Joker : analyse psychologique d’Arthur FlecK

escalier du joker

Todd Phillips choisit de mettre en scène son film de façon sombre et réaliste. Avant de voir le Joker, nous suivons le quotidien d’un citoyen malade, comme si nous étions plongés dans un film sociétal. La direction photographique a un parti pris dur et cru. La lumière dite « naturelle » n’est presque jamais présente. Quand elle existe, elle perce difficilement, comme si Gotham était une ville plongée en continu dans les ténèbres.

Les choix de cadrage sont serrés et étouffant, la mise en scène est elle-même «fermée », « cloitrée». L’appartement d’Arthur est pittoresque, mal éclairé, les rues de Gotham ne sont jamais montrées en plein zénith. Les scènes se passent souvent en début ou fin de journée, et dans la soirée.

Le génie de ce film réside en grande partie dans sa capacité à faire naître une véritable empathie à l’endroit d’un des plus grands «super vilain » de DC comics. On assiste à la naissance de ce qui deviendra l’ennemi juré de Batman. On nous livre dans ce film, ses difficultés en tant qu’être humain et le rejet qu’il subit quotidiennement, du fait notamment de sa « différence ». Car oui, Arthur est malade, psychiquement. Mais « Joker » n’a pas vocation à dépeindre une quelconque maladie psychique, il a ce mérite de ne pas nommer, de ne pas donner ce fameux diagnostic pour Arthur, ce qui permet de ne pas catégoriser et tomber dans le cliché d’une pathologie en particulier. Arthur représente ces personnes au fonctionnement et au rapport au réel (et donc à la société) différents. Des personnes souvent brisées, à qui l’ont fait la demande insensée de se comporter « normalement » (nous savons que la frontière entre le normal et le pathologique est bien loin d’être définie).

C’est d’ailleurs ce qu’Arthur écrit dans son journal : « le plus drôle avec les gens comme nous, c’est qu’on doit faire comme si on n’avait rien ». Ainsi, « Joker » se déroule dans une ville imaginaire, Gotham, pourtant, il fait douloureusement écho à ce qui se passe actuellement, notamment en France, dans le domaine du soin.

Fermeture des lits, volonté de développer l’ambulatoire, amputation des
budgets… si, comme le dit l’assistante sociale qui suit Arthur « on en a rien à foutre des gens comme vous, et comme moi aussi d’ailleurs », ne sommes-nous pas en partie responsables de la recrudescence de violences subies de la part de citoyens en souffrance ? « Joker » arrive à nous faire faire des vas et viens entre fiction et réalité, à nous inviter à nous remettre en question, à ne pas interpréter les choses de façon binaire. Car l’un des messages principaux véhiculé par le film pourrait être :

On ne naît pas méchant, on le devient… Le contexte sociétal

Comme nous l’avons dit plus tôt, nous ne pouvons parler du Joker sans l’introduire au travers du contexte sociétal dans lequel il évolue. Nous sommes plongés dans une société fracturée, violente, avec une lutte des classes qui s’exacerbe. L’univers est noir, les « ordures » se multiplient, les « super-rats » envahissent l’espace à l’image de l’âme humaine qui devient de plus en plus « sale ». Même Thomas Wayne, plutôt humain et présenté comme un homme bon dans l’univers Batman, est méprisant et brutal.

Les citoyens sont humiliés, comme Arthur en permanence dans le film, par ce représentant politique. Il les traite de « clown », résumant qu’en gros tous ceux qui n’ont « rien fait » ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Par ailleurs Thomas Wayne est souvent cadré en contre-plongée, accentuant cet aspect de «dominant».

Mais à ce moment-là, on ne se soucie pas des difficultés individuelles de chacun, et de leur point de départ. C’est peut-être d’ailleurs ce qui fait rire le Joker à la fin, en disant qu’il pensait à une blague au moment du flashback où l’on voit Bruce Wayne, debout devant les cadavres de ses parents. Il se retrouve orphelin, comme Arthur. Mais Bruce aura ce qu’Arthur lui n’a jamais eu : un héritage, une connaissance de ses origines.

Le clivage à Gotham semble s’opérer uniquement à travers le matériel, l’âme de chacun, riche ou pauvre, apparait assez sombre. Arthur Fleck évolue tant bien que mal dans cette ambiance mortifère. Homme pauvre, à tout point de vue, il tente de rester debout. Son habit de clown, telle une enveloppe contenante, l’ancre dans une sorte de réalité et vient poser une limite avec l’environnement violent et triste.

