Emile Cohl, l’inventeur du dessin animé à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

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Entre 1908 et 1914, le Français Emile Cohl (Courtet de son vrai nom) fut l’inventeur du dessin animé et réalisa environ 250 films. Sa gloire fut éclipsée, non seulement par les Américains, Pat Sullivan ou Disney, mais aussi par Méliès ou Lumière dont il est pourtant l’aîné. Redécouvert dans les festivals à la fin des années 1970, il apparaît comme un homme du XIXe siècle – il est né en 1857 – qui devient « cinématographiste » à plein temps alors qu’il a déjà 51 ans. Quel fut son parcours avant de tourner, en 1908, Fantasmagorie considéré comme le premier dessin animé de l’histoire du cinéma ?

Jeune homme, il se présente chez André Gill, un caricaturiste politique et vit dans le milieu bohème des Hydropathes, un club littéraire parisien. En 1880, il devient l’éditeur de leur journal et multiplie les activités artistiques : dessinateur, écrivain (poète et auteur de théâtre), journaliste et photographe. Jusqu’en 1885, il écrit dans La Nouvelle lune, hebdomadaire satirique. Mais Gill perd la raison et est interné à Charenton. Cohl se rapproche alors, jusqu’en 1894, des Incohérents qui cherchent à épater le bourgeois par des expos de peintures et de dessins anti-académiques. Il collabore à plusieurs magazines dont un anti-Dreyfusard et fait un voyage à Londres. En 1900, il abandonne le style de Gill, qui commence à dater, des têtes caricaturées, pour travailler dans un nouveau format, celui du comic strip. Au tournant du siècle, le nom d’Emile Cohl est très connu et, en 1905, il est membre d’honneur de la Société des dessinateurs humoristes.

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Une affiche de film Gaumont dans les rues de Paris le choque : une de ses idées de strip a été volée par l’illustrateur. Il va réclamer justice au siège de la société. Il y est reçu par Louis Feuillade, 16 ans plus jeune que lui, qui engage aussitôt cet homme d’âge mur, d’abord comme scénariste pour adapter ses bandes à l’écran, ensuite comme dessinateur et cinéaste.

De 1909 à 1910, Cohl réalise 77 films pour Gaumont. Inspirés des Hydropathes ou des Arts Incohérents, les dessins sacrifient souvent le récit, irrationnel, à une suite rapide de transformations, d’hallucinations graphiques proches du rêve ou du cauchemar. Le contour des figures se limite souvent à de simples traits mais cet art linéaire est sujet aux métamorphoses les plus extravagantes. Le jeu des transformations existe aussi dans la bande dessinée à la même époque, chez Winsor McCay en particulier qui fut aussi un pionnier de l’animation. Cohl combine dessins  animés et prises de vue réelles ; il place sa caméra sur rail et réalise des impressions de zoom quand cette technique n’existe pas encore. La rigidité, parfois, de ses personnages s’explique par la mobilité de certaines partie du corps quand d’autres restent immobiles.

En 1910, Cohl quitte Gaumont pour Pathé où il ne fait pas que de l’animation comme Le Retapeur de cervelles. Il tourne aussi des films de la série burlesque Jobard, avec Lucien Cazalis, un imitateur de Max Linder. En 1913, il rejoint la colonie française de Fort Lee dans le New Jersey qui travaille pour Eclair. Il reste huit mois aux Etats-Unis et réalise 13 films de la série des Newlyweds, adapté du strip de George McManus qui crée, la même année, Bringing Up Father (La Famille Illico). En France, The Newlyweds and Their Baby devient Le Petit Ange dans Nos Loisirs. McManus n’intervenant pas sur le dessin, Cohl imite son style. La société Eclair insistait dans la presse sur le fait qu’il n’y avait pas d’acteurs déguisés mais des « dessins qui bougent ». Cohl revient en France à la veille de la Grande Guerre et cesse presque toute activité. Son dernier film est de 1921. Il mène alors une existence très modeste avec son fils à Saint-Mandé et meurt en 1938.

La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé rend hommage à Emile Cohl du 17 octobre au 3 novembre avec une programmation consacrée aux débuts du cinéma d’animation (entre autres Winsor McCay, Marius O’Galop, Robert Lortac, la série des Alice de Walt Disney).

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