Critique We are what we are de Jim Mickle

Photo des filles cannibales

We are what we are a été à la fois retenu pour le festival de cinéma américain de Deauville et pour l’Etrange festival pour leurs éditions de 2013. Quand on sait que le film était également à Sundance il y a peu, on se dit qu’on tiens un film à suivre avec intérêt. Qu’en est-il réellement ?

Synopsis
Les Parker sont connus dans le village pour leur grande discrétion. Derrière les portes closes de leur maison, le patriarche, Franck, dirige sa famille avec rigueur et fermeté. Après le décès brutal de leur mère, Iris et Rose, les deux adolescentes Parker, vont devoir s’occuper de leur jeune frère Rory. Elles se retrouvent avec de nouvelles responsabilités et n’ont d’autre choix que de s’y soumettre, sous l’autorité écrasante de leur père, déterminé à perpétuer une coutume ancestrale à tout prix.

Critique

Autant couper le suspens, qui est d’ailleurs dévoilé dans certains résumés : le fameux secret est le cannibalisme, tradition familiale.

Le grand thème du film est donc le cannibalisme, amené subtilement. Ainsi, au début on ne sait pas si le père est un pervers qui kidnappe des jeunes filles qui disparaissent dans la ville, s’il est un tueur… On est fixé à la moitié du film. A Pâques,  tous les ans, la famille sacrifie une fille… et la mange. Le film montre la préparation de manière lente et assez belle (pour le sujet). La scène du repas est pleine de tension et de dégout.

En parallèle de l’histoire de cette famille pour le moins originale, nous suivons un docteur qui s’interroge sur des ossements humains retrouvés et qui conduit à une petite enquête policière, à ses risques et périls.

Le film se pose comme un regard critique sur la religion en montrant le suivi d’une tradition remontant aux ancêtres de la famille Parker, le côté obscur de la religion dixit le réalisateur. Les enfants ont grandi avec une éducation très stricte. Alors la question qui se pose est : est-on ce que l’on est ou est-on ce que l’on a fait de nous ? Le choix assumé du film est donc de critiquer le dogme religieux, et en particulier ce que l’on a trop souvent tendance à valoriser, cette « tradition », en montrant justement une tradition des plus affreuses. Peut-on se permettre de suivre, de valoriser cette tradition, même quand cette dernière ne s’appuie sur rien de concret et est profondément malsaine ?

Projeté en compétition au Festival du film américain de Deauville, le film a surtout partagé le public à cause de la scène de cannibalisme finale. La scène est gore, violente, et donne des hauts le cœur. Scène inéluctable et indispensable pour le réalisateur, elle permet de boucler l’histoire des deux filles Parker.  Certains ont quitté la salle, certains ont hué et sifflé, d’autres ont applaudi ou ri. En tout cas personne n’est resté indifférent. Pour ma part, cette fameuse scène est un peu too much, à la limite de la parodie du film de zombie. Elle tranche avec l’ambiance toute en retenue du reste du film. Pour certains, elle sera essentielle, pour d’autres, dispensable. Mais l’on ne peut lui reprocher de nous laisser indifférent…tout comme ce film.

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