Il est donc, au final, présenté comme « bon », au milieu d’une certaine déchéance humaine. Mais c’est également un rejeté, un reclus, et cette étiquette lui colle à la peau (il se promène notamment avec une carte expliquant son « handicap »). Le film nous amène rapidement qu’Arthur est « malade » mentalement, qu’il a notamment été hospitalisé et qu’il « bénéficie » d’un suivi et d’un traitement. On comprend rapidement que ceci n’est pas mis en place «pour » le malade, mais juste une sorte de « contrôle », où l’état psychique, le bien être de ce dernier est finalement peu
pris en considération (« vous ne m’écoutez pas », dira Arthur à sa conseillère), c’est une manière de contenir les possibles débordements de la personne et vérifier que ce dernier rempli son devoir de citoyen (travailler, se comporter de façon «acceptable »).

Au fur et à mesure du film, on perçoit à quel point la violence est de moins en moins « contenable », les pares-excitations deviennent poreuses, et tout explose. Lorsque le policier dit au Joker « c’est le chaos dehors à cause de toi », finalement nous pouvons nous demander où est l’œuf, où est la poule.

Arthur lance plusieurs appels à l’aide « je n’ai que des idées noires », « comment je vais faire pour mes médicaments », mais il n’y a plus aucune réponse en face. Le chaos à l’extérieur semble être le reflet d’un chaos interne qui l’anime depuis toujours, et finalement la société finit par lui ressembler, il en devient l’emblème au lieu d’en être rejeté. Les limites sont floues, et ceci est métaphorisé par les masques. Pour s’identifier au joker, les gens portent un masque de clown, or lorsqu’Arthur est poursuivi par les policiers, c’est lui qui met un masque pour se fondre dans la foule.

Enfance et personnage d’Arthur Fleck

Ce qui prédomine dans le film et le personnage d’Arthur, c’est qu’il apparait comme un être non individué, objet de tous, notamment de la violence et de la folie maternelle. Arthur est un être brisé, qui a encaissé les chocs. Il semble dissocié, enfant qui « sourit » toujours d’après sa mère, même lorsqu’il est donné en pâture à ses amants violents, dominé par un rire immotivé en situation de danger. Il est d’ailleurs nommé « Joyeux » par sa mère, presque déshumanisé.

Car Arthur le dit bien, il n’a jamais connu le bonheur. Il ne semble jamais avoir été nourri, porté (au sens Winnicottien du terme, le « holding » semble avoir fait défaut). Il est même parentifié, on observe un inversement des rôles : c’est Arthur qui nourrit, baigne, couche sa mère, et ceci nous rappelle les soins donnés à un tout petit. Arthur semble tenter, notamment par ses visites aux enfants malades à l’hôpital, de réanimer, de consoler, de nourrir son enfant intérieur, que l’on devine décharné, à l’image de son corps presque bestial, n’ayant que la peau sur les os.

Ce corps est à de nombreuses reprises attaqué dans le film, il se retrouve souvent à terre, tabassé. Personne ne prend soin de lui, il a souvent cette posture de vulnérabilité, inférieure. Arthur ne trouve pas sa place. Cette image ne nous quitte pas tout au long du film, il ne nous apparait pas comme un adulte, nous ne voyons que l’enfant dans cet homme, qui porte des chaussures trop grandes pour lui (on l’observe dans sa démarche, lorsqu’il court.). D’ailleurs, il nous apparait physiquement comme décrit dans le rapport médical lorsqu’il a été trouvé enfant avant que sa mère ne soit internée : malnutri et plein de bleus. Arthur est un sacrifié. Il n’a pas d’espace, psychique ou même physique.

Un climat incestuel s’ajoute au malaise ambiant et à l’idée que tout est confus, que rien n’est à sa place. Arthur dort avec sa mère. Une vierge trône d’ailleurs au-dessus du lit (qui se voudrait conjugal). Elle semble avoir fait un bébé toute seule. Il n’y a pas de père, si ce n’est dans leurs délires respectifs. La seule chose qui semble empêcher le corps à corps entre Arthur et sa mère, faire tiers, est la télévision avec l’émission de Murray, figure paternelle fantasmée et idéalisée par Arthur. Il est toujours au rendez-vous le soir, comme un père rentrant du travail. Mère et fils partagent en silence cette souffrance engendrée par l’absent. Nous apprenons finalement que la seule chose qui semble relier Penny et Arthur est la « folie ».

Car au niveau de la filiation, Penny n’a pas donné naissance à Arthur, il est adopté « unknown child », sans racines, sans repères. Penny tente d’établir un lien filial entre Arthur et Thomas, mais ceci est le produit d’un délire.

Arthur tente lui aussi d’interpeller cet homme à cette place, comme un tout petit « un câlin papa quoi je sais pas, regarde on se ressemble », en vain. A partir de ce moment-là, lorsqu’Arthur découvre la vérité sur sa naissance, tout s’effondre. Ce qui le tenait un peu, à savoir son attachement à sa mère, ne suffit plus. Il n’a plus aucune certitude, les gens semblent avoir joué un rôle autour de lui, sa vie est donc bien une immense comédie.

