Le nouveau film de M. Night Shyamalan vient de sortir et c’est l’un de ses meilleurs depuis longtemps. Alors qu’on s’est habitué à ses twists finaux spectaculaires, le réalisateur a décidé une nouvelle fois de nous surprendre, en nous offrant ici une fin prévisible! Mais ce n’est pas pour autant qu’il n’y a rien à éclaircir dans “Knock at the Cabin”. Si vous êtes ici, c’est qu’une petite explication n’est pas de trop.
Rappel du synopsis
Alors qu’Andrew, Eric et leur fille Wen passent quelques jours dans un chalet en forêt, quatre inconnus font intrusion chez eux. Ils se présentent comme ayant une mission: prévenir le monde d’une apocalypse imminente. Le groupe est composé de Leonard, un instituteur, Sabrina, une infirmière, Adriane, une cuisinière et enfin de Redmond, au passé trouble. Ils répètent qu’ils ont eu des visions communes de ce qui allait arriver au monde et que le seul moyen d’empêcher l’apocalypse est que la petite famille sacrifie l’un des leurs.
Climax et dénouement
Malgré la mort des trois premiers intrus et les catastrophes touchant le monde entier, Andrew et Eric refusent toujours de se sacrifier. Par conséquent, Leonard se suicide en se coupant la gorge, déclenchant le dernier fléau. La famille est désormais libérée de ses bourreaux mais il est déjà bien tard: les catastrophes s’aggravent, la fin du monde a réellement commencé. Il n’y a désormais plus de doute sur la véracité de l’apocalypse. Pour que Wen ait un avenir et grandisse dans un monde équilibré, ils ne leur restent plus que l’option du sacrifice.
Alors que la situation devient critique, Eric dévoile un élément qui va tout changer: lui aussi a eu un semblant de vision. Est-ce le coup à la tête reçu au tout début qui le fait délirer? En tout cas, il explique avoir vu à plusieurs reprises de la lumière et une silhouette. Il insiste sur le fait qu’il se sent bien désormais, que sa décision est prise: c’est lui qu’il faut sacrifier. Et c’est bien les seules paroles qu’Andrew va accepter de croire, puisqu’il va tuer Eric à l’aide de son arme à feu, mettant ainsi fin à tout ce cauchemar.
Cette révélation de “vision” nous éclaire sur le comportement étrange d’Eric tout au long du film. Alors que son mari rejetait en boucle les déclarations des quatre intrus, Eric semblait lui beaucoup plus enclin à les croire. On se demandait même s’il n’allait pas retourner sa veste et sacrifier Andrew (chose qui n’arrivera pas). En réalité, il croyait le discours des intrus car lui-même a eu ce qui ressemble à une vision. Cela nous explique également pourquoi la majorité des flashbacks semblait venir des souvenirs d’Eric. Sentant qu’il était choisi pour se sacrifier, il se rappelle une dernière fois des moments importants de sa famille. Mais si cette “vision” permet de mettre fin au dilemme cornélien, cela ne change pas le dénouement qui était plutôt prévisible: l’un des trois allait mourir.
Epilogue
Après avoir sacrifié son mari, Andrew va chercher sa fille et lui explique que tout est fini. On n’a pas vu Eric se faire tirer dessus mais le chalet qui brûle quelques instants après ne laisse plus de doute sur sa mort. Andrew et Wen retrouvent le véhicule des intrus et quittent l’endroit. Ils s’arrêtent dans le premier restaurant qu’ils trouvent et voient à la télé que tout redevient progressivement à la normale. L’humanité est sauvée. On remarque d’ailleurs que tout au long du film, l’apocalypse est principalement exposée à travers des écrans. Tout est vu par le prisme des médias, ce qui renforce le doute. La question du rapport aux images est bien mis en scène ici: on croit ce qui nous arrange. Andrew ne croyait pas les images des catastrophes diffusées à l’écran mais lorsqu’on annonce la fin de celles-ci, il ne les remet pas en question.
Andrew et Wen prennent conscience que tout est terminé et finissent par retourner dans la voiture. A l’arrière du véhicule, ils retrouvent des objets qui confirment les dires des inconnus: Leonard était bien professeur, Sabrina infirmière, Adriane avait un fils, ils disaient vrai. En revanche, Redmond était bien… O’Bannon, l’homme qui a agressé Andrew dans un bar quelques années auparavant. Cette information laisse toujours une pointe d’ambiguïté sur la raison de sa présence parmi les intrus. Le réalisateur semble désireux de nous faire douter jusqu’au bout.
Finalement, alors qu’Andrew compte reprendre la route, le poste radio se met à diffuser “Boogie Shoes”, la chanson qu’ils chantaient tous les trois à leur arrivée au chalet. Andrew et Wen décident de la laisser, comme pour se remémorer le souvenir de leur petite famille. Le véhicule finit par quitter le parking…C’est la fin du cauchemar.
Dimension spirituelle
Les visions de Leonard et ses compagnons étaient-elles envoyées par une force divine? Avant de se sacrifier, Eric compare les quatre intrus aux cavaliers de l’Apocalypse. Ce sont des figures spirituelles évoquées dans le nouveau testament, qui seraient annonciatrices de la fin du monde. Les inconnus endossent même les couleurs correspondant:
Shyamalan joue avec nos croyances: se ranger du côté de la foi ou de la rationalité? Peu importe, au final Eric se sacrifie et le monde est sauvé. C’est tout ce que nous montre la fin. On se demande tout de même ce que symbolise le sacrifice. Eric a vu des halos de lumière, il était résigné à mourir, il semble avoir été choisi. Il est le sacrifié qui permet au reste de la planète de survivre. Par ailleurs, lorsqu’il disait imaginer Andrew et Wen devenue adulte, était-ce une vision? Il les aurait vu heureux dans le futur et aurait accepté son sort. Cela expliquerait sa résignation.
Mystères
Il reste tout de même quelques interrogations auxquelles nous n’avons pas de réponse:
-Pourquoi cette famille en particulier?
-Que faisait O’Bannon, l’homme qui a agressé Andrew parmi les quatre intrus?
-Si les intrus ne s’étaient pas tués, l’apocalypse aurait-elle vraiment eu lieu?
Les théories sont les bienvenues…
Concernant la morale de l’histoire, on vous laisse vous faire votre propre avis, car le message nous paraît ambigu.
Conclusion
“Knock at the Cabin” reste l’un des meilleurs Shyamalan depuis longtemps, et même s’il ne contient pas de grand twist final, le film reste divertissant. Il nous fait réfléchir sur nos croyances et notre perception de la réalité, thèmes récurrents de son cinéma.
Théorie intéressante et je vais me permettre de l’étoffer un peu. (Si je peux).
Le fait que la petite Wuen soit affectée par cette marque au dessus de la lèvre supérieure me rappelle fortement le « doigt de l’ange », cette petite marque censée représenter le doigt mis sur la bouche de l’enfant avant la naissance et qui lui fait oublier ses anciennes vies (désolé je verse dans l’ésoterisme).
Wuen pourrait donc être un ange, qui le mène dans son après vie.
Je trouves que ça colle avec votre théorie, bien que pour moi elle représente plutôt « l’espoir » et la « raison du sacrifice » de l’humanité.
Notre descendance, seule capable de nous ouvrir les yeux sur ce qui est réellement en train de se passer sur terre.
Dans les deux cas, le fait de lui faire grimper l’échelle de la cabane n’est pas anodin.
Il s’élève en allant la voir.