostéogenèse imparfaite.

Spoilers inside

Plus qu’une critique, cet article est avant tout une analyse du film et de ses thèmes. De ce fait, NE LISEZ PAS CET ARTICLE SI VOUS N’AVEZ PAS VU LE FILM.

Revenons-en au fait. Shyamalan, un an plus tôt, nous avait offert avec Sixième sens un thriller fantastique qui donnait vraiment la frousse et doté d’un Twist final à couper le souffle. Avec Incassable, on reste en apparence dans le thriller fantastique avec l’histoire de cet homme qui va essayer de comprendre qui il est et pourquoi il a survécu. Pourtant, le film est bien plus riche que son prédécesseur grâce à différents niveaux de lecture.

Là ou beaucoup ne verront qu’un thriller beaucoup trop lent, il y a en fait un véritable hommage au mythe du super héros. Comme nous l’apprenons dans les derniers instants du métrage, le personnage d’Elijah Price, est en fait l’antagoniste du super-héros David Dunn, son double maléfique comme le joker le serait pour Batman. Un super-vilain au fond très proche, très similaire au héros. Comme souvent d’ailleurs avec les comics, c’est le « méchant », le personnage d’Elijah qui est le plus charismatique, le plus intéressant des deux. C’est lui qui mène l’histoire du début à la fin : Attentats, provocation de la rencontre avec David, Incitation à exploiter ses pouvoirs et révélation finale.
De son coté, David suivra le chemin classique du super héros : il commencera par découvrir ses pouvoirs avant de se transcender humainement de devenir un véritable super héros qui préfèrera cacher ses exploits aux autres. Pour mener à bien ce cheminement, pas d’effets spéciaux ni d’action. C’est la psychologie des personnages, la relation qu’ils ont l’un envers l’autre qui fait la force de ce film. Le twist final viendra véritablement enrichir leurs interactions et l’ensemble des séquences avec le personnage d’Elijah.

Comme beaucoup de monde à la sortie du film, j’avais été quelque peu déçu. J’avais été déconcerté par le fait de trouver un film radicalement différent du Sixième sens. Après plusieurs visionnages, mon point de vue a changé. Shyamalan a eu le courage de ne pas refaire ce qu’il avait déjà fait et a livré son meilleur film, une œuvre essentielle dans la mythologie des supers héros.

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