Tout ceci ne peut que faire naitre de l’empathie chez le téléspectateur, et lui donner quelques billes pour essayer de mettre du sens sur l’état psychique et physique actuel d’Arthur, dont cette grande fragilité. Arthur est d’abord «handicapé », puis « malade ». On comprend qu’il a déjà été interné en psychiatrie, qu’il est sous traitement. Il est présenté comme étant en décalage (par exemple lorsqu’il rit, jamais au même moment que les autres, au spectacle humoristique), manque de code sociaux, bref tout le monde le trouve «bizarre ».

C’est d’ailleurs une tentative échouée de sa tutrice de faire tenir un journal à Arthur, où il est censé noter ce qu’il fait. Un journal devrait donner une ligne conductrice, il y a un début, une fin, les choses s’enchainent de façon logique. Or dans le journal d’Arthur, rien n’a de lien, il y met tout et n’importe quoi, c’est un capharnaüm, à l’image de son état psychique. On a tout au long du film quelques indices sur le fait que la réalité d’Arthur est un peu différente de celle des autres, et nous pouvons supposer que ceci va s’accentuer notamment par l’arrêt des médicaments. Arthur ne se sent bien qu’au contact des enfants, ou d’autres personnes présentant un handicap, comme son collègue atteint de nanisme, à qui Arthur ne fait pas de mal.

Dans un jeu de miroir, chacun semble voir sa propre vulnérabilité dans l’autre. Arthur est presque un être pur, qui dit les choses comme elles sont, comme il les pense. Lorsqu’il dit la vérité, personne ne le prend au sérieux.

Joker affiche

On se moque souvent de lui, l’humiliation tient beaucoup de place dans ce film. D’après un article de Claudine Haroche, « l’humiliation est une forme intense, voire radicale, de souffrance psychique : elle dévalorise, méprise et met en cause le droit de l’individu à être, à vivre, sans justification. Elle tend à effacer le sujet dans sa qualité même d’être humain » (Le caractère menaçant de l’humiliation, dans le Journal des psychologue, n°249). C’est exactement ce qu’il se passe avec Arthur.

Dans sa lettre à Thomas, Penny écrit « tu serais content de voir ce que j’en ai fait ». Arthur semble aliéné depuis son plus jeune âge, il n’a pas le droit d’éprouver (lorsqu’il est en colère, sa mère refuse la confrontation « je ne te parle pas lorsque tu es comme ça ». Tout est message paradoxal, on lui demande de semer le bonheur alors que lui aimerait « ne plus se sentir aussi mal » (on devine que les affects sont forts, on pourrait interpréter le passage ou il se met dans le frigo comme une tentative de les « geler », les anesthésier). Lorsqu’il rit, il y a toujours quelqu’un pour lui dire que ce n’est pas drôle…

Pour évoluer en société, il doit donc imiter, coller à ce que l’on attend de lui. On le voit lorsqu’il mime une entrée sur scène, recopiant celle de quelqu’un d’autre pour sembler « normal ». Nous comprenons, dès le début, qu’Arthur est l’un de ces fameux clown triste. Il y a dès la première scène, une dysharmonie entre son costume et ses éprouvés (il se force, de façon assez brutale, à dessiner un sourire sur son visage pendant qu’une larme coule sur son visage). Le ton est donné.

Plusieurs fois, Arthur pense à se suicider. Mais on comprend que ceci n’aurait pas de sens, car il n’est personne : « j’espère que ma mort aura plus de cents que ma vie ».

C’est ce qu’il se passe. Arthur « meurt », et laisse la place au Joker.

Origine et naissance du Joker

Pour commencer, en tuant non pas symboliquement, mais dans le réel, sa mère adoptive et son « père » idéalisé (le présentateur télé, dont il fantasme que ce dernier « rêverait d’avoir un fils comme lui »), c’est comme un acte d’autoengendrement qui se réalise, il n’a plus d’attache et c’est à ce moment-là qu’il peut exister pour lui-même, renaître. C’est d’ailleurs ce « père » qui le nomme Joker. Or le Joker, dans un jeu de carte, et le seul qui n’appartient pas à un groupe, une lignée. Arthur n’a plus rien à perdre. Il devient le Joker, un symbole, une carte à jouer, une opportunité pour les autres humiliés et oubliés de la société.

