A la recherche d’une maison, Gemma et Tom sont reçus par un agent immobilier bizarre qui leur donne rendez-vous dans un lotissement à l’écart de la ville, situé « ni trop loin, ni trop près, la bonne distance ». Une fois sur place, l’agent disparaît sans crier gare et le jeune couple se découvre prisonnier d’une zone improbable, entièrement vide d’habitants et silencieuse. Le cauchemar commence. Attention, le compte-rendu étant 100% spoilers, il est conseillé de le lire après la projection, car ce serait vraiment dommage de perdre le bénéfice des nombreuses surprises. On peut quand même aller directement au dernier paragraphe.
Le milieu naturel
Un vivarium est un espace aménagé pour reproduire le milieu naturel d’animaux en observation. Cet espace, réduit par rapport à l’habitat d’origine, mélange les éléments naturels et artificiels pour donner l’illusion de la Nature. Bien que mal à l’aise et développant des troubles du comportement, comme dans un zoo, l’animal s’adapte tant bien que mal à cet environnement bricolé. Le titre du film de Lorcan Finnegan offre bien sûr une première clé. Gemma et Tom se retrouvent piégés dans un lotissement qui ressemble à ces zones pavillonnaires de banlieues. Ils ne peuvent en sortir et leur nouveau « milieu naturel », par exemple le ciel sans vent et sans avion avec les nuages immobiles, le gazon qui se rétracte et se reconstitue, évoque à la fois la peinture surréaliste et le produit de synthèse. La maisonnette, multipliée à l’infini dans un dédale d’allées et de blocs, est une image numérique qui représente l’habitat prétendument « naturel » alors qu’elle n’a été conçue que par ordinateur et projetée sur l’écran. Pourtant, le couple pénètre dans la maison. Ils vivent donc à l’intérieur d’un simulacre. Sont-ils observés ? Pas par des caméras mais par le garçon qu’ils élèvent.
Une prison à l’air libre
La maison aménagée est l’univers dans sa totalité, sans extérieur. Les autres maisons font partie du décor et l’espace est replié sur lui-même. Ne parvenant pas à retrouver la sortie avec sa voiture, Tom monte sur le toit. Il ne voit aucune limite au lotissement qui s’étend à l’infini. Il décide pourtant d’avancer à pieds, toujours en ligne droite, en traversant les cours. Au bout d’un moment, il revient à son point de départ, la maison n°9, la sienne, comme si il avait fait le tour du monde. L’impossibilité de s’échapper horizontalement donne l’idée à Tom de creuser le sol du jardin pour une échappée verticale, et il entend des voix. En vain ; le tunnel sera une fosse. Pourtant, on apprendra vers la fin qu’il existe un envers du décor, une brèche que le garçon en danger ouvre en direction du sol. Gemma l’y suivra pendant un moment.
Il n’y a pas de gardien de prison. La nourriture et les déchets sont amenés et retirés dans des cartons « Prospect Food », mais le personnel est invisible. Gemma détourne le regard quelques secondes et ce bref instant est suffisant pour qu’un carton disparaisse. Les objets n’apparaissent pas ou ne disparaissent pas « comme par magie » ; c’est plus inquiétant car l’obligation de détourner le regard suppose qu’une intervention extérieure est requise mais que les agents restent invisibles. Ces agents, gardiens, observateurs sont parfois rencontrés par le garçon mais il n’est pas autorisé (par eux) à en parler. Et quand Gemma demande par ruse à l’enfant de les imiter, elle n’en saura guère plus (rugissement, éruption glandulaire). Après une destruction par le feu, la maison ressurgit intacte derrière un nuage de fumée.
Un parasitisme de couvée
Une deuxième clé est offerte dès les premières scènes. Gemma, l’institutrice, invite les enfants de sa classe à imiter les arbres. Puis elle découvre un cadavre d’oisillon rejeté du nid par un jeune coucou qui a pris sa place. Effectivement, certaines espèces d’oiseaux, dont les coucous, sont obligés de pondre dans le nid d’une autre espèce car elles sont incapables de construire un nid et donc d’élever leurs propres petits. Ce parasitisme est dit interspécifique quand il concerne des oiseaux d’espèces différentes. Les intrus tuent les petits des espèces parasitées pour pouvoir être nourris par les adultes. Robustes et dotés d’une croissance rapide, ils font la loi dans le nid tout en étant capables d’apprendre le chant et la posture de leurs parents adoptifs pour les tromper. Avant l’éclosion ou juste après, les parents coucous exercent aussi une surveillance aux alentours du nid parasité.
Cette piste est transposable à l’aventure humaine. Vivarium décrit le parasitisme d’Homo sapiens par ce qui pourrait être un autre représentant du genre Homo. Mais cette nouvelle espèce mutante, capable de produire des mondes virtuels qui sont des prisons réelles, n’a d’autre caractéristique que d’imiter l’Homme comme un perroquet. Un bébé est apporté au couple sans enfant dans un carton. A la différence des oiseaux trompés par les coucous, les humains refusent d’être « père » et « mère ». Pourtant ils n’ont pas d’autre choix que de couver le marmot : « élevez cet enfant et vous serez libre ». Mensonge car la liberté annoncée se résume à crever au fond d’un trou mais il est probable que si Gemma avait laissé Tom tuer le garçon, la nourriture aurait cessé d’être livrée et ils seraient morts de faim… parce que les humains ne sont nourris que pour pouvoir nourrir à leur tour le petit d’une autre espèce. Que la nourriture (sans goût, surgelée) soit livrée de l’extérieur indique que le problème de l’espèce mutante n’est pas la recherche de nourriture mais l’impossibilité de construire un foyer. Il est probable que le bébé soit le résultat d’un clonage ou autre type de reproduction asexuée. Dans l’impossibilité pour le modèle d’élever son double, il doit pour assurer sa descendance, c’est-à-dire se reproduire à l’identique, recréer artificiellement les conditions d’une cellule familiale. Retenons que l’enseignement n’est pas prodigué par les parents adoptifs, mais par un étrange téléviseur et un livre encore plus étrange écrit dans une langue secrète.
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Excellent analyse du film que j’ai beaucoup aimé. Bravo!
l’enfer , ce film montre l’enfer …
véritable film d’horreur pour l’âme le meilleur
Terrible ….
Votre analyse est Fantastique , merci
en période de confinement , on voit qu’il existe pire …..
Arrivé à la fin du film, je cherchai une morale, une fin à cette histoire. Heureusement, vos explications ont permis à mon cerveau de mettre un terme à ce film et de passer à autre chose ! Merci
Votre analyse m’a apaisé, si non je n’avais pas trop compris
Merci pour votre analyse. J’étais dans la fumée
Bonne analyse qui m’a ajouté beaucoup d’idées sur le contenu de ce film qui est bon à ma part et plein de messages .. et c’est vrais que ça appel à l’idée du complotisme politique (Nouveau système mondial)
J’ai adoré ce film, mais votre analyse, m’a permis de mieux comprendre et formuler pourquoi, merci.