Franck Phelizon : l’audace au cinéma

Avec la diffusion de son dernier film, Paranormal Investigation, sur la plateforme internationale Netflix, le réalisateur Franck Phelizon permet au cinéma de genre français d’avoir une visibilité dans le monde entier et par la même occasion, de permettre à ses nombreux projets de voir le jour.

Quand on est réalisateur, il est difficile de se faire une place dans le monde du cinéma, surtout lorsque l’on propose un univers qui sort des sentiers battus. Le cinéma de genre est souvent relégué au second plan, peu considéré, surtout en France, où l’on aime le cinéma d’auteur. Mais impossible n’est pas français. Récemment, le film Grave de Julia Ducournau a fait sensation à la Semaine de la Critique cannoise en 2016 et Ghostland de Pascal Laugier, a obtenu trois prix au Festival du Film Fantastique de Gérardmer en 2018. Ces deux ovnis dans la production hexagonale ont permis une plus grande visibilité à ces films de genre qui, partout ailleurs, notamment aux Etats-Unis, en Asie ou en Espagne, connaissent un succès retentissant. On se souvient ainsi de la saga espagnole REC, des épisodes de Paranormal Activity ou encore du Projet Blair Witch, qui ont touché un public mondial.

Le studio américain Blumhouse Productions, s’est d’ailleurs considérablement enrichi, en proposant ce type de films d’apparence fauchés, mais regorgeant d’idées pour faire sursauter les spectateurs. Cependant, il manquait en France un réalisateur pouvant s’inscrire dans cette veine du found footage (présentant les films comme des documentaires dont on aurait retrouvé les vidéos). C’est désormais chose faite avec Franck Phelizon dont le dernier long-métrage, Paranormal Investigation, a été honoré au festival Cannes 2018.

Vers la reconnaissance

Le chemin fut long pour le réalisateur issu de Seine-et-Marne, avant de pouvoir imposer son style. Ses premières armes, il les fera en 1990, en réalisant le clip issu de la chanson Le Réveil de la liberté, à but humanitaire, puisque les fonds étaient reversés à la Fondation France-Liberté pour la Roumanie. Devant sa caméra, de grands noms du cinéma français : Pierre Arditi, Jean-Claude Brialy ou encore Marie-France Pisier et Robert Hossein. Une vocation est née. En parallèle, on le retrouve également sur scène, comme en 1993 pour la comédie musicale Rêve d’un soir, présentée au Petit Théâtre de Paris. Ou dans le monde musical, en collaboration avec Carole Frédéricks pour l’album Parcours égaré. Après un moyen métrage, The Final cut, en 2002, Franck Phelizon va écrire ses propres projets et en être le maître du début à la fin.

Il faudra attendre 2010 pour que sorte dans les salles son premier long-métrage en tant que réalisateur et scénariste, Les Amours secrètes (ou Louise’s Diary – 1942 dans sa version internationale), sur une histoire d’amour interdite pendant la Seconde Guerre mondiale. Le film réunit de grands noms du cinéma français : Anémone, Richard Bohringer (déjà présent dans le clip Le Réveil de la liberté) ou Jérémie Elkaïm. Un succès d’estime. Franck Phelizon se tournera vers la comédie en 2015, avec le film Kickback, revenant sur l’amitié particulière entre une psychiatre anglaise androgyne et un travesti noir, qui séquestrent un rugbyman dans leur cave. Mené par des comédiens issus d’horizons différents (Daniel Duval, Vincent McDoom ou Delphine Chaneac) et monté par Hervé de Luze – habitué à travailler avec Roman Polanski – le film s’inscrit déjà dans la veine du cinéma de genre et désarçonne les critiques. Comble de l’audace, le film sera le premier long métrage français à sortir en e-Cinéma. « Par sa narration insolente, Kickback dérange ou choque, mais mon objectif est de mettre en évidence l’absurdité de nos comportements toujours plus vicieux et pervers » dira Franck Phelizon à sa sortie. Un discours qui semble préparer son projet suivant, Paranormal Investigation, qui va changer le cours de sa carrière…

Consécration paranormal

En mai 2018, lors du marché du Festival de Cannes, un film fait parler de lui : Paranormal Investigation et ses 600 000 euros de budget, c’est-à-dire pas grand-chose pour la réalisation d’un long métrage. Ce film, à l’esthétique found footage et jouant des codes du film amateur Youtube, raconte les aventures d’un chasseur de fantômes, Andrei, qui aide Dylan, habité par un esprit, en installant des caméras dans sa maison. Un scénario digne d’un épisode d’X-Files, une réalisation proche de celle de Paranormal Activity et pour le spectateur, une immersion réaliste et totale dans le monde de l’effroi. Tant et si bien que la plateforme internationale Netflix, géant de la diffusion de contenu en ligne, achète les droits en décembre 2018. Le film est alors sous-titré en 26 langues et plébiscité par 97% des spectateurs. « Andrei Indreies, qui interprète Andrei dans le film, a reçu des lettres de fans et des demandes en mariage de femmes du monde entier », souligne avec humour Franck Phelizon.

Aujourd’hui, Franck Phelizon écrit avec le monteur et compositeur Fabien Levy-Strauss une adaptation en série de Paranormal Investigation sur huit épisodes. Franck Phelizon poursuit parallèlement l’écriture de deux longs-métrages, A guerra (un film sur l’univers de la mafia avec deux protagonistes féminins) et Tant qu’il pleuvra. Pour ce dernier opus, Rachel McAdams, l’actrice de N’oublie jamais, serait l’actrice idéale pour interpréter le personnage féminin…

Franck Phelizon n’a pas fini de nous étonner.

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