Joker

Cette dernière finalement « accouche » du joker (lorsqu’Arthur est extrait de la voiture de police après la collision avec l’ambulance, nous avons l’impression d’assister à un accouchement, il est extirpé lentement par la fenêtre, à bout de bras, et déposé sur le capot de la voiture, comme on dépose un bébé sur le ventre de sa mère, et l’on attend de lui son premier cri). Il est à ce moment-là, en posture « haute » par rapport à la foule, chose qui n’arrive jamais dans le film. Joker devient une figure identificatoire, lui qui n’a pu s’identifier à personne. On observe ceci à la fin du film, lorsqu’un homme portant un masque de clown tue les parents Wayne en répétant la phrase prononcée par Joker avant l’assassinat du présentateur. La chute arrive lorsqu’Arthur découvre peu à peu la vérité sur son identité, le processus de création du Joker est entamé. Pendant le film, il n’y a que de rares moments où Arthur se réapproprie son corps, et s’est lorsqu’il se met à danser. Ces instants de « grâce » arrivent généralement après un événement tragique, après qu’Arthur se soit défendu, ait exprimé une certaine agressivité, de la violence. Lorsqu’Arthur danse, il devient le Joker, il est beau, une splendeur émane de lui. Sa démarche, habituellement si gauche, est plus assurée. Dans l’émission de Murray, Arthur parvient à faire sa propre entrée, au lieu de la mimer, il arrive en dansant et de façon totalement débridée (il embrasse une invitée).

Finalement, au lieu de s’en prendre à lui-même, comme cela a toujours été le cas, il décide de s’en prendre aux autres. c’est ainsi que débute les péripéties du Joker que nous connaissons, impitoyable. Le meurtre du médecin lors de la dernière scène (enfin, on suppose qu’elle est médecin, sûrement psychiatre étant donné qu’il est interné) serait alors le premier d’une longue liste, non « justifié » (jusquelà, dans le film, Arthur s’en prend aux personnes lui ayant causé préjudice). Le Joker, lui, semble avoir sombré complètement dans une folie meurtrière.

Todd Philips nous surprend avec son long métrage. On y retrouve l’inspiration de films, tel que Taxi Driver et La valse des pantins de Martin Scorsese. Il ne laisse pas le spectateur indifférent, et créé même une certaine fascination. Note personnelle en tant qu’adeptes de l’univers Batman :

Pourquoi ne pas avoir proposé une fin introduisant le personnage d’Harleen Quinzel (alias Harley Quinn) ? La psychiatre du Joker, qui nous le savons, sera à son tour fascinée et tombera sous l’emprise de ce personnage complexe.

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2 commentaires
  1. Habile, prudent et gracieuse analyse de ce couple inquiet, intelligent et sympathique d’Anaïs et Hugo, sur un film dont production, version et ingénierie esthétique n’ont pas été possible que par la personne (et donc par l’usage généreux et intime de sa propre biographie émotionnel et psychique) et talent de Joaquin Phoenix. Sans lui l’inconscient et intellect du spectateur n’aurait pas fait le lien entre l’accouchement du « Joker » et la façon dont l’Europe néolibéral en est en train de traiter les peuples et citoyens européens (gilets jaunes, migrants, chômeurs, adolescent, banlieusard, etc..) qu’elle abandonne, au nom de la croissance et « la soif progressiste », en trahissant le projet démocratique et de paix qui l‘avait fondée.
    Hugo et Anaïs ont un grand cœur et leur couple irradie cela et permet d’inspirer une méta-conclusion non négligeable à partir de leur analyse du film. Or si le Joker aurait pu être le frère de Batman, en est plutôt le parrain tragique de Batman comme héro, de lorsqu’il tue ses parents, ainsi que l’inspirateur de Harley Shin.
    On peut conclure donc que la société de lutte de classes néolibéral, physiocrate et neo-totalitaire des EEUU ne permet pas ni l’héro ni le fou que s’ils sont sous leur contrôle, en empêchant tout culture de la résilience personnel, sociale et humaine pour justifier leur paradigme libéral, à terme post-humaniste (si l’on tient compte de l’évolution des évènements en occident depuis l’apparition de la saga BD Joker/Batman). Circonstance qui dévoile (d’un point de vue réflexive et de la théorie des jeux) que l’héro, le fou et le méchant ne peuvent exister que dans « les marges » ou le normal et le pathologique constituent la frontière entre le système officiel et le véritable système (politique, ploutocratique, économique et bientôt génétique et écologique) qui dans l’ombre gouverne les mondes humains au-delà du bien et mal. Joker et Batman en sont les pantins d’un système inhumain, ils sont, métaphoriquement, une sorte de « membrane alibi » du système qui les provoque et utilise. De ce point de vue, hélas, Joker et Batman naissent de la même manière, en chaine, en domino, par la perte de ses racines et structures. Ils combattent entre eux mais tout en étant prisonniers du système qui leurs produise pour conserver son hégémonie. Voudrait-on dire par ce commentaire du commentaire, que Joker et Batman devraient s’allier pour combattre les vrais méchants ? … non, pas du tout, ce n’est pas cela qu’on a voulu dire.

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